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Y a-t-il une vérité en politique ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

- Si après avoir édicté des lois écrites ou non écrites sur le juste et l'injuste, le beau et le laid, le bien et le mal, pour les troupeaux d'hommes qui se gouvernent dans leurs cités respectives conformément aux lois écrites, si, dis-je, celui qui a formulé ces lois avec art, ou tout autre pareil à lui se représente un jour, il lui serait interdit de les remplacer par d'autres t Est-ce qu'une telle interdiction ne paraîtrait pas réellement tout aussi ridicule dans ce cas que dans l'autre ? [...] Si un médecin qui entend bien son métier, au lieu d'user de persuasion, contraint son malade, enfant ou homme fait, ou femme, à suivre un meilleur traitement, en dépit des préceptes écrits, quel nom donnera-t-on à une telle violence ? Tout autre nom, n'est-ce pas ? que celui dont on appelle la faute contre l'art, l'erreur fatale à la santé. Et le patient ainsi traité aurait le droit de tout dire sur son cas, sauf qu'il a été soumis par les médecins qui lui ont fait violence à un traitement nuisible à sa santé et contraire à l'art. [...] Mais qu'est-ce que nous appelons erreur dans l'art politique ? N'est-ce pas la malhonnêteté, la méchanceté et l'injustice ? [.

 

Problématisation

 

Y a-t-il une vérité en politique ? Cette question est problématique dès lors que la vérité appelle l'idée d'universalité et de nécessité alors que la politique renvoie à la contingence, au particulier des affaires publiques. Aussi il semble que cette question est contradictoire, tout du moins problématique. Néanmoins dans les débats politiques on ne cesse d'entendre que tel ou tel parti défend la vérité. Mais y a-t-il réellement lieu de parler de vérité dans le domaine politique. Notre question : la politique peut-elle faire l'économie de la notion de vérité ?

 

Plan

 

I. Dans quelle mesure peut-on penser une vérité en politique ?

II. La politique en tant que dialogue est plus échange d'opinions, de vérités, que vérité au singulier

III. Cette impossibilité à penser UNE vérité en politique tient à la contingence propre aux affaires politiques

« malhonnêteté, la méchanceté et l'injustice ? [...] Or, quand on a été contraint de faire contre les lois écrites et l'usagetraditionnel des choses plus justes, meilleures et plus belles qu'auparavant, voyons, si l'on blâme cet usage de la force, nesera-t-on pas toujours, à moins qu'on ne veuille se rendre absolument ridicule, autorisé à tout dire plutôt que de prétendreque les victimes de ces violences ont subi des traitements honteux, injustes, mauvais ? [...] Mais faut-il dire que laviolence est juste, si son auteur est riche, et injuste s'il est pauvre ? Ne faut-il pas plutôt, lorsqu'un homme, qu'il ait ou n'aitpas persuadé les citoyens, qu'il soit riche ou qu'il soit pauvre, qu'il agisse suivant ou contre les lois écrites, fait des chosesutiles, voir en cela le critère le plus sûr d'une juste administration de l'État, critère d'après lequel l'homme sage et bonadministrera les affaires de ses sujets ? De même que le pilote, toujours attentif au bien du vaisseau et des matelots, sansécrire un code, mais en prenant son art pour loi, sauve ses compagnons de voyage, ainsi et de la même façon deshommes capables de gouverner d'après ce principe pourraient réaliser une constitution droite, en donnant à leur art uneforce supérieure à celle des lois.

Enfin, quoi qu'ils fassent, les chefs sensés ne commettent pas d'erreur, tant qu'ils observent cette grande et unique règle, de dispenser toujours avec intelligence et science aux membresde l'État la justice la plus parfaite, et, tant qu'ils sont capables de les sauver et de les rendre, autant quepossible, meilleurs qu'ils n'étaient. NB : On le note dans cet extrait Platon emploie le terme d'erreur quand les dirigeants ne dispensent pas la justice laplus parfaite.

Dispenser celle-ci revient à respecter une seule et unique règle – le principe de la politique est donc lesuivant : connaître la justice et ensuite la dispenser.

2.

Pour gouverner, il faut donc connaître la justice .

La politique étant affaire de connaissance, on peut donc penser une vérité en politique.

Le philosophe roi est celui qui connait la justice et sait la dispenser.

En effet ayant contemplé les idéesdans le lieu intelligible, il est le seul habilité à dispenser la justice ici-bas.

PLATON « Dans les autres cités, il est naturel que ceux qui sont devenus philosophes ne participent point aux travaux de la viepublique, puisqu'ils se sont formés eux-mêmes, malgré le gouvernement de ces cités ; or il est juste que celui qui se formesoi-même et ne doit sa nourriture à personne ne veuille en payer le prix à qui que ce soit.

Mais vous, nous vous avonsformés dans l'intérêt de l'État comme dans le vôtre pour être ce que sont les chefs et les rois dans les ruches : nous vousavons donné une éducation meilleure et plus parfaite que celle de ces philosophes-là, et nous vous avons rendus pluscapables d'allier le maniement des affaires à l'étude de la philosophie.

Il faut donc que vous descendiez, chacun à votretour, dans la commune demeure et que vous vous accoutumiez aux ténèbres qui y règnent : lorsque vous serez familiarisésavec elles vous y verrez mille fois mieux que les habitants de ce séjour, et vous connaîtrez la nature de chaque image, etde quel objet elle est l'image, parce que vous aurez contemplé en vérité le beau, le juste et le bien.

Ainsi le gouvernementde cette cité [...] sera une réalité et non pas un vain songe, comme celui des cités actuelles, où les chefs se battent pourdes ombres et se disputent l'autorité qu'ils regardent comme un grand bien.

Voici là-dessus quelle est la vérité : la cité oùceux qui doivent commander sont les moins empressés à rechercher le pouvoir, est la mieux gouvernée et la moins sujetteà la sédition, et celle où les chefs sont dans des dispositions contraires se trouve elle-même dans une situation contraire » Transition : Néanmoins l'ontologie sur laquelle repose cette conception de la politique comme application d'un savoir intelligible peut être remise en question.

La politique en tant que dialogue est plus échange d'opinions, de vérités, que vérité au singulier II. 1.

Critique de l'ontologie faisant de la politique une application d'un savoir supra-sensible Néanmoins l'ontologie sur laquelle repose cette conception de la politique comme application d'un savoir intelligible peutêtre remise en question ARISTOTE « La plus importante question à poser, ce serait de demander quel concours apportent les Idées aux êtres sensibles, qu'ils'agisse des êtres éternels ou des êtres générables et corruptibles.

En effet, elles ne sont pour ces êtres causes d'aucunmouvement, ni d'aucun changement.

Elles ne sont plus d'aucun secours pour la science des autres êtres (elles n'en sontpas, en effet, la substance, sinon elles seraient en eux), ni pour expliquer leur existence, car elles ne sont du moins pasimmanentes aux choses participantes; si elles étaient immanentes, peut-être sembleraient-elles causes des êtres, comme le. »

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