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Y a-t-il une différence entre sagesse et art de vivre ?

Publié le 02/03/2004

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Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation. » En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur. Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation. La mort étant la disparition des sensations, il ne peut y avoir aucune souffrance dans la mort. Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la pensée individuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus. » Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem. Et je sais que c'est ici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre. Mon bonheur dans la vie est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai. Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. La modération des désirs.


« exactement un peu en second) l'exigence de la dignité.

« Participer au bonheur » est au positif, « ne pas s'enrendre indigne » est au négatif ; ce qui souligne la fonction rectificatrice de la raison, sa fonction de limitationde l'excès du penchant, ce dernier ayant tendance à exercer sa poussée sans limite. La raison joue un rôle d'arbitre (ou de juge) entre ce qu'exige le penchant et ce qu'autorise la dignité.

Mais,s'interroge implicitement Kant , d'où vient la légitimité de la raison ? D'où vient que le juge juge selon ce qui est juste ? Qu'en est-il de ce qui permet la mesure de cette justesse ? (« la règle »).

Dans la mesure où Kant s'adresse à un enfant, se pose, de manière complémentaire, un problème qui ne se poserait pas pour un adulte : celui de lapremière fois, de l'initiation (problème qui est au coeur de la fonction d'éducation).

C'est la raison qui est à la fois lamesure de la règle, et celle à laquelle il convient d'avoir recours pour l'initiation : « C'est dans ta raison seulement que tu trouveras la règle & l'initiation. » La raison est à elle-même la source de ce qui est raisonnable (tout comme chez Spinoza la vérité est à elle-même son propre critère).

Autonomie donc de la raison qui ne trouve pas sa règle en dehors d'elle-même mais au contraireen elle-même.

Plénitude de la raison qui est d'emblée raisonnable : ce n'est pas parce qu'il s'agit de l'enfant que cedernier serait moins raisonnable que l'adulte.

L'enfant, en tant qu'être humain, n'est sous la dépendance depersonne, pas même d'un éducateur qui lui dicterait de l'extérieur ce qu'il conviendrait de penser ou de faire. Ce qui pose d'ailleurs, au passage, la question du statut d'un maître.

Le maître a une fonction d'éveil.

il estseulement questionneur : il demande à la raison de son élève ce qu'il veut lui enseigner (comme si la raison de l'unparlait à la raison de l'autre).

Et si jamais l'élève ne sait pas répondre immédiatement à la question, le maître ne faitque suggérer la réponse, en guidant, non pas la réponse, mais en guidant, pas à pas, la raison. Sur le modèle même de la raison (caractérisée par l'autonomie et la plénitude), le comportement pratique del'homme peut se référer, en tant qu'être raisonnable, à l'intériorité même de l'homme, cad à la raison elle-même.

D'oùle refus, exprimé par Kant , de toute règle qui viendrait du dehors, que ce soit de l'expérience, ou de l'enseignement « des autres ».

C'est ce recours à l'intériorité de la raison que protège l'élève des aléas de l'expérience, toujoursvariable, qui dit tantôt ceci ou cela, mais qui ne peut jamais répondre à la question, qui l'excède toujours, dupourquoi ceci ou cela.

C'est, de la part de Kant , une fois de plus, le rejet de l'empirisme , et la valorisation de la raison, à la fois une et universelle. Le juge que nous portons en nous –et qui dans ses jugements exprime le point de vue de la raison- à la fois instruit(il « enseigne ») et commande (il « ordonne »).

C'est dire que l'autonomie de la raison assure en même temps l'autonomie du sujet qui reconnaît sa loi.

Ce n'est pas quelque chose d'extérieur mais « la propre raison » de l'élève qui enseigne.

Ce n'est pas une contrainte extérieure qui commande, mais une fois encore la raison.

Autrement dit,c'est l'élève lui-même qui enseigne et s'ordonne , à la seule condition qu'il se rapporte aux lumières de la raison, qu'ilporte en lui. 3) En même temps, Kant souligne la simplicité d'une telle méthode.

En l'illustrant avec la question du mensonge. La question du maître à l'élève préfigure la question que l'élève se pose à lui-même (à sa raison) lorsqu'un caspratique à élucider se pose.

De même, lorsque l'élève répond au maître, c'est une simple mise en scèneformelle ; en réalité c'est l'élève qui se répond à lui-même.

A vrai dire, le maître et l'élève ne sont que desfigures différentes d'un même sujet qui s'assume dans la plénitude, et la justesse, de la raison. L'élève, comme le ferait de la même façon le maître, rend bien compte du caractère contradictoire de la situation dumensonge.

Dans tout mensonge, il y a une utilité (« l'avantage ») qui pousse l'homme à agir selon son penchant. Mais le penchant naturel, auquel on se laisse aller totalement, le penchant dans son excès même, pour satisfaire sapente égoïste, mène l'homme hors de l'homme, en lui faisant perdre sa noblesse (« mentir est avilissant »).

Il est donc souhaitable de limiter et de dominer ce penchant, condition non pas du bonheur, mais du respect que l'hommese doit à lui-même en tant qu'être humain (cad raisonnable). Un art de vivre peut donc être opposé à la sagesse.

Aussi, fait-il dire qu'il existe une grande différence entre lesdeux.

En effet, l'art de jouir de la vie implique souvent que l'on renonce à toute moralité dans nos actions. [Vivre en sage est un art qui exige une maîtrise de soi.

Un authentique art de vivre implique de mettre àdistance ses passions et ses intérêts les plus immédiats.

Cette maîtrise est justement ce qui définit au mieux la sagesse d'après les Anciens.] Toutefois, le plaisir (comme art de vivre) et le bonheur (comme sagesse) ne peuvent être absolument séparés.L'homme, en tant que vivant, est fortement incliné à poursuivre des buts premiers, ceux qui sont induits par soncorps : manger, boire, jouir de son corps sexué.

Tout le pousse à chercher son bien-être, à désirer ce qui le. »

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