Y a-t-il quelque chose qui puisse valoir qu'on lui sacrifie sa vie ?
Publié le 16/02/2004
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La vie humaine, du point de vue des principes moraux, est la valeur suprême. Elle est la source de toutes les autres valeurs. A-t-on le droit d'admettre des exceptions qui légitiment le don volontaire de sa vie ? Quel idéal peut mériter qu'on lui offre sa vie ? L'histoire ne nous montre-t-elle pas des homme sacrifiant leur vie pour un idéal de liberté et d'égalité ?
• Notez tout de suite le paradoxe : la vie, le bien le plus inestimable, mérite peut-être d'être offerte à un bien plus inestimable encore, que l'on n'atteint qu'en mourant. • Ici, il est donc question de conduite morale : ma conscience morale me demande d'oublier ma vie particulière pour une cause qui me dépasse et qui doit valoir plus que ma vie. • Y-a-t-il des causes qui valent qu'on pousse l'abnégation jusqu'à mourir pour elles ?
Introduction
- La vocation de l'homme est-elle de vivre ?
A-Le sacrifice peut être réclamé par la vie B - La vraie valeur transcende la vie
- Croire en des valeurs supérieures à la vie, c'est déjà renoncer à elle
A-L'idéal, symptôme d'une volonté de mort B - Le cas Socrate
- L'existence humaine peut donner sens et valeur à la mort
A - Vivre et exister B - La vie n'a de valeur que si elle a du sens Conclusion
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Introduction
Le sens des valeurs semble accompagner le phénomène de la vie.
Vivre, c'est distinguer pour choisir, écarter,préférer.
La vie n'est pas neutre.
Chaque être vivant discerne, à sa manière, le bon du mauvais, ce qui lui convientde ce qui lui est hostile.
Sans la vie, il n'y a plus de valeur et, en tant que source des valeurs, on doit reconnaîtreen elle la valeur suprême.
Mais alors comment comprendre que l'on puisse sacrifier sa vie ? L'homme n'a-t-îl commeseul horizon que de vivre ? N'aspire-t-il pas à quelque chose qui transcende sa condition naturelle, sa vie individuellecomme la vie en général ? Bref, y a-t-il un autre principe de valeur que la vie ?
1.
La vocation de l'homme est-elle de vivre ?
A.
Le sacrifice peut être réclamé par la vie
L'héroïsme du sacrifice de soi ne signifie pas forcément la reconnaissance de la part du héros d'un principe de valeursupérieur à la vie.
Pour un Grec de l'Antiquité, l'homme aspire par nature à vivre libre, indépendant.
Cette qualité de vie vaut au point qu'il est préférable de mourir plutôt que d'accepter, comme l'esclave, d'y renoncer pour vivre àtout prix.
Perdre la liberté, c'est déjà être mort à la vie d'homme.
Se battre jusqu'à la mort pour ne pas deveniresclave, c'est choisir de vivre en homme jusqu'au bout.
En ce sens, le sacrifice repose sur la reconnaissancetragique que la vie authentique (libre) n'est plus possible.
S'il faut mourir, ce n'est pas que quelque chose vaut plusque la vie mais que celle-ci a atteint son terme.
Il faut consentir à une mort qu'on ne recherchait pas.
B.
La vraie valeur transcende la vie
On peut cependant ne pas se satisfaire de cette conception qui revient à enfermer l'homme dans la sphère animalede la vie.
Les fins de l'homme sont-elles toujours déterminées par sa nature ? N'a-t-il pas le pouvoir de poser lui- même des fins, des valeurs bien plus universelles que celle de la vie ? Nos tendances naturelles nous font apprécier ceci ou cela, elles nous font aimer ou haïr des êtres ou des choses particulières et concrètes, variables selon lesindividus.
Pourtant nos valeurs morales ont quelque chose d'absolu qui ne souffre aucune exception : s'il faut êtrehonnête, ne pas mentir, ne pas voler, etc., ce n'est pas quand cela nous convient, dans telle ou telle circonstance,mais toujours et partout.
Les valeurs morales sont universelles et s'imposent à notre conscience sur le mode de devoirs inconditionnels.
Notre nature vivante, toujours individuelle et intéressée, ne paraît pas pouvoir en être la source.
Il faut donc supposer que la raison détient le pouvoir pratique de nous commander ce que nous devonsfaire.
L'homme serait double : à la fois être naturel aspirant à la vie heureuse et être rationnel ne voulant vivrequ'en conformité avec les devoirs universels que notre raison nous prescrit librement.
Dans cette perspective, laraison peut commander de préférer la mort plutôt que de choisir une vie immorale.
Se sacrifier par devoir, c'est bien renoncer à la vie au nom d'un idéal qu'on juge supérieur.
Il y aurait donc deux manières de se sacrifier : soit en vertu du constat tragique que la vraie vie n'est plus possible ; soit par choix de quelque chose qu'on juge supérieur à la vie.
Dans le premier cas c'est un échec, dans le second c'est une gloire.
Mais est-il raisonnablement possible d'admettre une instance supérieure à sa vie ou à la vie engénéral ?
2.
Croire en des valeurs supérieures à la vie, c'est déjà renoncer à elle
A.
L'idéal, symptôme d'une volonté de mort
La notion d'idéal représente en elle-même un dénigrement de la vie.
Qu'il s'agisse d'une valeur morale vers laquelle on s'efforce de tendre ou d'un être que nous admirons (Dieu, la Nature, telle personne...), l'idéal est par définitionun principe qui nous rabaisse et justifie qu'on s'en veuille d'être si bas.
Avoir des valeurs plus hautes que celle d'unevie heureuse, c'est témoigner d'une véritable haine de soi, autrement dit d'un retournement agressif de la vie contreelle-même.
C'est au nom de ces valeurs que certaines vies renoncent à la vie, aux libertés et aux plaisirs qu'ellepeut offrir.
Cet ascétisme qui peut être autant moral que religieux représente déjà une forme de sacrifice.
Ainsi, tout sacrifice accompli en vue d'un idéal supérieur à la vie s'inscrit finalement dans une logique suicidaire et destructrice : contrairement à ce que l'on prétend, on ne meurt pas pour l'idéal mais par refus de la vie.
C'est une haine de soi que l'on assouvit.
B.
Le cas Socrate.
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