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Y a-t-il du hasard dans les sciences ?

Publié le 11/03/2006

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Cette « incertitude « ne fait pas obstacle au déterminisme macrophysique parce qu'elle est à cette échelle « noyé dans la statistique «, parce que la macrophysique opère sur des phénomènes qui mettent en cause des milliards de photons ou d'électrons. Mais le microphysicien est incapable de déterminer la trajectoire des corpuscules individuels. Il ne peut préciser la position qu'en augmentant l'imprécision sur la quantité de mouvement et réciproquement. Eclairer l'électron c'est troubler son mouvement en le bombardant avec des photons. La position du corpuscule sera d'autant mieux précisée que la radiation lumineuse exploratrice aura une longueur d'onde plus courte, mais du même coup la fréquence est augmentée, donc l'énergie et la quantité de mouvement transmise au corpuscule étudié. Le fait même de l'observation fait échec à l'observation du fait.        

Mais si la position ou la vitesse d'un corpuscule ne sont pas exactement déterminables dans l'état actuel de la science, cela ne veut pas dire qu'elles soient indéterminées en elles-mêmes. Le fait qu'on ne puisse fixer à la fois la position d'un corpuscule et sa vitesse ne nous autorise pas à dire qu'il n'y a pas de causes qui déterminent cette position et cette vitesse. On nous rétorquera qu'en l'absence de toute possibilité de vérification scientifique le déterminisme devient au même titre que l'indéterminisme une simple hypothèse   métaphysique. Mais le principe du déterminisme nous paraît au contraire lié à l'esprit scientifique qui ne saurait renoncer, sans se détruire lui-même, à affirmer qu'il existe des conditions nécessaires, des « raisons suffisantes « à l'apparition des phénomènes.

Un cône posé en équilibre sur sa pointe tombe d'un côté ou d'un autre au hasard. Cela signifie simplement que nous n'avons pas d'instrument assez puissant pour déterminer la direction de cette chute. On n'appelle hasard, ce que nous ignorons pour le moment. Au fur et à mesure que votre connaissance avance, le hasard recule.

MAIS...

Le hasard existe réellement. ses conséquences pratiques sont en général négligrables. Mais son existence théorique est une donnée fondamentale pour les savants contemporains et les philosophes.

« SUJET : LA RAISON PEUT-ELLE ACCEPTER LE HASARD ? Lire la dissertation La raison humaine déteste l'incertitude.

Nous ne cessons de vouloir prédire avec certitude ce qui se produira, connaître à l'avance ce que sera l'issue d'une de nos initiatives ou le terme d'une entreprise dans laquelle nous sommes impliqués.

Parce que nous nous sommes convaincus que, dans le réel, « rien n'est raison », selon la formule donnée par Leibniz au principe de raison, voire, selon la fameuse proclamation hégélienne, que « le réel est rationnel et le rationnel réel », attribuer au hasard ou à la contingence pure le fait que les choses se passent ainsi plutôt qu'autrement nous apparaît toujours plus ou moins comme une défaite de notre volonté de maîtriser, voire de posséder une nature dont nous souhaiterions qu'aucune dimension ne nous échappe. D'un événement et, plus généralement, d'un phénomène, nous disons en effet qu'ils se produisent par hasard quand leur surgissement apparaît fortuit ou aléatoire : ils surviennent sans pouvoir être expliqués par des phénomènes ou événements antérieurs.

Tout se passe alors comme si ces événements ou ces phénomènes qui précèdent celui dont nous allons imputer la naissance au hasard ne nous semblaient pas rendre leur réalisation nécessaire, ou du moins ne pas en déterminer nécessairement toutes les caractéristiques.

En sorte qu'une telle imputation, qui n'en est pas une (puisque le hasard désigne ainsi plutôt l'absence d'une cause qu'une cause quelconque), nous confronte aux limites de notre savoir en même temps qu'à celles de notre pouvoir.

Ce pourquoi aussi bien les sciences que la philosophie ont eu tant de mal à ne pas faire du hasard leur ennemi pur et simple. Bien avant même le mot de Hegel proclamant à propos du hasard qu'en philosophie, en l'occurrence lorsque nous abordons l'histoire, « cela ne nous regarde pas », Aristote avait déjà rejeté le hasard de l'interrogation philosophique sur l'être en le désignant comme « tout proche du non-être ».

Quant à l'approche scientifique du réel, elle s'est au fond construite sur la conviction cartésienne qu'une intelligence se servant de la méthode requise pour bien conduire sa raison dans les sciences n'aurait jamais affaire à quoi que ce soit d'incertain et n'attribuerait jamais au hasard ce qui relève en fait des seuls mouvements des corps dans l'espace et de la combinaison de ces mouvements : le passage d'une physique des mouvements à une physique des forces ne semblait pas par lui- même devoir remettre en cause une telle foi dans le déterminisme. Peut-on pourtant aussi radicalement mettre le hasard au ban de la raison ? Deux motifs au moins nous incitent à ne pas refermer aussi vite le dossier et à instruire plus attentivement la question du hasard. D'une part, la raison ne se borne pas à dire ce qui est, elle entend aussi, comme raison pratique, prescrire à notre liberté ce qu'elle doit faire.

Or quel sens, ainsi que le demandait déjà Kant dans la Critique de la raison pratique, aurait le moindre appel à notre liberté de décider de nos actes si nous pouvions prédire la conduite future d'un homme avec la même certitude qui nous permet de prévoir une éclipse de Lune ou de 1. »

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