Y a-t-il des limites à la connaissance scientifique du réel ?
Publié le 09/12/2004
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La science a pour finalité de nous faire connaître le monde qui nous entoure, autrement dit de nous faire accéder à la maîtrise de l’essence du réel, de ce qui existe. Le problème de l’étendue de la science, et en filigrane de ses limites, comporte deux axes : le premier relatif au pouvoir de l’entendement humain et le second relatif à la nature même de ce que nous appelons « réel «. Notre esprit fini, et donc imparfait, peut expliquer le caractère impossible d’une connaissance totale du réel pour l’homme. Cependant la nature de l’objet à connaître peut être à l’origine de cette incapacité, nous pensons notamment à l’inconnaissable (Dieu, l’infini,…). Le sujet suppose donc d’interroger les deux notions en présence que sont la connaissance et la réalité. Leurs définitions sont multiples et doivent donc être examinées. Un autre paramètre doit lui aussi attirer notre attention : le temps. La connaissance scientifique s’inscrit dans un contexte historique donné. Or celui-ci étant amené à évoluer quelles sont les répercussions sur la connaissance et sur son objet, la réalité ?
«
à la connaissance humaine.
Le réel serait inconnaissable nous n'aurions accès qu'à phénomènes (Kant) ou descopies (Platon).
La distinction kantienne entre phénomènes et noumènes (ou choses en soi) est particulièrementutile en tant qu'elle limite le pouvoir de notre entendement, les concepts qui en sont issus ne devant pas êtreutilisés au-delà de l'expérience sensible.
« Ainsi notre déduction critique n'exclut-elle en aucune façon de telsêtres ; bien plutôt elle limite les principes de l'Esthétique en telle sorte qu'ils n'aillent pas s'étendre à toutes choses,ce qui aurait pour résultat de tout transformer en simple phénomène, mais qu'ils soient seulement valables pour lesobjets d'une expérience possible.
Nous admettons donc par là des êtres d'entendement pur, mais en insistant surcette règle qui ne souffre absolument aucune exception : nous ne savons, ni ne pouvons savoir absolument rien dedéterminé sur ces êtres d'entendement pur, parce que nos concepts purs de l'entendement, aussi bien que cesintuitions pures, ne concernent que des objets d'expérience possible, donc uniquement des êtres sensibles et parceque, sitôt qu'on s'en écarte, ces concepts ne conservent plus la moindre signification.
» ( Prolégomènes à toute métaphysique future , §32).
Le premier écueil est lié à cette définition du réel qui l'identifie à une réalité en soi inconnaissable pour l'homme.
Si nous adoptons une autre définition de la réalité qui la restreint au domaine de l'expérience, aux faits, nous sommes confrontés à un deuxième écueil.
En effet, les faits étant par nature contingents, changeantperpétuellement, comment peut-on les connaître ? Selon la définition aristotélicienne de la connaissance, il n'y aconnaissance que de l'universel et du nécessaire.
Si les faits sont accessibles à l'homme, leur caractère contingentremet en cause la possibilité pour eux d'être l'objet d'une connaissance scientifique.
Cette deuxième partie a mis en lumière deux choses : la difficulté inhérente à la définition de la réalité et les conséquences de cette difficulté pour la connaissance humaine.
Il s'agit à présent de repenser la connaissancescientifique et la réalité pour résoudre cette impasse.
Troisième partie : Les progrès de la connaissance scientifique et l'affinement de la notion de réalité.
Jusqu'à maintenant nous avons examiné la connaissance et la réalité comme étant des notions extérieures l'une à l'autre.
La réalité qui est l'objet de la science n'est pas indépendante de celle-ci dans la mesure où la scienceconstruit la réalité qu'elle prend pour objet.
Le scientifique ne se retrouve pas face à un objet donné, le réel.
L'objetdu scientifique est élaboré par lui.
C'est pourquoi Bachelard en vient à l'affirmation suivante : « La science réaliseses objets, sans jamais les trouver tout faits » ( La Formation de l'esprit scientifique ).
Suivant sa discipline de prédilection le scientifique ne verra pas un être de la même manière.
La pensée scientifique moderne considère primordiale la délimitation précise de ses objets.
« Un savant moderne cherche plutôt à limiter son domaine expérimental qu'à multiplier les instances.
[…] La pensée scientifiquemoderne s'acharne à préciser, à limiter, à purifier les substances et leurs phénomènes.
» ( Id.) Les progrès de la connaissance scientifique vont de pair avec la complexification de la réalité, ce qui rend cette précisionindispensable, sans quoi la probabilité de faire des erreurs s'accroît.
La définition du réel évolue en fonction des progrès de la science, puisqu'il est construit par elle.
Les limites de la connaissance, elles aussi, évoluent, elles tendent à se déplacer.
Loin d'être un défaut, elles dynamisent lascience et rend possible son progrès.
« Ce qui limite une connaissance est souvent plus important, pour les progrèsde la pensée, que ce qui étend vaguement la connaissance.
» ( Id.) La pensée scientifique s'affirme toujours contre une pensée antérieure.
C'est le caractère limité d'un paradigme, le fait qu'il ne réponde pas à tel problème, qui rendpossible le passage à un autre paradigme plus performant.
Les calculs newtoniens, par exemple, concernant lepérihélie de Mercure ne correspondaient pas à ce qui était observé et cette faille était une limite à la théorienewtonienne que celui-ci a eu le réflexe naturel d'occulter.
C'est pourtant la prise en considération de cette faillequi a invité les scientifiques à réinterroger la physique newtonienne et a permis à la théorie de relativité d'Einsteinde se déployer.
Conclusion.
»
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