Vivre selon ses principes: est-ce une obligation morale ou une recherche du bonheur ?
Publié le 05/01/2006
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Se donner à soi-même des règles à suivre peut être vécu comme une contrainte. Notre action est orientée et ne peut donc alors répondre à l’expression « faire ce que l’on veut «. La présence de contraintes peut être vécue comme un obstacle à notre bonheur, en ce sens que celui-ci supposerait la satisfaction de nos envies, de nos désirs et de nos passions. A première vue donc il semble bien y avoir contradiction entre la poursuite du bonheur et le respect de préceptes. Pourtant cette contradiction ne vaut que pour un sens restrictif du bonheur qui l’assimile à la simple jouissance éphémère. L’adage « vivre selon les principes « peut bien être compris comme « obligation morale «, précepte, ordre, maxime, mais il n’exclut pas sa participation au bonheur. En effet la recherche du bonheur est semée d’embûches et pourrait être rapprochée du chemin de croix ; le bonheur n’est pas un dû mais nécessite un effort de la part de l’individu à sa poursuite, il doit être mérité. Le problème posé par ce sujet suppose que l’on s’interroge sur les rapports entre le devoir et le bonheur, il s’agit de déterminer s’ils participent tout deux au respect des règles ou bien si au contraire ils s’excluent l’un l’autre. Il faudra donc procéder en trois étapes, chacune examinant une hypothèse. La première souligne la contradiction qu’il y aurait à faire de la recherche du bonheur un synonyme de l’adage « vivre selon ses principes «. La deuxième souligne la proximité qu’il peut y avoir entre le bonheur et le devoir et cela au sein même de cet adage. Enfin la troisième tend à préciser la nature des rapports entre l’obligation morale et la recherche du bonheur.
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Nietzsche au § 304 du Gai savoir critique les morales du renoncement qui ne consiste qu'à énoncer un certain nombre d'interdictions et obligel'individu à les respecter.
Cette morale loin de permettre le bonheur ousa recherche ne fait qu'épuiser les forces humaines, elle les utilise d'unemanière contraire à leur tendance première.
En effet les penchants del'homme doivent être exprimées car c'est le moyen par lequel la vies'accroît.
Au lieu de penser par contraintes, obligations, interdictions, ilfaut mettre en avant l'action.
La règle de conduite commune aux individus est la réciprocité, à lacondition qu'ils appartiennent au même corps social, avec les mêmesvaleurs et les mêmes critères.
Chacun considère ainsi la volonté d'autruicomme égale à la sienne, s'abstient par conséquent de commettre desactes de violence, d'offenser ou de voler, afin qu'il ne lui soit pas fait demême.
Nous vivons d'ordinaire sous l'impératif de la moralité évangélique: "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse."Cependant, il faut considérer que ce principe établi au fondement de lavie sociale est une négation de la vie, un principe de décadence et dedissolution : "Vivre, c'est essentiellement dépouiller, blesser, violenter lefaible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement ses formes propres,l'assimiler, ou tout au moins, l'exploiter." L'essence de la vie est lavolonté de puissance, absolue et démesurée : elle vise la conquête, le déploiement de la force jusqu'à ses limites extrêmes, et ne souffre ni pondération, ni mesure, ni limitations d'aucunesorte.
Si dans une société vivante les individus s'abstiennent de faire le mal entre eux, c'est cette société elle-même qui exploitera ou tyrannisera une autre société plus faible.
Si la moralité des moeurs est un principe decivilisation qui dompte la volonté vitale en ses tendances barbares ou violentes, la vie reprend nécessairement ledessus, motivée par une volonté de puissance par laquelle les forts dominent les faibles, et par laquelle le destin detoute force est d'aller jusqu'au bout d'elle-même.
L'impératif de la vie contre l'obligation morale
Nietzsche, dans Aurore, décèle sous l'obligation kantienne du devoir l'expression d'une cruauté ascétique.
Le devoirva à l'encontre de nos habitudes, il s'oppose à notre nature sensible, il se définit par la pureté de l'intention.
Pourconserver toute sa valeur, il doit se montrer importun, pénible, voire douloureux.
Ne peut-on observer, sous lecommandement du devoir, un goût coupable et douteux pour la souffrance physique, une soumission servile etcraintive à l'impératif de la loi ? L'obéissance au devoir s'oppose à la vie et à ses forces puissantes, qui commandentl'égoïsme, la préservation de nous-mêmes et plus encore l'affirmation et la réalisation de nos buts.
L'obéissance audevoir est une mortification.
Il n'apporte d'autre satisfaction que celle de l'obéissance à une loi qui n'est pas nôtre.L'individu se sacrifie sur l'autel de l'idée et de la raison, sans trouver d'intérêt pour lui ni pour les autres : "Une vertuest nuisible quand elle ne tient qu'à un sentiment de respect pour l'idée de "vertu" comme le voulait Kant." Contreles impératifs exsangues de la raison, Nietzsche proclame les droits de l'instinct et des puissances vitales : l'êtrehumain vise l'affirmation de sa subjectivité et non la soumission à une loi universelle.
Le devoir moral et l'obéissancesont les signes infaillibles d'un déclin et d'une décadence.
La nature commande à chacun de cultiver sa propre forceet ses vertus en vue de la conservation de soi-même, tandis que le devoir commande des actions impersonnelles etabstraites.
Toute action saine et vitale ne peut avoir que le plaisir pour preuve.
Le bonheur est la seule caution quel'action est bonne.
Se dresser contre la nature et le plaisir, c'est se détruire : "Qu'est-ce qui vous brise plus viteque de travailler, penser, sentir sans nécessité intérieure, sans option profondément personnelle, sans "plaisir", enautomates du devoir ? C'est tout juste là la recette de la décadence, et même de l'idiotie."
Transition : Cette première partie a permis de souligner la contradiction qu'il pouvait y avoir à rechercher la conciliation entre l'obligation morale et la recherche du bonheur au sein du respect de principes.
Cependantcette contradiction ne semble convenir que pour une acception du bonheur, entendu comme jouissance,plaisir.
Qu'en est-il si nous examinons un nouveau sens du bonheur ? Deuxième partie : Le respect des devoirs participe à la recherche du bonheur.
2.1 La recherche du bonheur doit être distinguée de la poursuite de la satisfaction des passions.
Le bonheur doit être différenciée de la simple jouissance parce qu'il est durable alors que celle-ci estpassagère.
Il n'est pas accessible aussi facilement qu'elle.
Les biens périssables comme le sont le plaisir, larichesse et les honneurs doivent être plutôt assimilés à des maux certains qu'à des biens véritables.
C'est ainsique Spinoza procède dans le Traité de la réforme de l'entendement, son but étant de montrer ce qu'est le vrai bien.
Si le bonheur est distinct de la simple jouissance alors sa contradiction avec le devoir doit êtreremise en cause.
2.2 Le bonheur n'est pas au principe de l'action morale mais peut en dériver..
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