Y a-t-il une définition scientifique de la vie ? du vivant ?
Publié le 30/08/2014
Extrait du document
«
part, les conditions de ce que nous exigeons, aujourd'hui, sous le nom de
connaissance strictement scientifique, ne sont pas encore clairement repé
rées.
Il est en conséquence concevable que la vie soit globalement considé
rée, relativement aux élements premiers (elle se réalise par un équilibre
entre le chaud et l'humide), mais aussi dans sa manifestation universelle,
qu'Aristote nomme le mouvement (terme qui désigne dans sa pensée
toutes les formes du devenir observables dans la réalité) : l'intelligence
humaine, qui élabore ce savoir, n'est pas séparée de son objet de
réflexion, car aucune distance n'est encore conçue comme nécessaire pour
constituer le discours de la connaissance.
[Il- Constitution de la connaissance]
Lorsque se met (lentement) en place une connaissance scientifique, la
position de l'esprit relativement à ce qu'il étudie se modifie : l'objet exté
rieur se distingue
du sujet connaissant, qui doit élaborer une approche
expérimentale de ce qu'il tente de connaître.
Dès lors, c'est le vivant,
comme animé par la vie ou la possédant, qui devient objet d'étude.
Mais cette connaissance expérimentale
du vivant, c'est-à-dire de l'or
ganisme, pose des problèmes particuliers, si on envisage l'expérience en
biologie (le terme s'impose en
1802) dans les mêmes termes que dans les
sciences de la matière inanimée.
Georges Canguilhem en isole quatre fon
damentaux, dus aux caractères propres
du vivant, qui sont :
- la spécificité, obligeant à ne généraliser les résultats d'une expérience
qu'avec la plus grande prudence, qu'il s'agisse de passer d'une espèce à
une autre, d'une variété à une voisine à l'intérieur d'une même espèce, ou,
pire, de l'animal à
l'homme;
-l'individualisation, qui entraîne la recherche d'homozygotes intégraux
entre lesquels soit possible la comparaison que vise l'expérience, mais qui
ouvre la possibilité d'artefacts;
- la totalité, qui, en raison de la polyvalence des organes, rend difficile
la comparaison entre organisme modifié (généralement beaucoup plus que
prévu) et organisme témoin ;
- l'irréversibilité, qui modifie un organisme dans le temps, et fait qu'une
connaissance acquise sur un état de son existence peut ne plus être valide
pour un état ultérieur.
De telles difficultés
ne concernent cependant qu'une connaissance en
quelque sorte
«limitée », puisqu'elle ne vise que le vivant, tel qu'il se
manifeste dans une espèce ou un individu, et que
1' on peut à ce titre
considérer comme un objet de connaissance analytique.
Or, « la vie » désigne le principe commun à tous les vivants, en tant
que tel impossible à objectiver et excédant toute considération sur un.
»
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