Fermi Enrico
Publié le 01/04/2019
Extrait du document
Fermi Enrico Physicien italien naturalisé américain
* 29.9.1901, Rome
+ 28.11.1954, Chicago, Illinois
Les recherches de ce praticien polyvalent et remarquable technicien recouvrent principalement la physique de l'atome. Il découvre que le bombardement des noyaux d'atomes avec des neutrons produit une transformation du noyau et une réaction en chaîne ainsi qu'une très forte énergie. Ses découvertes font ainsi entrer le monde dans l'ère atomique. Dans l'espoir d'obtenir de nouveaux matériaux radioactifs artificiels, Fermi bombarde en 1934 de l'uranium avec des neutrons ralentis. Sans le savoir au préalable, il fait ainsi l'expérience de la fission de l'uranium, qu'Otto Hahn découvre en 1938. La réussite de cette expérience lui vaut le prix Nobel en 1938. La même année, il quitte l'Italie fasciste et émigre aux États-Unis. Il construit à Chicago le premier réacteur nucléaire, dans lequel se produit en 1942 la première réaction en chaîne contrôlée et autonome.
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Enrico Fermi et le premier réacteur nucléaire
Enrico Fermi réalise la première démonstration officielle du fonctionnement de la pile atomique en présence de l’industriel qui devra en assurer la production.
Prix Nobel de physique en 1938, Fermi quitta l’Italie au moment de la promulgation des lois
raciales — sa femme était juive.
Après la guerre, il demeura aux États-Unis, où il fut professeur à l’université de Chicago et directeur de l’Institut des études nucléaires.
Enrico Fermi et la pile atomique
Ils étaient une vingtaine, ce 2 décembre 1942, dans le gymnase de l’université de Chicago, lorsque Enrico Fermi mit en activité la première pile atomique expérimentale qui devait ouvrir la voie à l’ère de l’atome.
Outre des professeurs et
des étudiants, l’assemblée comptait un « profane », l’industriel Greenewalt, représentant de la société Du Pont De Nemours, qui devait se voir confier la production des piles indispensables à la fabrication de la bombe atomique.
C’est
d’ailleurs tout particulièrement pour lui que Fermi avait voulu conférer une dimension spectaculaire à son expérience : il s’agissait d’impliquer Greenewalt dans cette grande aventure.
C’est pour cette raison qu’une « scène » et des sièges
destinés aux « spectateurs » avaient été disposés dans un coin du gymnase.
La pile, constituée de cellules carrées de graphite renfermant les barreaux d’uranium, atteignait cinq mètres de hauteur ; il ne restait plus qu’à extraire les dernières barres de cadmium pour démarrer la phase critique : alors la pile
s’activerait et commencerait à fonctionner.
Le tic-tac affolé des compteurs Geiger-Müller allait annoncer le début de la réaction en chaîne.
Vers midi, Fermi retira doucement la dernière « barre de contrôle », mais dès que les compteurs se
mirent à détecter les premières particules chargées, il ordonna qu’on la remette à sa place et annonça qu’il était l’heure d’aller déjeuner.
Si tous avaient refait leurs calculs et conclu qu’il n’y aurait pas de surprise, on convenait qu’il valait
mieux agir calmement.
Après la pause, chacun retrouva sa place et l’expérience reprit.
À 15 h 20, Fermi se tourna vers les spectateurs et, s’adressant à Greenewalt, expliqua : « Nous allons à présent montrer comment se produit la réaction en chaîne.
Nous allons
retirer la barre.
Les compteurs commenceront alors immédiatement à enregistrer un nombre de plus en plus important de particules chargées, jusqu’à ce que je donne le signal de fin.
» Se tournant vers l’opérateur, il lui dit : « George, cette
fois-ci, c’est pour de bon.
Sors la barre de quelques centimètres.
» Le tic-tac des compteurs se fit entendre sur le champ, d’abord lentement, puis avec un rythme de plus en plus soutenu jusqu’à atteindre une vitesse frénétique.
Bien que
personne parmi les scientifiques présents ne fît montre de la moindre surprise pour ce qui était en train de se passer, une certaine tension se leva dans le laboratoire : on s’aventurait, somme toute, sur des terrains encore inexplorés.
Au
bout de vingt minutes, Fermi demanda à l’opérateur de réinsérer les barres, et toute l’assemblée fut soulagée quand les compteurs cessèrent leur tic-tac.
On se félicita et on expliqua à M.
Greenewalt que l’expérience était terminée.
Le
professeur Eugene Wigner, en provenance de Princeton, sortit une fiasque de Chianti et quelques gobelets en plastique : tout le monde but deux doigts de vin et signa la bouteille.
Tout de suite après, Arthur Compton, le directeur des
laboratoires de Chicago, téléphona à un collègue de l’université Harvard et lui dit : « Le navigateur italien est arrivé dans le Nouveau Monde.
» Bien que Compton ait inventé ce message codé sur le moment, son interlocuteur le comprit au
vol et demanda, anxieux : « Et les indigènes, comment ont-ils réagi ? » Compton répondit : « Ils ont été très cordiaux.
»
L’industriel Greenewalt salua l’assemblée et s’éloigna à bord de sa voiture.
Il déclara avoir été impressionné par l’habileté de Fermi ; le scientifique avait donc réussi à dramatiser un « spectacle » que le profane n’aurait pas pu comprendre
autrement.
Le reste du monde ignora d’abord qu’il était entré dans une ère nouvelle et les journaux continuèrent de parler de la guerre en Tunisie, de la bataille de Guadalcanal, des Allemands encerclés à Stalingrad : personne ne sut rien
de la grande victoire du « navigateur italien ».
Enrico Fermi avait quitté l’Italie quatre ans auparavant, dans l’indifférence générale.
Personne ne lui avait demandé d’abandonner l’université de Rome, mais, marié à une juive, il y avait été poussé par les lois raciales.
Une circonstance
heureuse lui permit de partir : l’invitation à se rendre à Stockholm pour retirer son prix Nobel de physique.
Personne ne savait qu’il avait décidé de ne pas retourner dans son pays, à l’exception d’une poignée d’amis intimes : à la gare, ils
n’y avaient qu’eux pour le saluer.
Source : Francini (Mario), Quante storie.
Fatti, fattacci e fatterelli di vita italiana giorno dopo giorno attraverso i secoli, Milano, Frassinelli, 1985.
Traduction par L&H Mendez France.
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