Vigny écrit dans le Journal d'un poète : « J'aime peu la comédie, qui tient toujours plus ou moins de la charge et de la bouffonnerie ». Il précise plus loin sa pensée en disant : « Je sais apprécier la charge dans la comédie, mais elle me répugne parce que, dans tous les arts, elle enlaidit et appauvrit l'espèce humaine et, comme homme, elle m'humilie ». Qu'en pensez-vous ?
Publié le 30/10/2009
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La comédie, dans le sens de cette pièce de théâtre qui représente de façon plaisante les caractères et les mœurs des hommes, a longtemps souffert du mépris d'un public trop épris de « noblesse tragique « pour ne voir en elle qu'une forme dramatique dégradée. Molière lui-même, à ses débuts, se croyait un pur tragédien, laissant le comique à ces intermèdes farcesques auxquels il n'accordait que peu de soin. Il fallait quelques fiascos, dont le méconnu Don Garde de Navarre, pour le forcer à la comédie, lui conférant alors toute sa dignité. Il n'est donc pas surprenant de trouver sous la plume « altière « d'un Vigny ces propos dont la sévérité étonne puisqu'elle s'exerce sur des œuvres aussi considérables que celles de Molière, évidemment, mais aussi de Marivaux et de Beaumarchais. « La comédie, écrit-il, tient toujours plus ou moins de la charge et de la bouffonnerie «. Il ajoute plus loin : « La charge me répugne, parce que, dans tous les arts, elle enlaidit et appauvrit l'espèce humaine et, comme homme, elle m'humilie «.
On montrera donc, dans une première partie, que si la comédie relève souvent de la farce et de la bouffonnerie, c'est qu'elle se met efficacement au service du moraliste, voire du censeur : « castigai ridendo mores «, on connaît la célèbre formule. Ainsi la remarque de Vigny passera-t-elle pour excessive, à moins que l'auteur des Destinées et des Poèmes antiques et modernes n'ait pressenti déjà la fonction sociale que la comédie assume par le rire qu'elle s'efforce de susciter.
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