Victor Hugo et le voyage imaginaire en Orient
Publié le 18/12/2014
Extrait du document
D'ombre et
de lumière
En réponse à la critique, Hu-go poursuit par un pied de nez biographique : « Il répon¬dra qu'il n'en sait rien, que c'est une idée qui lui a pris ; et qui lui a pris d'une façon assez ridicule, l'été passé, en allant voir coucher le soleil. « En effet, si l'aube sur Blois avait donné naissance à la première des Orientales en
«
1825, c'est dans la plaine de
Vanves que, au cours de
l'été
1828, Hugo vient admirer le
soleil couchant qui, plus que
tout, suscite la rêverie orien
tale.
Prenant des formes tour
à tour « hébraïques, turques,
grecques, persanes, arabes,
espagnoles même, car l'
Es
pagne c'est encore
l'Orient »,
·elle fait ressurgir du souvenir
de · «ces belles vieilles villes
d'Espagne ( ...
) enfin, à
l'.,autre
bout de la ville, cacbée dans
les sycomores et les palmiers,
la mosquée orientale ( ...
)
avec son
jour d'en haut, ses
grêles arcades, ses cassolettes
qui fument jour et nuit, ses
versets du Koran sur chaque
porte,
ses sanctuaires éblouis
sants,
et la mosaïque de son
pavé
et la mosaïque de ses
murailles ; épanouie au soleil
comme une large
fleur pleine
de parfums ».
« Stamboul » est aussi la ville
aux «cent coupoles d'étain
qui dans
l'ombr e étincellent »,
symbole de la cruauté des ty
rans turcs qui revêt une ac
tualité brûlante en ce début
de XIX • siècle avec le mas
sac r e des Grecs à Chio et plus
tard, en 1866, avec celui
des
Crétois .
Loin d'être une œuvre d'art
gratuite, Les Orientales sont
en
partie un réquisitoire con
tre la barbarie ottomane en
terre hellénique et un appel
lan
cé à l'Europe : « Les Tur cs
ont passé par là.
Tout est rui
ne
et deuil.
/ Chio, l'île des
vins, n'est plus
qu'un sombre
écueil.
»
Une saison en Orient
S
i Victor Hugo exploite la
veine d'un Orient sensuel
et pittoresque qui mêle les
têtes coupées aux fleurs du
sérail, il
veut rendre justice
aux richesses du passé et aux
promesses d'avenir
dont il est
porteur :« On a beaucoup
trop vu l 'époque moderne
dans le siècle de Louis XIV et
!'Antiquité dans Rome et la
Grèce : ne verrait-on pas de
plus haut et plus loin, en étu
diant l'ère moderne dans le
Moyen Age et !'Antiquité
dans l'Orient ? », car, prophé-
r ' ( /ttni/-
•
tise-t-il, « l'équilibre de l'Eu
rope paraît
prêt à se rompre;
le statu quo européen, déjà
vermou lu
et lézardé, craque
du côté de Constantinople ».
Et il voit dans l'émergence
d'Ali Pacha en Égypte l'équi
valent du Bounaberdi des
Arabes,
« qui est à Napoléon
ce que le tigre est au lion, le
vautour à l'aigle ».
Dans Lui,
Napoléon le Grand apparaît
revêtu de tous
ses titres de
gloire grâce à la campagne
d'Égypte :
« L'Égypte resplen
dit des feux de son aurore /
Son astre impérial se lève à.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Victor HUGO (1802-1885). « Heidelberg ». (Journal de voyage, Lettre 28.)
- « Vini, Vidi, Vixi », Les Contemplations, Victor Hugo
- lecture linéaire: Victor Hugo Pauca meae (livre 4)
- Victor Hugo, Les Contemplations 1856 IV « Pauca Meae », 12 « A quoi songeaient les deux cavaliers dans la forêt »
- Victor Hugo, Les Contemplations 1856 I, « Aurore », 5, « A André Chénier »