Vie et oeuvre de MONTAIGNE
Publié le 23/03/2009
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Michel Eyquem de Montaigne naquit en Périgord an 1533. Il reçoit une solide formation humaniste, étudie la philosophie à Bordeaux et le Droit à Toulouse. En 1554, il devient Conseiller à la Cour des Aides à Périgueux et passe en 1557 au Parlement de Bordeaux (où il rencontre son fameux ami La Boétie). Marié en 1565, il résilie sa charge en 1570, et à 38 ans se retire « sur ses terres pour se consacrer à l'étude et à la réflexion «. Dès 1572, il commence à rédiger les « Essais «. En 1573, il est tiré de sa retraite et chargé de mission au cours de la quatrième guerre de religion, par le Duc de Montpensier, chef de l'Armée Royale. En 1575 il revient au château de Montaigne. De 1580 à 1582, Montaigne voyage à travers l'Europe pour se soigner et s'instruire. Elu maire de Bordeaux en sept. 1581 et réélu en 1583, il louvoie habilement entre Henri de Navarre et les représentants du roi Henri III. Il se trouve de nouveau mêlé à la politique, en 1587 (il reçoit Henri de Navarre après la bataille de Coutras), il est embastillé quelques heures dans les jours qui suivent la fameuse journée des Barricades (1588). Tout au long de ces années, il a poursuivi la rédaction et la publication des Essais. Il meurt en 1592.
«
Écrit, dans un livre à trois éditions remaniées, son histoire et celle de son siècle.
Témoin des intolérances et desexcès provoqués par les guerres de religion, il raisonne sur la manière d'ordonner sa propre vie à partir de sa curiosité naturelle et pour être sage.
Sous une apparence d'égotisme, il cherche les règles d'un art de mourir quipermettrait les joies et les réalités de l'existence.
Il dissimule ses propres découvertes à travers un récit cultivé etpaillard et donne en trois chapitres (au milieu exact de chaque livre) la somme de ses recommandations.
Devenu lemodèle pour tout l'humanisme du XVII e, il reste l'homme qui réalise une synthèse de toutes les cultures et sait, face aux découvertes de son temps (Le Nouveau Monde, L.
1.
Ch.
31), garder un jugement naturel.
Penseur profondément sceptique, Montaigne n'a cessé de pourfendre toute forme d'hypocrisie, d'intolérance, deracisme ou de colonialisme.
Son refus du dogmatisme rend possible une sagesse à hauteur d'homme.
Scepticisme et relativismeBien qu'il soit magistrat et maire de Bordeaux, Michel de Montaigne n'a rien d'un homme de pouvoir, intrigant et sûrde son fait.
«Je sais bien soutenir une opinion, mais non pas la choisir », écrit-il.
Dans ses Essais (1580), qu'il rédigedans la retraite que constitue sa bibliothèque — sa « librairie » —, Montaigne se montre avant tout sceptique àl'égard de toute forme de dogmatisme.
En se peignant lui-même impitoyablement, Montaigne «a peint la naturehumaine », notera Voltaire, séduit par cet esprit libre.
Car se peindre, c'est peindre l'« humaine condition » quechacun porte en soi, avec ses contradictions, ses doutes, sa misère.
Tel qu'il est, le monde «n'est qu'un branloirepérenne» (une balançoire perpétuelle).
Rien n'y est stable et constant.
Montaigne estprofondément sceptique à l'égard de la métaphysique et de sa prétention à connaître l'être(l'ontologie) et du dogmatisme religieux.
Sa philosophie relève tout à la fois du scepticisme et du relativisme — il necesse d'affirmer que les lois, les coutumes, les sciences sont relatives.
« Que sais-je ?» sera sa devise intellectuelle,qu'il emprunte au sceptique grec Sextus Empiricus (III siècle)..
Je hais cruellement la cruautéCes positions philosophiques s'accompagnent d'une extraordinaire attention à son époque, dont Montaigne refusel'hypocrisie et la cruauté.
Il dénonce impitoyablement la vénalité des juges comme les superstitions de sescontemporains.
Montaigne condamne notamment celles qui conduisent aux procès en sorcellerie, où se mêlent lescroyances irrationnelles et la répression politique des marginaux.
Adoptant une attitude en rupture avec sonépoque, Montaigne fustige encore la cruauté des conquérants européens qui, sous couvert de religion, massacrentles « sauvages » du Nouveau Monde : « Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de laraison, mais non eu égard à nous qui les surpassons en toutes sortes de barbaries.
»
Une sagesse humaineToutefois, ce regard lucide sur son temps, toujours d'actualité, ainsi que son scepticisme philosophique neprocèdent pas d'une vision tragique de l'existence.
Montaigne veut pardessus tout défendre la liberté d'esprit et laliberté d'expression.
Sa pensée est un appel à la tolérance qui sera entendu par les philosophes des Lumières.
Aucoeur de cette tolérance se trouvent le respect de la liberté des consciences et la conviction d'une unité universelledu genre humain, d'une égalité entre tous les hommes, par-delà leurs différences.
Montaigne est marqué à la foispar la philosophie stoïcienne, lorsqu'il affirme que l'homme doit méditer sur la mort pour l'« apprivoiser » librement, etpar le goût épicurien pour des plaisirs modérés.
Il est avant tout un humaniste qui nous dit que l'« homme doit savoirjouir loyalement de soi »..
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