Y a-t-il, au point de vue psychologique, une différence entre l'homme passionné et le volontaire ?
Publié le 16/09/2014
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Pour connaître les objets sur lesquels il a à se prononcer, le psychologue dispose de deux moyens : l'introspection et l'observation extérieure. C'est pourquoi nous nous demanderons d'abord si nous pouvons discerner en nous ,d'une façon certaine la passion de la volonté; ensuite, si nous pouvons hors de nous distinguer l'homme passionné du volontaire.
A. En soi. — a) Une première affirmation ne paraît pas discutable : celui qui agit par volonté sait bien qu'il ne se laisse pas mener par une passion. Sans doute, ainsi que nous l'avdns dit, il éprouve des attraits et des répulsions, mais il les domine. De plus, il admet facilement le danger qu'il court de céder à l'entraînement; aussi lui est-il possible do remettre en question une décision prise; du moins se sent-il prêt à renoncer à ses projets, dans le cas, qu'il ne considère pas comme chimérique, où il s'en présenterait de plus sages. C'est précisément dans la mesure où il refuse toute discussion et devient incapable de considérer uno antre éventualité que celle à laquelle il s'est arrêté qu'il passe sous l'emprise de la passion.
b) Mais il ne se rend pas compte de ce changement, car il est bien difficile au passionné de reconnaître son esclavage; parfois même, il verra dans son comportement des signes d'une puissante volonté.
_lux moments de crise, en effet, la tension de tout l'être vers la con-quêta de l'objet convoité présente beaucoup de ressemblance avec la coordination des énergies que réalise la volonté. Sans doute; une comparaison impartiale et approfondie aurait vite décelé des différences essentielles entre les deux états; mais le passionné est incapable de l'abstraction sans laquelle il n'est pas de jugement possible; son esprit rivé à l'objet qui l'hypnotise ne peut pas s'en détacher et prendre le recul nécessaire à une comparaison.
«
L~ VOLO:'l'TÉ 171!
2.
- LA VOLONTE
DISSERTATION
Y a-t-il, au point de vue psychologique, une différence entre l'homme passionné et le volontaire? (Paris, sept.
1946, Philo-Lettres.)
INTRODUCTION.
- Il est classique d'opposer la passion et la Yolonté.
J~a passii.on se définit couramment comme une inclination dominante et
exclusive : le passionné se porte par une impulsion aveugle vers l'objet qui le captive, indifférent à ses autres intérêts et incapable de dominer son entraînement pour discuter sa conduite.
La volonté, au contraire, consiste essentiiellement dans le pouvoir de ne se déterminer que par raison, aussi bien dans le choix des moyens que dans celui des fins.
Mais cette opposition, claire dans l'abstrait, peut-elle être constatée concrètement et pouvons-nous, à des signes certains, distinguer une conduite commandée par la passion de celle que dirige la volonté" Y a-t-il, au point de vue psychologique, une différence entre l'homme passionné et le volontaire P
J.
- POL'RQUOI Oi'i RISQUE DE CO:'IFONDRE PASSIO:'! ET VOLONTÉ .
.:'lous devons le reconnaître, il y a de grandes ressemblances entre le pasEionné et le volontaire, en sorte qu'il n'est pas toujours facile, ni
même peut-être possible, de les' distinguer.
a) En effet, la volonté aussi bien que la passion réalise une concen tration de toutes les énergies en vue d'atteindre le résultat visé e.t de surmonter tous les obstacles.
Une existence encadrée par un puissant Youloir >'e trouve unifü~e comme ce He qu'anime une passion violente; on n'y remarque pas l'hésitation ni la dispersion et l'inconstance qu'on observe chez l'aboulique, l'indécis, le capricieux ou le fantasque comme
chez ! 'apathique et l'indifférent qui ne sont fortement attachés à rien.
b) Ensuite H n'y a pas de détermination volontaire sans l'entrée en jeu de ces tendances que nous trouvons à la racine de la passion.
En
effet, la volonté n'est pas, comme le croit le vulgaire, un pouvoir absolu de création.
Pour le vouloir, il faut voir que le choix auquel on se décide est raisonnable et, de plus.
être porté Yers l'objet choisi ou tout au moins vers le caractère raisonnable du choix : comme Je passionné, le
volontaire a de grands désirs.
Bien plus, par suite de la tension de tout l 'êtrc à les satisfaire, ces désirs se renforcent et s'élèvent parfois au niveau de la passion.
Cette
tranEformation est même normale; aussi a-t-on pu dire qu'on ne fait
rien de grand sans une grande passion.
N'est-ce pas admettre équi rnlemment qu'un grand volontaire est un grand passionné?
c) Inversement.
la raison par laquelle on définit ,/a volonté ne manque pas chez le passionné.
Bien plus, il faut considérer la raison comme une " condition première de la passion n (1), sinon comment expliquer chez l'animal que les tendances ne s'élèvent jamais au degré passionnel' P Sauf, peut-être, en quelques moments exceptionnels de crise.
le pas
sionné ne se porte pas comme une brute vers l'objet convoité : il réfléchit
(1) '.\!.
PRADI:>.
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