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Y a-t-il contradiction à dire que les connaissances scientifiques sont à la fois relatives et vraies ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

— Un certain obscurantisme invoque souvent la mobilité des théories scientifiques pour disqualifier l'idée même de science et celle de vérité objective qui lui est liée. — Le nerf d'une telle argumentation consiste en fait à opérer une confusion entre le domaine de la science et celui de l'opinion. — Une telle confusion semble facilitée par le paradoxe apparent qu'offre l'histoire des sciences : les théories sont vraies et reconnues comme telles, mais l'évolution de la recherche les relativise. — Y a-t-il, dès lors, un malentendu dans la représentation commune que l'on se fait de l'idée de vérité? Vrai et relatif sont-ils des attributs contradictoires? => formulation du sujet.

« sciences. — Acquis de la partie précédente : éviter une confusion entre deux types de relativité dont il faut penser ladifférence (relativité des jugements ou des opinions coexistant sur un même problème; relativité d'une théorieréinsérée dans l'évolution historique d'une science). — La relativité des théories et sa conceptualisation épistémologique : cf.

Bachelard (Philosophie du non.

Nouvelesprit scientifique).

La connaissance progresse à la fois par rectifications de concepts (cf.

Canguilhem, La formationdu concept de réflexe), par approfondissements successifs (cf.

par exemple le progrès de la chimie) et parélargissement de son domaine d'application (cf.

le développement de la physique).

On peut donc caractériser defaçon précise la relativité des connaissances, saisies dans les lignes d'évolution qui constituent l'histoire dessciences (cf.

sujets 77 et 78). — Illustration.

Une théorie vraie n'est pas forcément contradictoire avec celle qui la dépasse.

La mécaniqueclassique, travaillant sur des vitesses relativement lentes, posait comme a priori le caractère constant de la masse.La mécanique moderne (physique relativiste) montre que la masse est une variable (l'incidence de la vitesse sur lamasse n'est pas négligeable lorsqu'il s'agit de vitesses sidérales, comme celle de la lumière).

L'affirmation centrale dela mécanique classique (masse : constante) peut donc être intégrée comme « cas limite » dans la mécaniquemoderne, puisque l'incidence de la vitesse sur la masse est pratiquement négligeable pour les mouvements «lents»observés à la surface de la Terre. — Ainsi, une théorie peut être vraie et relative, les conditions et caractères de cette relativité étant définis par unethéorie plus vaste, plus élaborée, qui l'intègre.

L'historicité des connaissances n'est pas autre chose que leur moded'intégration à une évolution, que l'on norme toujours rétrospectivement du point de vue de la «science fraîche».

Cf.Canguilhem (Études d'histoire et de philosophie des sciences, Éditions Vrin, page 20) : « Le sens des ruptures et desfiliations historiques ne peut pas venir à l'historien des sciences d'ailleurs que de son contact avec la sciencefraîche.

» Cf.

aussi la justification d'une histoire des sciences récurrente par Bachelard (extraits cités dans lescorrigés 77 et 78). • Quatrième partie : l'illusion du dogmatisme et son explication. — Le dynamisme de l'esprit scientifique exclut la sclérose des théories qui tendent à se «dogmatiser» en se posantcomme absolues. — Ne faut-il pas renverser la formulation, et dire qu'une théorie vraie est nécessairement relative? Cf.

Bachelard,théorie des obstacles épistémologiques « intrascientifiques » déjà évoquée plus haut.

A aucun moment lesconnaissances scientifiques ne doivent devenir une « scolastique », c'est-à-dire un corps de dogmes fermés que l'onenseigne et auxquels on attribue un caractère absolu. • Conclusion. — Il n'y a aucune contradiction à admettre qu'une connaissance est à la fois vraie et relative, à condition d'évitertoute confusion au niveau de ce qu'on entend par « vérité » et par « relativité ». — Problème qui montre l'enjeu d'une conceptualisation rigoureuse de l'histoire des sciences, saisie dans son mode dedéveloppement spécifique.

Cet enjeu n'est-il pas capital pour le savant lui-même, lorsqu'il s'interroge sur lesconditions de progression de son propre savoir?. »

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