Y a-t-il plusieurs sortes de langage ?
Publié le 15/04/2009
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le langage poétique comme langage spécifique A. dans le langage naturel, le signifiant est censé être remplacé par le signifié, il s'efface alors devant lui. Nous entendons les mots pour aller au sens, pour comprendre quelle est l'information apportée, et une fois cette information comprise, les signifiants sont dépassés. B. dans le langage poétique, il ne s'agit plus de transmettre une information, mais de jouer sur les mots, d'utiliser les langages non comme outils, mais comme matériaux dans lesquels on va inscrire l'oeuvre poétique. Ainsi le langage poétique accorde une grande place au signifiant, c'est-à-dire à la sonorité du mot, à son aspect sur la page. Ponge dans Proêmes, écrit dans « la promenade dans nos serres « que les mots sont comme « parterres de voyelles colorées « : ce qu'il montre par là, c'est la matérialité du mot, qui se donne à entendre, à voir. Ainsi la poésie ne se contente pas de jouer avec les mots, elle est une véritable réévaluation du langage, elle le détourne de son usage habituel, elle frôle parfois l'agrammaticalité, tel dans ce poème d'Henry Michaux « Le portrait de A. « où il est écrit « Et mystère son moi «. L'absence de verbe crée un effet de mystère, d'incomplétude qui exprime en abyme le mystère et l'incomplétude du personnage (appelé A.
Ce qu’on désigne par langage est à la fois une faculté et un système : c'est la faculté que possèdent les hommes d’exprimer leur pensée et de communiquer entre eux au moyen d’une langue, c'est-à-dire d’un système de signes conventionnels. Mais c'est à la fois le résultat de cette faculté, c'est-à-dire l’ensemble de symboles et de règles qui permettent de combiner ces symboles. Qu’il y ait une diversité de langues, nul n’en doute, mais cela veut-il dire pour autant qu’il y ait plusieurs langages ? La possibilité même de la traduction d’une langue à l’autre ne nous montre-t-elle pas que quelque chose leur est commun, que le système reste le même, bien que les symboles eux-mêmes varient ? Pourtant, il existe également ce qu’on appelle des langages formels : c'est le cas des mathématiques, mais aussi de la programmation informatique ou de la logique. Ces symboles formels ne sont-ils que la reformulation, l’abréviation et la précision de notre langue naturelle, ou constitue-t-ils un langage à part, c'est-à-dire un véritable système qui fonctionne différemment du notre ? A-t-on là affaire à une autre sorte de langage, ou seulement à une autre expression et manifestation du langage ? Il nous semble que la question de la diversité des sorte de langages se pose dès lors que l’on fait du langage (pris au sens de système) la manifestation du langage comme faculté : n’y a-t-il qu’une seule faculté, toujours la même, mais qui connaît des manifestations différentes, ou est-ce une faculté différente que nous utilisons lorsque nous parlons et lorsque nous faisons de la logique ? À partir de quel moment peut-on dire que deux langages sont véritablement différents ?
«
différent dans chaque langue).
Le signe lui-même renvoie à un référent : ce sera dans notre exemple la vacheréelle, qui est dans le pré.
A partir de ces analyses et de ce que nous avons dit des mathématiques, on pourraitavancer l'hypothèse que l'on peut dire que deux langages sont de deux sortes différentes lorsque le référent de l'unn'existe tout simplement pas dans le réseau référentiel de l'autre.
Et cette absence ne doit pas être accidentelle,car on ne saurait dire que certaines tribus indigènes, parce qu'elles ne connaissent pas le terme « internet »utilisent un langage différent du notre, il faut que l'absence soit essentielle, c'est-à-dire que le référent n'ait aucuneplace dans le langage en question, qu'on ne puisse ni même ne veuille l'y intégrer.
Car il serait par contre possibled'expliquer ce qu'est internet et de trouver un mot pour le désigner à une tribu indigène.
Transition : pourtant, par delà cette distinction formelle qui prend pour critère le référent et donc la cohérence interne et la fonction du langage, n'y a-t-il pas un autre type de distinction, moins évidente, justement parce qu'enprenant la même langue que la langue naturelle, elle constitue un langage à part ? Les langages ne différent-ils quepar leur symbolisme explicite ?
III.
le langage poétique comme langage spécifique A.
dans le langage naturel, le signifiant est censé être remplacé par le signifié, il s'efface alors devant lui.
Nousentendons les mots pour aller au sens, pour comprendre quelle est l'information apportée, et une fois cetteinformation comprise, les signifiants sont dépassés.
B.
dans le langage poétique, il ne s'agit plus de transmettre une information, mais de jouer sur les mots, d'utiliser leslangages non comme outils, mais comme matériaux dans lesquels on va inscrire l'œuvre poétique.
Ainsi le langagepoétique accorde une grande place au signifiant, c'est-à-dire à la sonorité du mot, à son aspect sur la page.
Pongedans P roêmes, écrit dans « la promenade dans nos serres » que les mots sont comme « parterres de voyelles colorées » : ce qu'il montre par là, c'est la matérialité du mot, qui se donne à entendre, à voir.
Ainsi la poésie ne secontente pas de jouer avec les mots, elle est une véritable réévaluation du langage, elle le détourne de son usagehabituel, elle frôle parfois l'agrammaticalité, tel dans ce poème d'Henry Michaux « Le portrait de A.
» où il est écrit« Et mystère son moi ».
L'absence de verbe crée un effet de mystère, d'incomplétude qui exprime en abyme lemystère et l'incomplétude du personnage (appelé A.) : le sens qui est ici exprimé ne l'est pas par les moyensconventionnels de l'utilisation du langage, mais par une subversion de celui-ci.
C.
le langage poétique est décrit par Valéry (dans Notes sur la poésie ) comme un pendule, c'est-à-dire comme un balancier qui va du son au sens : tantôt nous entendons et prenons en compte le son des mots indépendamment de leur sens, et tantôt, c'est l'inverse.
Le langage poétique, tout en utilisant la langue naturelle, l'utilise de manièretotalement différente, joue avec ses règles : ce que dit un poème perd à être traduit en langue naturelle, car alors,on perd justement cette propriété unique du langage poétique à subvertir le langage.
ConclusionSe demander s'il y a plusieurs sortes de langage, c'est s'interroger avant tout sur ce qui peut faire l'unité d'unlangage : nous avons à ce titre dégagé deux critères, celui de la logique interne et de la communauté de référent,et celui de la fin dans laquelle le langage est utilisé.
Le premier critère a été exemplifié par les mathématiques, lesecond par la poésie.
Mais tous deux renvoient à un même point : celui de la traductibilité.
C'est lorsque latraduction n'est pas possible que l'on peut distinguer un langage d'un autre.
Or, ce que nous avons vu, c'est quetrois types de langage au moins peuvent être mis en évidence : au côté du langage naturel, celui de la languequotidienne, on peut noter le langage formel qui a ses symboles propres et qui devient un langage à part dès lorsqu'il acquiert l'indépendance par rapport au langage ordinaire, et enfin le langage poétique, subversif, qui prendégalement son indépendance par rapport au langage naturel lorsqu'il crée sa propre grammaire, sa propre langue,son sens propre et intraduisible.
• On parle de langage animal, langage spécifiquement humain, langage artistique, langage mathématique, langage des liens de parenté, des rites ( « langage social »)...
Ces désignations sont-elles fondées uniquement (et indûment) sur des analogies ou sont-elles fondées sur desdifférences et points communs rigoureusement établis?
En ce dernier cas ne pourrait-on dire qu'il existe « plusieurs sortes de langage »?
• Langage animal et langage « spécifiquement humain »..
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