Vous rédigerez le commentaire comparé des textes de Michaux et Reverdy (3 et 4) ; vous veillerez à ce que votre plan confronte les deux textes dans chaque partie.
Publié le 10/12/2012
Extrait du document
«
Michaux recourt aux vers libres jusqu’à abandonner l’usage des majuscules en début de
vers.
Pour sa part, Reverdy mélange vers libres et forme fixe (quatrain final d’alexandrins
inhabituel par ses rimes alternées) et opte pour une métrique croissante (les deux
premiers vers ont trois syllabes, les vers 3 à 9 en ont six, et enfin les quatre derniers
douze).
Cette volonté d’émancipation se marque aussi dans l’organisation des deux
poèmes.
Tous deux, en effet, se décomposent en deux parties bien nettes entre monde
sans poésie et monde avec poésie.
Chez Michaux, la rupture est marquée par la
préposition « sauf » à la moitié du poème (douze vers avant, douze vers après) et chez
Reverdy par la conjonction de coordination d’opposition « mais » qui intervient entre les
vers libres et la forme classique.
L’organisation de Premières impressions en deux parties
égales donne un sentiment de balancement, d’équilibre : cinq fois « choses » (qui riment
avec « compose ») dans la partie « plaintive » du poème, quatre dans la partie
enthousiaste, sept « et » dans la première partie et huit dans la seconde.
Enfin, le lexique du passage démontre aussi cette volonté de changement.
Les
deux parties du poème de Michaux offrent un contraste, symbolisé par l’emploi du mot
« mal » dans la première partie et du mot « anges » dans la seconde.
Le poète est ainsi
représenté comme passeur entre le monde et l’homme, entre l’homme et la femme tout
comme l’ange est un intermédiaire entre Dieu et les hommes.
Cette métaphore filée de la
passerelle continue dans les deux vers suivants : « et beaucoup, beaucoup de tout / et de
moi aussi », qui donne l’impression que l’infiniment grand et l’infiniment petit se
rejoignent.
Cette impression est renforcée par le terme « complicité » (V.16).
Le poème
de Reverdy oppose à cette image de passerelle le « néant », « nulle part », qui peut être
considéré comme un endroit inconnu, comme l’ailleurs des poètes.
Les deux auteurs défendent donc ici l’idée que, certes, la poésie est un moyen
d’échapper au monde, au quotidien, mais plus encore un exutoire, souvent salutaire, une
fin en soi.
Nous en avons une première illustration avec les images positives utilisées dans
ces deux poèmes.
Chez Michaux, le champ lexical du fluide est très présent dans la
seconde partie du poème, par opposition à celui de la dureté de la première partie.
L’auteur de Passages parle en effet ici de « fluide », de « passage », de « torrent » et
sollicite tous ses sens : la vue avec « couleur », l’odorat avec « parfum » et le toucher (au
niveau de la densité) avec « touffu ».
Reverdy, lui, termine son poème par un quatrain
d’alexandrins axé sur la verticalité au travers des expressions « au plus haut des
entrailles » qui peut tout d’abord paraître bizarre, car l’expression usuelle est au plus
profond des entrailles , mais qui trouve sa justification par la suite, avec l’emploi du mot
« foudre ».Or, la foudre touche généralement ce qui est en hauteur.
Enfin, la forme
pyramidale du poème renforce cette idée de sommet.
Le torrent peut servir de lien entre les deux poèmes et leurs images respectives car
un torrent est une rivière de montagne, donc la notion de verticalité est à aussi présente.
De plus, l’emploi du mot « mouvement » comme mot final du poème de Reverdy peut
évoquer l’eau qui coule et semble salutairement s’opposer au côté statique du verbe.
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