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Y a-t-il du nouveau dans l'histoire ?

Publié le 07/01/2006

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histoire
  Nous avons présupposé que l'on ne peut comparer les événements historiques qu'en les ramenant à un principe unique régissant le développement du cours de l'histoire. Mais si l'on se donne ainsi la possibilité de comparer les événements historiques, on présuppose que la nouveauté en histoire ne peut être que relative. De plus comment être sûr que l'historien n'absolutise pas un principe de développement des événements historiques qui serait en réalité à reconduire à sa propre singularité, c'est-à-dire à la situation déterminée qu'il occupe dans l'histoire ? Dans Une autre Philosophie de l'Histoire, Herder pense qu'il faut être attentif à la singularité de chaque époque, sans plaquer dessus les valeurs de l'époque présente. Chaque époque historique peut alors être envisagée comme actualisant certaines virtualités de l'humanité, et peut prétendre atteindre une perfection inhérente à son caractère propre. On peut alors penser qu'il y a une nouveauté absolu dans l'histoire au sens où chaque période historique ne se déduit pas de la précédente selon un principe de développement unique mais doit être envisagée comme une totalité close sur elle-même. Les civilisations historiques nous présentent ainsi des civilisations qu'il serait vain de comparer les unes aux autres, car uniques, et donc absolument nouvelles par rapport à celles qui les précédent, qu'il s'agisse des organisations sociales et politiques, des moeurs, arts, etc. Le problème est alors de savoir comment cette nouveauté est accessible à l'historien, s'il ne doit pas plaquer dessus ses propres valeurs.   III. Les faits historiques sont construits en fonction de l'intérêt des historiens d'une époque donnée, chaque nouvelle génération d'historiens produira donc du nouveau en histoire, à partir d'une lecture nouvelle des événements passés.

L’histoire désigne tout d’abord  la suite des événements qui ont marqué la succession des groupes humains, c'est-à-dire la transformation dans le temps des sociétés humaines, par une succession d’événements et d’états. En ce sens il semble évident qu’il y a du nouveau dans l’histoire, puisque par essence l’histoire est un processus contingent et unique qui par conséquent ne se répète pas à l’identique, car les circonstances d’un événement et ses acteurs sont des entités singulières. Chaque moment de l’histoire étant unique, il sera donc nouveau par rapport à celui qui le précède. Mais lorsque l’on envisage cette série d’événements dans sa continuité, on peut considérer qu’un même principe gouverne le déroulement des faits, de sorte que la nouveauté doit être relativisée, puisque chaque événement historique peut être ramené à un même principe. En ce sens les événement historiques peuvent être comparés à une suite arithmétique, dont chaque élément peut être déduit du précédent et ne constitue donc pas une réelle nouveauté. Mais l’on peut aussi considérer que cette rationalisation de l’histoire manque l’unicité de l’événement historique, par une incapacité de l’historien à se décentrer de son point de vue, à partir duquel il prétend dégager un principe unique de développement des faits historiques. Ce principe singulier serait alors injustement universalisé, et la conséquence serait un aveuglement à la nouveauté que représente chaque fait historique. Le fait de savoir s’il y a du nouveau en histoire doit donc nécessairement interroger le second sens de l’histoire, c'est-à-dire la discipline qui étudie la succession des événements. Or l’histoire comme discipline ne consiste pas à collecter des renseignements sur l’ensemble des faits d’une époque donnée, pour tente dans un deuxième temps d’interpréter ces faits. En effet pour savoir quels faits ont de l’importance, on a en fait déjà besoin d’une théorie qui fasse le tri entre les faits importants et ceux qui ne le sont pas. Dans cette mesure, les faits historiques sont construits, et l’on peut imaginer que chaque nouvelle époque d’historiens construira des nouveaux faits historiques, et produira donc du nouveau en histoire.

 

histoire

« L'homme en tant qu'homme est libre », et que, d'autre part, cette connaissance se concrétise dans le monde, sedonne la forme politique qui lui correspond.

Ainsi Hegel propose-t-il une périodisation de l'histoire humaine, où l'Idéede liberté, présente dès le départ, se déploie, s'éprouve et se réalise.« Les Orientaux ne savent pas encore que l'esprit ou l'homme en tant que tel est en soi libre ; parce qu'ils ne lesavent pas, ils ne le sont pas ; ils savent uniquement qu'un seul est libre […] Cet unique n'est donc qu'un despoteet non un homme libre.

»Cela signifie d'une part que l'Idée de liberté, même sous forme unilatérale et frustre (un seul est libre), est présentedès le départ, mais, de plus, que la conscience détermine l'être : ne pas se savoir libre, c'est ne pas pouvoir l'être,et qu'enfin à toute conscience de la liberté correspond une forme politique adéquate, ici le despotisme.Selon le déploiement de la conscience de la liberté, chez un autre peuple se manifestera une phase plus haut, plusdéveloppée de l'Idée de liberté.« Chez les Grecs s'est d'abord levée la conscience de la liberté, c'est pourquoi ils furent libres, mais eux, aussi bienque les Romains, savaient seulement que quelques-uns sont libres, non l'homme en tant que tel.

Cela même Platon &Aristote ne le savaient pas ; c'est pourquoi […] les Grecs ont eu des esclaves desquels dépendaient leur vie maisleur belle liberté.

»Cette phrase implique d'autres conséquences, aussi essentielles.

La philosophie est fille de son temps.

Ainsi mêmedes philosophes aussi prestigieux que Platon et Aristote ne pouvaient « sauter par-dessus leur temps » etcomprendre que l'homme en tant qu'homme est libre.La philosophie ne fait que tirer au clair, rationaliser, comprendre la nécessité et les failles de ce qui est.

On nesaurait condamner plus fermement le mépris du présent et les créations d'Utopie.

mais on commence aussi àcomprendre ce qui fait passer d'une phrase à une autre de l'histoire : c'est la contradiction qui se manifeste dans laconscience que les hommes ont de la liberté, et par suite, dans la forme étatique qui en résulte.

Ainsi la belle libertégrecque, cette forme unique qu'est la « polis » se voit dépendante des esclaves, c'est-à-dire de son contraire : laservilité.En fin c'est dans le christianisme qu'émerge la conscience que « l'homme en tant qu'homme est libre, que la libertéuniverselle constitue sa nature propre ».

Cependant cette connaissance reste d'abord confinée dans la sphèreintime de la religion (par exemple l'esclavage ne disparaît pas).

La tâche politique moderne est de transformer cetteconscience en réalité, c'est-à-dire de la prendre pour fondement de l'ordre juridique et étatique (comme laRévolution française a tenté de le faire, en ^laçant la liberté et l'égalité pour fondements de son régime).

Ainsi, «Cette application du principe aux affaires du monde, la transformation et la pénétration par lui de la condition dumonde, voilà le long processus qui constitue l'histoire elle-même.

» On comprend dès lors, en partie, pourquoi « L'histoire présente le développement de la conscience qu'a l'esprit, etde la réalisation produite par une telle conscience.

»On peut déduire de tout cela deux points centraux.• D'abord, la philosophie de Hegel est idéaliste.

Non pas au sens trivial (selon lequel serait idéaliste celui qui auraitdes idéaux) ; bien au contraire, cet idéalisme est méprisé et dénigré par Hegel.

Mais au sens vrai : c'est laconscience qui est première et qui détermine l'être.

L'idée de liberté est première et la tâche historique est d'abordle déploiement de sa forme initiale et unilatérale jusqu'à sa vérité, ensuite sa réalisation concrète dans le monde.• D'autre part, la conception hégélienne de l'histoire est tragique.

En ce sens d'abord que l'adaptation du principe aumonde, de la conscience de la liberté à la réalité concrète, qui est par essence la tâche historique « exige un long &pénible effort d'éducation ».« L'histoire universelle n'est pas le lieu de la félicité.

Les périodes de bonheur y sont des pages blanches : car cesont des périodes de concorde auxquelles font défaut l'opposition.

» Si Kant, en effet, accordait une certaine positivité au conflit social, comme moteur de l'évolution, Hegel va plus loin,en légitimant en quelque sorte la violence révolutionnaire.

C'est en effet par la violence que l'on passe d'un stadedéterminé de la conscience de la liberté et de la forme d'État qui lui correspond à un stade plus développé.

Orchaque peuple incarne un moment de ce processus : « L'esprit d'un peuple est un esprit déterminé […] selon ledegré historique de son développement.

»La violence peut prendre la forme d'une guerre pour l'hégémonie : « L'idée générale, la catégorie qui se présented'abord dans ce changement sans trêve des individus et des peuples qui existent un temps puis disparaissent, c'esten général la transformation.

La vue des ruines d'une magnificence antérieure, nous conduit à saisir cettetransformation par son côté négatif.

[…] Or la conséquent la plus prochaine qui se rattache à la transformation,c'est que celle-ci qui est ruine, est aussi naissance d'une vie nouvelle.

»La transformation, les grandes périodes de l'histoire sont les moments où le monde existant et reconnu est mort,miné par de nouvelles possibilités, par l'exigence de donner forme au nouveau stade de l'Idée de liberté.

Or la forcede casser les vieilles structures et de fonder les nouvelles, Hegel l'assigne aux grands hommes de l'histoire(Alexandre, César, Napoléon).Ce sont des héros dans la mesure où leurs passions personnelles coïncident avec l'exigence du temps, et leurdonnent la capacité de passer par-dessus les lois et la morale reconnues pour « accoucher » l'histoire de sanouvelle forme.La ruse de la raison, la ruse de l'histoire consistent en ce que les hommes croient réaliser leur ambition et mettenten réalité au jour ce qu'exigeait l'époque : « Il résulte de l'action des hommes en général encore autre chose que cequ'ils projettent et atteignent, que ce qu'ils savent et veulent immédiatement ; ils réalisent leurs intérêts, mais il seproduit avec cela quelqu'autre chose qui y est caché à l'intérieur, dont leur conscience ne se rendait pas compte,et qui n'était pas dans leurs vues.

»Les passions humaines, les buts particuliers des hommes ne servent qu'à réaliser la progression de l'Idée de liberté,et la connexion du stade déterminé de la conscience de la liberté et des aspirations humaines se manifeste au sein. »

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