Vous expliquerez, discuterez et commenterez ce jugement de Sainte-Beuve sur Carmen : Je viens de lire Carmen de Mérimée, c'est bien, mais sec, dur, sans développement ; c'est une Manon Lescaut plus poivrée et à l'espagnole. Quand Mérimée atteint son effet, c'est par un coup si brusque, si court, que cela a toujours l'air d'une attrape... Le style de Mérimée a un tour qui n'est qu'à lui; mais ce n'est pas du grand art ni du vrai naturel. Le vrai naturel est autrement large et libre que
Publié le 12/10/2009
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La critique de Sainte-Beuve porte sur le fond et la forme. Après un éloge rapide, Sainte-Beuve constate que le roman de Carmen n'est pas plus développé qu'une nouvelle ; il relève la sécheresse caractéristique de l'auteur, puis il résume le sujet dans une formule pittoresque : selon lui, Carmen est la transposition du roman de l'Abbé Prévost, c'est-à-dire l'analyse d'un amour fatal, qui dégrade progressivement l'homme et conduit au crime. Mais à la place du Paris brillant et libertin du XVIIIe siècle, où Manon et Des Grieux jouent leur jeu dangereux, Mérimée a peint l'Espagne pittoresque des gitanes et des brigands. Carmen n'a pas l'ingénuité perfide de Manon, mais la violence ardente qui subjugue. La seconde partie du jugement vise l'art de Mérimée : Sainte-Beuve semble dérouté par la rapidité du style de Mérimée et son ironie ; il soupçonne toujours une supercherie et se demande si l'auteur est sérieux ou s'il se moque du lecteur. Enfin, il trouve le grief décisif : Mérimée a recherché le naturel, mais son talent est trop minutieux, trop appliqué pour atteindre le vrai naturel, plus spontané et moins contraint. Que faut-il penser de ces critiques ?
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- Vous expliquerez, discuterez et commenterez à l'aide d'exemples précis, ce jugement de Sainte-Beuve sur Montaigne : Ce n'est pas un système de philosophie, ni même avant tout un sceptique mais la nature... la nature au complet sans la grâce.
- Vous expliquerez et discuterez ce jugement de Sainte-Beuve sur Madame Bovary : En bien des endroits, et sous des formes diverses, je crois reconnaître des signes littéraires nouveaux : science, esprit d'observation, maturité, force, un peu de dureté. Ce sont les caractères qui semblent affecter les chefs de file des générations nouvelles...
- Dans la leçon d'ouverture de son cours à l'École Normale Supérieure, recueillie au tome XII des Lundis (De la tradition en littérature), Sainte-Beuve s'exprimait ainsi : «Le classique, en effet, dans son caractère le plus général et dans sa plus large définition, comprend les littératures à l'état de santé et de fleur heureuse, les littératures en plein accord et en harmonie avec leur époque, avec leur cadre social, avec les principes et les pouvoirs dirigeants de la société ; content
- Vous expliquerez, discuterez et commenterez ce jugement de Mme du Deffand : On trouve dans Montaigne tout ce qu'on a jamais pensé, et nul style n'est aussi énergique : il n'enseigne rien, parce qu'il ne décide de rien; c'est l'opposé du dogmatisme; il est vain, tous les hommes ne le sont-ils pas ? Ceux qui paraissent modestes ne sont-ils pas doublement vains ? Le « je » et le « moi » sont à chaque ligne, mais quelles sont les connaissances qu'on peut avoir si ce n'est pas le « je » et
- Racine, au dire de son fils, avait soumis sa tragédie d'Alexandre au jugement de Corneille : celui-ci dit à l'auteur qu'il avait un grand talent pour la poésie, mais qu'il n'en avait pas pour le théâtre. Sainte-Beuve, dans son zèle romantique, formule un jugement semblable : « Si Racine fut dramatique de son temps, c'est que son temps n'était qu'à cette mesure du dramatique. Est-ce vouloir le renverser que de déclarer qu'on préfère chez lui la poésie pure au drame et qu'on est tenté de