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« Y a-t-il des inégalités justes ? »

Publié le 17/04/2011

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   Tout d’abord, nous pouvons observer que le sujet exige que l’on détermine ou non l’existence d’inégalités justes (« y’a-t-il… ? «). Il ne s’agit pas de savoir si toutes les inégalités sont justes, mais si certaines le sont. Le sujet présuppose par ailleurs l’existence d’inégalités. Voyons en quoi l’association de ces deux termes fait problème. En effet, ils renvoient aux concepts d’égalité et de justice. Or équivalent nous vient automatiquement à l’esprit pour le terme inégalité ? Ce qui n’est pas juste, évidemment. L’égalité est le fondement même de la justice : chacun doit pouvoir exercer sa liberté au même niveau (donc sans entacher sur celle des autres) et bénéficier des mêmes droits, tout en obéissant aux mêmes devoirs. Les inégalités justes seraient donc celles qui n’entraveraient pas la liberté d’un individu-tant qu’il ne nuit pas aux autres. Rappelons tout de même que si la justice semble être un principe moral universel, elle peut tout de même varier selon les cultures et les religions. Il nous faut par ailleurs distinguer différence d’inégalité : les différences font notre particularité, tandis que les inégalités nous handicapent. Par ailleurs nous pouvons ajouter que l’on dit qu’une chose est injuste si elle n’est pas méritée. Il y aurait donc une idée de mérite derrière le concept de justice. Cicéron parle même de benefisciencia, c’est-à-dire rendre à chacun ce qui lui est dû. Ajoutons par ailleurs, que les inégalités proviennent du contact entre les hommes, car il ne peut y avoir d’inégalités qu’entre au moins deux individus.


« inégalités naturelles.Parlons plus précisément des capacités physiques.

Comme nous l'avons vu, certains ont des facultés physiques plusdéveloppées que d'autres.

Ici, les différences physiques sont des inégalités.

Voyons donc en quoi elles représententune forme d'injustice.

Certains étant naturellement physiquement plus forts que d'autres, ils bénéficient d'unecertaine supériorité vis-à-vis des plus faibles.

C'est ce que Rousseau appelle dans le Contrat Social : « loi du plusfort ».

Ils disposent alors d'un certain confort et de plus grandes libertés au détriment des autres, uniquement parcequ'ils sont nés avec les bonnes facultés.

Les inégalités se creusent encore plus : les plus forts deviennent encoreplus forts, tandis que les plus faibles deviennent encore plus défavorisés.

Ces inégalités physiques sont doncproprement injustes.

Il en va de même des inégalités psychologiques : un individu peut être condamné dès sanaissance (pour toutes sortes de déficiences ou d'handicap mentaux).

Ce en quoi cela est injuste, c'est quel'individu n'est pas condamné ou récompensé pour son mérite.

Il est déterminé en quelque sorte dès sa naissance,et cette détermination peut influer sur l'exercice de sa liberté.Les inégalités naturelles ne sont donc pas justes d'un point de vue moral.

Mais si elles ne le sont pas, toutes lesinégalités ne sont pas pour autant injustes, car il en existe d'autres types.

En effet, qu'en est-il des inégalitéssociales et économiques ? Interrogeons-nous désormais sur les inégalités sociales et économiques.En effet, si les individus ne choisissent pas avec quels corps et quelles capacités ils naissent, ils ne choisissent pasnon plus le contexte dans lequel ils vont passer leurs premières années.

Car bien évidemment, chacun ne nait pasdans le même univers social, ce qui créé d'autres inégalités encore que les inégalités naturelles.

Platon dans LaRépublique, décrit la Cité idéale, et estime que pour supprimer toutes ces « inégalités de naissance », il faudraitélever tous les enfants en commun en leur cachant leurs origines.

L'idéal de justice de Platon nous montre bien qu'ilconsidérait ces inégalités comme injustes.

En effet, aujourd'hui encore, la situation sociale et économique de safamille influe beaucoup sur la vie d'un enfant, et là encore c'est un facteur déterminant.

Une famille ayant moins derevenus aura beaucoup plus de difficultés à payer des études longues à un enfant, celui-ci sera donc pénalisé paravance avant même d'avoir pu faire ses preuves.

Cela n'est pas juste.

Un autre exemple, mais culturel –ou plutôtreligieux- cette fois : un enfant ne choisit pas de naitre dans une famille chrétienne ou musulmane ou d'une autrereligion encore.

Et pourtant cette religion ne cessera de l'entourer, de l'influencer, peut-être même qu'elle lui seraimposée.

Ce type d'inégalité-là non plus n'est pas juste.

Encore un autre exemple d'inégalité injuste : un enfant nechoisit pas de naître dans un pays en guerre, ou il aura beaucoup plus de chance de mourir ou de grandir dans desconditions difficiles qu'un autre enfant nés dans un contexte de paix.De plus, comme nous en parlions plus haut, il existe des inégalités entre les sexes.

Elles ne sont pas seulementphysiques : en moyenne, le salaire des femmes est nettement moins élevé que celui des hommes.Les inégalités telles que nous les avons vues jusqu'ici, quelles soit sociales, économiques, politiques, culturelles,sexuelles…sont toutes injustes car elles condamnent l'individu selon de mauvais critères, ne lui laissant pas lacapacité d'être jugé pour son mérite. Etudions, pour finir, les inégalités juridiques, c'est-à-dire les inégalités dues à la loi.Contrairement aux inégalités naturelles et sociales, la loi est instituée selon des normes de justice et dans l'intérêtde la majorité.

La loi est impersonnelle, c'est-à-dire qu'elle s'applique à tous – mais ce n'est pas pour autant qu'elles'applique de la même manière pour tous.

Elle ne s'applique pas à des personnalités (au sens de caractèrespersonnels) mais à des statuts (elle obéit à la volonté générale et pas à des intérêts particuliers).

En cela, la loi metfin au «droit du plus fort».

Comme le dit Rousseau dans le Contrat Social : « on n'obéit à la loi que pour n'obéir àpersonne ».Si la loi est parfois inégale, le plus intéressant et de voir que cela peut pourtant établir une certaine égalité.

Carc'est l'un des rôles de la loi : réguler les inégalités.

Par exemple, les plus défavorisés paieront une somme d'impôtsmoins élevée que les classes sociales plus aisées.

Il y avait inégalité économique au départ, la loi est inégale et lerésultat est juste.

« L'égalité des chances » n'étant pas réalisable, la loi ne peut que « panser » les inégalités.

Il estdonc nécessaire que la loi ne s'applique pas de la même manière à tous.

Nécessaire qu'elle soit inégale.

Mais elle nepeut que compenser les inégalités naturelles et sociales, qui comme nous l'avons vu, sont injustes pour la plupart.Car traiter tout le monde de manière égale, dans certains domaines notamment dans le domaine économique etsocial, ne ferait que perpétuer les inégalités déjà existantes.La loi doit-elle pour autant faire totalement abstraction de la personne, de l'individu en lui-même ? Car là oùl'inégalité serait juste, c'est si la loi récompensait les individus selon leur mérite.

Il y aurait alors des inégalités, maisdont les individus seraient responsables.

La volonté serait gratifiée grâce à une sorte d'équité. Nous avons donc vu qu'il existe certaines inégalités justes : celles qui tendent à rétablir une certaine égalité entreles hommes.

En effet, ceux-ci sont déterminés par de nombreux facteurs avant même d'avoir pu faire leurs preuves: facteurs naturels (physiques et mentaux), facteurs socio-culturels et facteurs économiques.

Les inégalités justes,elles, proviennent de la loi (ce n'est pas pour autant que toute inégalité suscitée par la loi doit être considéréecomme juste).

Cependant, il en existe encore trop peu pour compenser toutes les inégalités injustes etdéterminantes entre les individus.. »

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