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Y a-t-il des fondements naturels de l'ordre social ? (Pistes de réflexion seulement)

Publié le 24/03/2004

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sur l'état de la société en général, et sur l'infinie diversité des moeurs et des coutumes, quand on nous laisse en tête à tête avec cette proposition ? Les besoins organiques de l'homme... poursuivent les impératifs fondamentaux qui conduisent au développement de la vie sociale ? Faudra-t-il traiter avec loyauté le fait que certaines tribus pratiquent la liberté, d'autres la chasteté prénuptiales, sous prétexte que ces coutumes se ramènent à une seule fonction, qui est d'assurer la permanence du mariage ? » Instincts et Institutions, texte n° 6, Classiques Hachette. lecture Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité. plan indicatif 1. Remarquer le caractère paradoxal de l'énoncé : « fondements naturels de l'ordre social », ainsi que le fait qu'on puisse envisager plusieurs fondements. Tenter de donner sens à ce qui apparaît, pour le moins, comme paradoxal. 2.

« a.

Citons : « […] La politique, telle qu'elle a été créée par les Grecs, a été la mise en question explicite de l'institution établie de la société – ce qui présupposait […] qu'au moins de grandes parties de cette institution n'ontrien de « sacré » ni de « naturel », mais qu'elles relèvent du nomos (de lois, non de la nature).

» (C.

Castoriadis, inLe monde morcelé , le Seuil, 1990, p.

125 et 126).

On comprend par là que depuis l'Antiquité grecque, la politique (la gestion de la cité, donc d'un ordre social) est une histoire humaine.

Quant à savoir si cette histoire« institutionnelle » prend sa source en l'homme, en tant qu'il est par nature sociale, c'est bien ce qu'affirmeraAristote .

Pour les Grecs, ce que nous concevons sous les termes de société et d'Etat se confond dans l'unité de la Cité (polis), communauté politique où l'animal humain, doué de raison, déploie ses aptitudes en vue du bonheur.

Lacité est donc le mode spécifique du vivre-ensemble humain, et Aristote la qualifie à ce titre de « naturelle ».

Lacondition sociale est une détermination que l'homme partage avec les animaux ; ensuite que la société n'est pasplus le fruit d'une convention que la famille et le village, et qu'elle se constitue comme prolongement et commeachèvement de ceux-ci : il y a bien une naturalité génétique de la cité.

Mais la cité est naturelle aussi en tant quemilieu d'accomplissement de la nature humaine.

Les hommes ont besoin d'elle pour satisfaire leurs besoins et vivreheureux.

En effet, le bonheur se construit à travers la production, l'action ou la contemplation menée de façonexcellente, c'est-à-dire rationnelle.

Et la coordination consciente de ces différentes sphères d'activité est l'objetmême de la communauté politique.

La destination de l'homme est donc naturellement la cité : « L'homme est parnature un animal politique ».

Celui qui pense pouvoir être en retrait d'une communauté est « soit une bête soit undieu ».

(cf.

Politique , Livre I).

L'homme tend donc par nature vers une communauté.

Hannah Arendt critiquera cette conception de l'homme politique par nature.

Elle affirmera que la politique n'est pas un attribut inhérent àchaque homme, mais qu'elle naît « dans l'espace qui est entre les hommes, donc dans quelque chose defondamentalement extérieur à l'homme » ( Qu'est-ce que la politique ? point, p.

43).

Hobbes déjà avait bien vu ce point crucial. II.

Vers un fondement rationnel, « contractuel », de l'Etat : Hobbes a.

Hobbes est à juste titre considéré comme l'un des premiers penseurs de l'État moderne ; son ambition fut d'élaborer une théorie rationnelle du pouvoir.

Bien avant Rousseau, Hobbes montre que l'Etat trouve sa légitimitédans la notion de contrat social que retiendra la philosophie politique moderne.

Il fait passer la souveraineté(absolue), critère essentiel de l'Etat, du prince au peuple.

Hobbes est un des premiers philosophes à introduire l'idéed'un état de nature.

Il s'oppose à la tradition aristotélicienne selon laquelle l'homme est un animal naturellementsocial.

Pour l'auteur du Léviathan , l'homme est sociable non par nature, mais par accident.

L'état de nature ne doit pas être compris comme la description d'une réalité historique, mais comme une fiction théorique ; il est unehypothèse philosophique féconde, une construction de l'esprit qui vise à comprendre ce que nous apportel'existence sociale.

Cet état représente ce que serait l'homme, abstraction faite de tout pouvoir politique, et parconséquent de toute loi.

Dans cet état, les hommes sont gouvernés par le seul instinct de conservation - queHobbes appelle « conatus » ou désir.

Or, à l'état de nature, les hommes sont égaux, ce qui veut dire qu'ils ont lesmêmes désirs, les mêmes droits sur toutes choses, et les mêmes moyens - par ruse ou par alliance - d'y parvenir.Chacun désire légitimement ce qui est bon pour lui, et chacun est seul juge des moyens nécessaires pour y parvenir.C'est pourquoi bien souvent les hommes ont tendance à entrer en conflit les uns avec les autres pour obtenir cequ'ils jugent bon pour eux.

L'état de nature, c'est l'état de la « guerre de tous contre tous ».

Hobbes dira encoreque « l'homme est un loup pour l'homme ».

Il élabore sa théorie politique et son éthique sur une base naturaliste.

Àl'état de nature, l'homme est dénué de toute bonté, comme les animaux livrés à la « loi de la jungle ».

Il y règne lapuissance anarchique de la multitude. b.

Sortir de l'état de nature, c'est renoncer à son droit naturel.

C'est librement et volontairement que les hommes, par un pacte mutuel échangent leur liberté naturelle contre la paix et la sécurité.

Le garant de cette paixet sécurité sera le souverain, homme ou assemblée, qui exercera le pouvoir.

C'est donc d'un contrat, c'est-à-dired'un acte volontaire et juridique, que s'efface l'anarchie au profit d'un ordre politique, par conséquent social.L'origine du pouvoir n'est ni naturelle ni divine, mais artificielle et humaine.

Avec Hobbes, la loi cesse d'être d'originedivine, elle redescend du ciel sur la terre et trouve sa source dans un contrat par lequel les hommes donnentnaissance à un être artificiel, Léviathan, selon le nom inspiré du monstre biblique que Hobbes donne à l'Etat.

Lecontrat chez Hobbes n'est pas un contrat collectif : c'est successivement que chaque individu, un à un, donnepouvoir au chef (le modèle ici est le modèle féodal où chaque vassal faisait allégeance à son suzerain).

Chacuns'accorde avec chacun pour renoncer au droit de se gouverner lui-même et pour remettre tout son pouvoir auxmains d'un seul homme, en lui reconnaissant un pouvoir souverain constitué de la somme des pouvoirs de tous. III.

La communauté, indice d'une résurgence naturelle et affective de l'homme social a.

S'il est vrai que l'espèce humaine est nécessairement sociale, on peut douter de la sociabilité naturelle des individus qui la composent.

Evoquant cette contradiction, Kant parle de l' « insociable sociabilité » des hommes. Mais c'est pour en souligner aussitôt la fécondité.

Société et individus sont en fait constitutifs l'un de l'autre et il ya cercle à vouloir trouver dans l'un des termes l'origine de l'autre.

Car il ne peut y avoir de société quand leshommes n'ont pas entre eux quelque intérêt commun, il ne peut pas non plus y avoir société s'il ne subsiste entreeux aucune différence.

En effet, la société ne saurait être confondue avec la communauté.

Dès sa naissance, tout. »

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