Vie et philosophie de Sénèque.
Publié le 21/04/2009
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Sénèque, le philosophe, naquit à Cordoue, en Espagne, vers l'an 2 ou 3 de l'ère chrétienne, sous le règne d'Auguste. Il vint à Rome de bonne heure et fut élevé dans cette ville, par son père, qui y enseignait la rhétorique. Il s'appliqua d'abord à l'éloquence, et ses débuts au barreau turent si brillants, qu'ils excitèrent, dit-on, la jalousie redoutable de Caligula. Aussi, le jeune avocat ne songea bientôt plus qu'à l'aire oublier ses succès oratoires, en se livrant entièrement à l'élude de la philosophie. Il suivit assidûment les leçons des stoïciens Attale et Photin, et de Sotion le pythagoricien. Il se laissa si bien gagner à leurs doctrines, qu'il s'abstint de l'usage du vin et des parfums, et que, pendant toute une année, il ne se nourrit que de végétaux. Mais, sur les instances de son père, il dut renoncer bientôt à ces austérités et rentrer dans la vie publique. Il brigua donc la charge de questeur et l'obtint. Cela ne l'empêcha pas d'ouvrir une école de philosophie où l'on vit, en peu de temps, arriver les auditeurs les plus distingués. L'an 41, Messaline, femme de Claude, intenta contre le philosophe une grave accusation, et l'empereur le relégua dans l'île de Corse. Cet exil dura huit ans. En 49, Agrippine, qui venait d'épouser Claude, son oncle, le rappela à Rome, le fit nommer sénateur, et lui confia l'éducation de son fils Néron. Sénèque avait alors quarante huit ans. Comme précepteur de Néron, il eut une tâche difficile à remplir. Ce n'est pas que son élève fût dépourvu d'esprit, mais il préférait les arts d'agrément et les exercices corporels à l'étude de l'éloquence et de la philosophie. Le maître dut même composer, à sa place, l'éloge funèbre de Claude, que le jeune empereur prononça lors de son avènement. Devenu ministre de Néron, Sénèque montra, à l'égard de ce prince, une coupable faiblesse. S'il ne prit point directement part à l'empoisonnement de Britannicus et au meurtre d'Agrippine, du moins en fut-il le témoin complaisant et le lâche apologiste. Il accepta, en effet, dit-on, avec Burrhus, une partie de la succession du frère de l'empereur, et, tache ineffaçable dans sa vie, il écrivit une lettre au sénat pour justifier le prince de son parricide.
«
du supplice, s'occupe de l'immortalité de l'âme avec son philosophe.
Sénèque était l'un de ces confidents.
Sesdisciples étaient en petit nombre et bien choisis; il préférait les gens du monde, il les voulait jeunes et bien résolus.Un tel mode d'enseignement devait nécessairement influer sur la doctrine du maître.
Aussi la plupart de ses ouvragesne sont-ils que des œuvres de circonstance, appropriées aux besoins de ceux qu'il dirige.
Ce qu'il recherche avanttout, c'est l'utilité pratique.
« Il a voulu toucher les âmes eu les instruisant ; tantôt resserrant sa doctrine, tantôtrelâchant cette discipline trop sévère, selon les besoins de ses disciples, et ne craignant pas d'être parfois accuséd'inexactitude, pourvu qu'il pût trouver accès près des esprits et leur inspirer la vertu stoïque » C'est, en effet, dansce désir d'être utile qu'il faut chercher la raison de ces hésitations et de ces contradictions qui nous étonnent dansla doctrine de Sénèque.Quelques auteurs ont voulu expliquer ces hésitations et ces contradictions par la nécessité où se trouvait lephilosophe de ne pas dire toujours toute la vérité, en présence d'un tyran soupçonneux.
Cette raison n'exclut pas laprécédente ; elle nous paraît bien mieux justifiée que l'opinion de ceux qui veulent voir dans la variété des doctrinesde Sénèque, l'effet de ses relations avec saint Paul.
La correspondance de saint Paul et de Sénèque est apocryphe.Il est très probable que le philosophe romain n'eut jamais de rapport avec l'Apôtre.
La prétendue conformité de leursdoctrines s'explique assez facilement, et les différences profondes qui s'y manifestent enlèvent toute hésitation surce point.Les doctrines où Sénèque paraît le plus se contredire sont celles qui ont rapport à Dieu et à l'âme.
2.
Doctrines de Sénèque sur l'âme.
— Nous retrouvons les mêmes contradictions dans les doctrines que Sénèqueprofesse sur l'âme humaine.
Comme stoïcien, il devait admettre que l'âme est un corps.
Cependant il semble seséparer de ses maîtres, en admettant entre le corps et l'âme une distinction et même un antagonisme.
Le corps estla prison de l'âme.
« Je suis destiné à des choses trop grandes pour me rendre esclave de mon corps ; je ne leregarde que comme une prison dont je suis environné »Notre âme est-elle immortelle? Sur cette question Sénèque paraît hésitant.
Il refuse de croire aux fables dupaganisme.
Mais tantôt il dit que la mort détruit tout et qu'elle est la fin de toutes les misères : « La mort est ladélivrance, la fin de toutes nos peines...
La mort n'est ni un bien ni un mal ; car, pour être soit un bien, soit un mal,il faut être quelque chose ; mais ce qui n'est rien, ce qui réduit tout à rien, ne nous impose ni l'une ni l'autre de cesconditions.
» Tantôt il parle du bonheur et de la gloire qui attendent le sage après la mort.
« Ce jour que vousappréhendez comme le dernier de voire vie, est celui de votre naissance pour l'éternité.
Bientôt les secrets de lanature vous seront dévoilés.
» Comment concilier des assertions en apparence si opposées ? Il n'y a pas d'autremanière de le faire qu'en interprétant la doctrine de Sénèque dans le sens de Chrysippe.
Pour ce dernier, en effet,les âmes des sages seules survivront au corps jusqu'à la destruction du monde.
Sénèque semble admettre la mêmedoctrine.
Cette interprétation a, en sa faveur, ces paroles de la Consolation à Polybe : « Pourquoi le pleurer ? Il estheureux ou il n'est plus rien » et ces autres d'une lettre à Lucilius :« Qu'est-ce que la mort? ou elle est une fin oubien un passage.»
3.
Morale de Sénèque.
— La morale est la partie principale de la philosophie de Sénèque.
La nature de sonenseignement nous en a déjà fourni la raison.
Sénèque divise lui-même la morale, en morale théorique et en moralepratique.
Il parle surtout delà première dans le livre de la Vie heureuse, où il recherche la nature du souverain bien.Le principe de tout bien est la vertu, et la vertu suffit pour être heureux.
Mais comment reconnaître la vertu? A laconformité de nos actions avec la nature ; le mot nature est expliqué plus tard par Sénèque dans le sens de raison.La partie la plus originale et la plus intéressante de la morale de Sénèque est la morale pratique.
Elle se retrouveprincipalement dans les Lettres à Lucilius..
»
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