Voltaire a écrit : « Tout vers qui n'a pas la précision exacte de la. prose ne vaut rien.» Que pensez-vous de cette définition de la poésie Discutez-la en vous appuyant sur des textes.

« 8 J;\ITRODIJCTION les qnestions qui ne lui étaient pas familières, il excelle encore plus à ,;;,, 'II' et it faire saisir les ridicules.

Mais son àme reste fermée au senti­ ment véritable : ses amitiés ne sont guère qu'un placement destiné à favo­ riser ses entreprises.

b) L'auteur ile La Henriade est en effet un homme d'action beaucoup plus qu'un homme de pensée et même qu'un homme de lettres : ce n'est pas l'amour de l'art ou le besoin d'épancher son àme qui le po-rte à écrire, mais l'amour du succès et le désir d'abattre ses adversaires.

B.

Sa conception de la 1poésie.

- a) Pour cd homme chez qui le senti­ ment tient si peu de place, le seul rôle du langage est d'exprimer la pen­ sée.

Dès lors, l'essentiel est de ,se faire bien comprendre.

Or, à cela, la prose suffit.

C'est pourquoi il faut renoncer aux vers s'ils ne remplissent pas cette condition essentielle du langage : " Les vers, pour être bons, doivent a mir tout le mérite de la prose parfaite, en s 'éle\•ant au-dessus d'elle par le rythme, la mélodie et par la sage hardiesse des images " (1).

b) On le mit, la bonne poésie se contente de Lien exprimer la pensée, mais avec une plus grande richesse d'ornements : « La bonne poésie est à la bonne prose ce que la danse est à une simple démarche noble ..

., ce que les couleurs d'un tableau sont à un dessin en couleurs >> (2) L'œmTe poétique de VOLTAIRE répond à peu près à ce programme; ainsi s'explique l'impression que nous éprouvions à la lire : dans les genres pour lesquels il suffit n'être spirituel (madrigal.

épigramme, satire), eUe nous semble conserver toute sa valeur; au contraire, dans ceux qui deman­ deraient de l'àme (tragédie, épopée), nous ne voyons plus qu'une longue suite d'alexandrins corrects mais étrangers à la poésie.

JI.

~ XOTRE CO:\'CEPTION DU POÈTE ET DE LA POÉSIE.

A Ja suite cl11 mom,ement romantique, on s'est fait de la poesie et du poète une idée bien différente de celle de Vouwrn, qui conservait sur ce point la tradition du grand siècle.

A.

Le poète.

- a) Pour nous, le poète est avant tout un homme de sentiment : chez lui le cœur domine la raison et l'esprit critique; il aime la nature; il a des affections tendres ou ardentes; il n'a pas besoin de prem·es pour s'élever à Dieu, mais il le sent et le retrom·e en toutes choses.

b) Le poète nous apparaît ensuite comme un homme de rêve : sa vie se déroule dans un monde imaginaire; il reste en dehors des batailles d'idées et à plus forte raison se montre-t-il complètement dépaysé dans les affai­ res humaines.

B.

La poésie.

- a) L'œuY!'e poétique, dans la conception moderne, a pour fonction essentielle d'exprimer le sentiment personnel et de le faire par­ tager.

Parfois, ,sans doute, elle décrit la nature ou une scène historique; dans d'autres cas, elle consigne des réflexions snr la vie humaine et sur (1) Commentaires sur Corneille, Remarques sur Sertorius.

(2) Catalogue des principaux écrivains français du siècle de Louis XIV.. »