Y a-t-il un sens à parler d'une morale rationnelle ?
Publié le 14/05/2012
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Le fait moral, lui aussi, est èonnu par la raison et il se présente à la fois comme une donnée expérimentale, comme une chose qui est, et comme une donnée rationnelle, comme une chose qui doit être. Il suffit d'une connaissance superficielle de l'humanité et d'un rapide coup d'oeil en soi pour constater que l'homme porte sans cesse des jugements de valeur sur les actes humains et prononce de~ impératifs. Ces jugements de valeur et ces impératifs, nous les constatons d'abord comme des faits d'observation, comme des données de l'expérience : il est indiscutable qu'il n'est pas un homme réfléchi qui ne fasse aucune distinction entre les actions humaines; tous tiennent les unes pour bonnes et plus ou moins obligatoires, d'autres pour mauvaises et défendues.
«
Dans l'exemple qui précède, nous avons observé un rapport de fait
mais non un rapport de droit : nous avons vu deux événements coïncider,
mais nous n'avons pas vu qu'ils devaient coïncider; le rapport observé était réel, mais non nécessaire.
Des exemples innombrables de rapports nécessaires nous sont fournis par les mathématiques.
Ainsi lorsque je dis que 3 et 4 font 7, je ne me contente pas d 'afllrmer que, dans un cas par ticulier, en ajoutant trois objets à quatre autres, j'ai obtenu sept objets; je prétends que toujours et partout l'addition de 4 à 3 donne pour résultat 7.
Le rapport d'égalité entre 4 + 3 et 7 est un rapport nécessaire.
Ce rapport n'est pas perçu par les sens, qui ne voient que les cho~es égales : le rapport d'égalité et la nécessité de ce rapport sont perçus par la raison.
Le fait moral, lui aussi,
est èonnu par la raison et il se présente à la
fois comme une donnée expérimentale, comme une chose qui est, et comme
une donnée rationnelle, comme une chose qui doit être.
Il suffit d'une connaissance superficielle de l'humanité et d'un rapide
coup d'œil en soi pour constater que 1 'homme porte sans cesse des juge ments de valeur sur les actes humains et prononce de~ impératifs.
Ces jugements de valeur et ces impératifs, nous les constatons d'abord comme
des faits d'observation, comme des données de l'expérience : il est indis cutable qu'il n'est pas un homme réfléchi qui ne fasse aucune distinction entre les actions humaines; tous tiennent les unes pour bonnes et plus
ou moins obligatoires, d'autres pour mauvaises et défendues.
Mais le~ jugements de valeur que porte la conscience morale diffèrent
des antres jugements de valeur en ce qu'ils se présentent comme néces saires.
(Juand je considère le rutabaga comme uu piètre aliment, je me
contente, en somme, d'affirmer un goût personnel, et je conçois que d'autres puissent faire leurs délices de ce légume.
Au contraire, quand
ma conscience rn 'in ti me un ordre, je ne conçois pas qu ·un au Lre, duns
la même situation que moi, puisse ne pus se croire ohligé à observer la
conduite qui s'impose à moi.
Voilà comment des considérations purement rationnelles semblent, aux yeux de certains moralistes, fonder l'obligation morale.
Mais ces mora listes n'introduisent-ils pas subrepticement des forces ri 'un autre ordre?
* * *
Passons en revue quelques-unes de ces morales fondées sur la raison et ,·oyons si l'obligation de leurs préceptes ne dépend que de considérations
d'ordre rationnel.
Ponr certains, il semble suffire de constater le fait du jugement d 'obli
gatimJ pour constituer la morale.
Les morales, écrivait LÉvv-BRUHL (1), sont des cc données n.
C'est un fait que, pour toutes les consciences moycnnrs de notre civilisation, par exemple, certaines manières d'agir apparaisseut comme obligatoires, d'autres comme interdites, d'autres enfin comme
indifférentes.
« Il n'y a pas lieu d' « édicter n, au nom d'une théorie, les règle fi tl"' la morale pratique.
Ces règles ont la même réalité que les autres faits sociaux, réalité qui ne se laisst> pas impunément méconnaître.
" Aiu~i.
(1) La morale et la science des mœurs, p.
99..
»
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