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Vous vous demanderez dans quelle mesure les inventions formelles sont nécessaires en poésie ?

Publié le 10/03/2009

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Par invention formelle en poésies, nous entendons l’apport d’une nouveauté exceptionnelle dans la manière d’écrire les poésies. Cette nouveauté peut être d’au moins deux types : l’invention d’une forme poétique a part entière ; l’invention d’une modification du traitement traditionnel d’une forme préexistante. Nous pouvons dire que Aloysius Bertrand a fait une invention formelle majeure en étant le premier a écrire de la poésies en prose ; mais Verlaine, qui n’a pas crée une forme poétique a part entière, peut néanmoins être considère comme l’inventeur d’une nouvelle pratique de formes préexistantes, telle que l’emploi et la réhabilitation de formes mineures et des vairs impairs.

Par « poésie «, nous entendons une forme littéraire qui se distingue de la prose par une exigence touchant a la forme du discours, celle-ci obéissant a des lois précises, formant des unités particulières que l’on nomme « vers «. Plus largement, la poésie est un usage particulier du langage qui consiste a rompre avec l’utilisation commune, et pourquoi pas triviale de la langue, de sorte a créer une expression qui mérite a bon droit le nom de « sacre « au sens étymologique du terme, a savoir de « coupé «, de « séparé «. La poésie est donc plus qu’un simple usage de la langue qui se singularise par rapport a l’usage habituel des locuteurs dans les conversations de tous les jours : elle est bien une langue dans la langue elle-même.

A première vue, nous pouvons dire que les inventions formelles ne sont nullement nécessaires en poésies. En effet, pour tout un courant de l’histoire de l’art et de la pensée, le classicisme, l’invention ne saurait être une valeur, ne saurait être une fin légitime de l’activité littéraire : ce qui importe, ce n’est pas d’inventer, mais de s’efforcer de faire aussi bien que ceux qui nous ont précède, et qui demeurent en tout état de cause des modèles insurpassables. Cependant, cette position ne laisse pas de se heurter à notre conception moderne de l’art, dans laquelle la notion de progrès n’est non seulement pas contradictoire, ou irrecevable, mais au contraire une valeur a part entière. A ce titre, nous pouvons bien affirmer que les inventions formelles sont nécessaires en poésie, de sorte que nul poète ne saurait être considère comme important sans avoir apporte quelque chose d’inédit a la forme poétique qu’il manie. Nous pousserons les conséquences de cette thèse en disant que les inventions formelles en poésies sont non seulement nécessaires, mais le moteur de ce qu’on peut appeler une histoire de la poésie, histoire qui comme celle de la science, par exemple, a ses progrès et ses coups d’arrêt.

 

« Allant plus loin, nous pouvons dire que les inventions formelles sont d'autant moins nécessaires en poésie qu'unpoète, dans la perspective de l'esthétique classique, n'a nul besoin d'inventer, mais bien de tenter de reproduire ceque ses illustres aines de l'antiquité ont accompli avant eux, notamment Homère et Virgile, considérés comme lespoètes majeurs qui furent jamais, mais aussi qui devaient jamais être.

En effet, le rôle secondaire de l'invention,presque accessoire, dans l'Ancien Régime, nous apparaîtra mieux si nous considérons les problèmes de plagiat.

Pourles auteurs de cette période, il n'était pas indispensable de se signaler par leur imagination ou par l'originalité deleurs sujets, mais plutôt pour leur maîtrise d'un thème ou d'un style : preuve en est la rivalité de Racine, auteur deBérénice, et de Corneille, auteur de Titus et Bérénice, à quelques mois d'écart.

On dira donc pour conclure quel'invention n'est pas indispensable en poésie, dans la mesure où l'ambition suprême d'un artiste peut fort bien n'êtrepas de produire quelque chose d'inédit, mais d'approcher d'un idéal que d'autres avant lui ont atteint. II.

Les inventions formelles sont nécessaires en poésie car elles sont le signe des grands poètes a.

Les inventions formelles sont importantes en poésie car elles permettent l'expression de la modernité Néanmoins, nous ne pouvons en rester à cette thèse.

En effet, cette conception classique de l'invention formelleest maintenant largement remplacée par une pensée qui fait de la modernité un critère dominant de l'appréciationartistique.

Baudelaire définit ainsi la modernité : "La modernité, c'est le transitoire , le fugitif , le contingent, la moitié de l'art dont l'autre moitié est l'éternel et l'immuable." Si nous acceptons cette définition et la considération de lamodernité comme valeur, nous dirons que l'invention formelle est indispensable en poésie.

En effet, il faut a l'individutraduire ce qu'il y a de transitoire, fugitif et contingent dans le monde qui l'entoure, afin d'obtenir cette moiti quicompose la beauté dont nous parle Baudelaire.

Pour ce dernier, le beau est en effet l'union de deux composantesabsolument distinctes qui sont l'intemporalité et l'actualité.

Chaque chose belle, écrit Baudelaire, contient en véritédeux parts : une part qui est celle de l'éternel, une autre de l'actuel.

Le Spleen de Paris incarne cette dualité en présentant des textes où la recherche de la beauté se fait au moyen de grandes figures qui l'incarnent de façonintemporelle, comme les figures de femmes, mais dans l'univers contemporain de Baudelaire, à savoir le ParisHaussmannien.

Nous dirons donc que des inventions formelles sont nécessaires en poésie, car sans elles, ladimension transitoire de la beauté ne saurait être captée par le poète, qui se contenterait alors de l'éternellerépétition des mêmes procèdes poétiques. b.

Plus importante que l'invention d'une forme est l'invention d'une forme signifiante Allant plus loin, nous dirons qu'il n'y a pas lieu d'hypostasier la forme et la signification en art, c'est-à-dire deséparer les deux, de les considérer comme deux substances distinctes.

Telle est la thèse de Rousset dans son livre« Forme et signification » : la forme est signifiante, et la signification est tout entière modelée par la forme.

Parexemple, la forme du sonnet est en elle-même signifiante par ce qu'elle incarne un effort de synthèse du monde,d'ordonnancement rationnel poussé à l'extrême.

Mais la signification est également dépendante de la forme, commele montre les différentes incarnations d'un même thème dans des formes distinctes, telles que le Souvenir de la nuit du IV , de Victor Hugo, qu'il a écrit à la fois en vers (dans les Châtiments ) et en prose.

Ce n'est donc pas la forme qui compte seule en art, mais la forme signifiante.

Par conséquent, nous nuancerons notre thèse en disant que siquelque chose est indispensable en poésie, c'est bien l'invention de nouvelles formes signifiantes. III. Les inventions formelles sont le moteur de l'histoire de la poésie Une histoire de la poésie comparable à l'histoire de la science a. Si nous passons des productions particulières de l'art à l'art dans sa dimension historique, nous dirons à nouveauque seule compte l'invention formelle en poésie.

En effet, pour de nombreux historiens de la poésie, il est possibled'isoler la dimension purement formelle des œuvres en la séparant de leur portée symbolique ou de leur signification.L'histoire de la poésie peut se lire comme l'histoire d'une saisie réflexive de la poésie par elle-même, le sens dupoème se perdant peu à peu, s'épurant comme dimension contingente, pour laisser toute la place au matériausonore qu'est le langage.

Il en va de même pour l'art pictural : la peinture peut également se lire comme cette saisieréflexive de la dimension purement matérielle de la peinture, comme maniement de formes et de couleurs.

En cesens, dans l'histoire de la poésie, les inventions formelles sont absolument indispensables, elles sont même le moteurd'une histoire qui peut être comparée a celle de la science, c'est-à-dire l'histoire d'une succession d'inventions au b.. »

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