Voix narrative et points de vue dans les Contes
Publié le 26/03/2015
Extrait du document
La focalisation externe
En offrant la vision objective d'un témoin extérieur, la folicalisation externe fait ressortir la cruauté ou l'absurdité d'une situation injustifiable. Le point de vue direct et brutal de l'ange Jesrad, au chapitre 18 de Zadig, rend la réalité encore plus inadmissible. Le récit neutre du recrutement de Candide dans l'armée bulgare souligne que le jeune héros ne reçoit de l'extérieur que des tromperies et de l'hostilité.
«
Les histoires intercalées
La mise en abyme* d'histoires intercalées accentue la signification du conte par
un effet de miroir.
Le procédé se trouvait déjà chez Boccace, dans le Roman
comique (1651) de Scarron (l'histoire de Destin et de Mademoiselle de J'Étoile) et
chez Marivaux (l'histoire de la religieuse Tervire dans
La Vie de Marianne ( 1731-
1741)).
Mais Voltaire en fait un usage parodique en y accumulant les malheurs.
Tel
est le récit d' Arbogad dans
:ZOdig et plus encore la narration par la Vieille de son
terrible destin dans Candide : ses aventures, présentées à dessein comme relative
ment ordinaires, fournissent à l'auteur une occasion exceptionnelle pour concentrer
toutes les formes
du Mal.
Dans ce récit en abyme, le passage au style direct ren
force l'impression d'une narration objective qui s'en remet au personnage.
Ill -LES FOCALISATIONS
La critique indirecte se fait aussi, dans les Contes, par le choix de la focalisa
tion*, c'est-à-dire du point de vue, du mode de vision que le narrateur adopte par
rapport à ce qu'il raconte ou à ce qu'il dit.
La focalisation zéro
Ce procédé permet à Voltaire de présenter sa propre vision des personnages et
des événements.
Le narrateur omniscient discerne d'emblée que Zadig est trop par
fait pour être heureux ou qu'il n'est jamais bon d'être sensé en face de théologiens
bornés.
Et surtout l'auteur
ne cesse d'intervenir dans le récit soit par des jugements
personnels (Zadig
«savait de la métaphysique* ce qu'on en a su à travers les âges,
c'est-à-dire fort peu de choses »), soit par des incidentes désabusées (« avec de
grandes richesses et par conséquent avec des amis»).
Cette connaissance globale
des choses permet à !'écrivain de raconter chaque événement tel que les person
nages sont supposés le voir ou
le ressentir, et renforce sa vision critique du monde.
La focalisation externe
En offrant la vision objective d'un témoin extérieur, la folicalisation externe
fait ressortir la cruauté ou l'absurdité d'une situation injustifiable.
Le point de vue
direct et brutal de l'ange Jesrad, au chapitre
18 de :ZOdig, rend la réalité encore plus
inadmissible.
Le récit neutre
du recrutement de Candide dans l'armée bulgare sou
ligne que le jeune héros ne reçoit de!' extérieur que des tromperies et de l'hostilité.
La focalisation interne
Ce point de vue est le plus utilisé par Voltaire: le narrateur raconte ce que vit
ou voit le personnage.
Ce procédé permet de présenter la bataille entre les Abares
et les Bulgares avec des détails qui révèlent l'incompréhension totale du naïf Can
dide, bercé par le Credo optimiste de son précepteur.
Le jeune homme raconte la
bataille sur
un tond' allégresse qui fait ressortir ironiquement l'horreur de la guerre.
Commentateur de sa propre aventure, le héros est incapable de fournir une analyse
critique ou d'expliquer le sens d'événements qui le dépassent.
Conclusion: La recherche stylistique, par Voltaire, d'une objectivité appa
rente fait du conte une ironie* -il enseigne au lecteur à ne pas être dupe,
même des
« ficelles » tirées par un conteur omniprésent -et une arme pour
ridiculiser les idées que !'écrivain combat..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Les points de vue dans la narration
- Faut-il faire le deuil de la connaissance de l’ existence d’un point de vue absolu en affirmant qu’il n’y a que des points de vue irrémédiablement étrangers les uns aux autres ?
- Le Corricolo Maintenant, que le doute dresse sa tete pour nier, que la science eleve sa voix pour contredire; voila ce qui est, voila ce qui se fait, ce qui se fait sans mystere, sans supercherie, sans substitution, ce qui se fait a la vue de tous.
- Explication du texte de Nietzsche, extrait de Humain, trop humain : « Ces deux points de vue suffisent à expliquer toutes les mauvaises actions exercées par des hommes sur les hommes : on veut son plaisir, on veut s'éviter le déplaisir. »
- Baudelaire affirmait en 1859 : « Je crois que l'art est et ne peut être que la reproduction exacte de la nature ». Au contraire, un critique de la Revue des Deux Mondes déclarait, quelques années plus tard : « L'art est dans le choix, dans l'interprétation des éléments qui lui sont offerts, nullement dans la copie littérale de tel ou tel détail indifférent ou repoussant ». Quel est de ces points de vue celui qui vous paraît le plus juste ?