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Vérité et politique

Publié le 24/03/2024

Extrait du document

« I- La vérité de raison est une vérité qui relève du domaine des sciences, elle peut être arithmétique, algébrique, géométrique, en bref, mathématique, ou bien scientifique voir même philosophique.

C’est une vérité non contingente, démonstrativement certaine.

Elle ne peut être à la fois juste et fausse c’est soit vrai soit faux mais pas tantôt l’un et tantôt l’autre.

Une vérité est donc dite de raison lorsqu’une théorie ou un énoncé est vrai par ses relations logiques internes « Tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel ».

En me référant à la page 293 je peux aussi prendre pour exemple l’énoncé suivant « les trois angles d’un triangle doivent être égaux à deux angles d’un carré ».

C’est l’axiome des parallèles d’Euclide plus simplement formulé comme suit : La somme des angles d’un triangle est égale à l’angle plat, soit 180 degrés.

Cette proposition démontrée par Euclide reste vraie pour toujours elle exprime une relation logique entre des figures géométriques et ne dépendra jamais d’un contexte extérieur.

Autre exemple, deux fois deux est égal à quatre exprime une relation entre ces nombres par la seule opération de la pensée. La vérité de fait quant à elle, est une vérité contingente, elle peut se produire ou non.

Le contraire d’un fait quelconque est toujours possible.

« Il pleut » est une vérité de fait puisqu’à certains moments cela est vrai et à d’autres c’est faux.

Il faut qu’il y ait adéquation entre la chose et ce que j’énonce.

Seul le recours à l’observation des faits peut fonder la vérité.

On peut donc avancer qu’une vérité est dite de fait quand le discours ou l’énoncé correspond au réel. Les vérités de fait sont donc tel que, si bien dit, par l’auteur à la page 294 « des vérités modestes » puisque aucune nécessité logique, démonstrative ou intellectuelle n’est exigée.

Elles dépendent uniquement d’une situation ou un état particulier, souvent engendré par des hommes, elles sont plus vulnérables que les vérités de raison dans la mesure où elles sont facilement manipulables par les politiques.Elles seront falsifiées ou éliminées au gré du besoin. En effet, les partis politiques ou les politiciens d’une manière générale peuvent avoir des idéologies différentes qui les amènent à présenter les faits d'une manière qui favorise leur vision.

Ils peuvent avoir intérêt à mentir ou à détourner l'attention des faits précis pour avancer leurs propres intérêts ou ceux de leur parti. Par contre, les politiques doivent faire face à un défi important lorsqu'ils tentent de s'attaquer à des vérités de raison.

En effet, les théories, les axiomes et les découvertes en général sont remarquablement résistantes et persistent à travers le temps.

Page 295. IILa politique est investie par le mensonge, la tromperie et la manipulation.

Ses vérités les plus importantes sont donc des vérités de fait. Historiquement, elle est entrée en conflit, tel que clairement mentionné à la page 295, avec la véritérationnelle. En effet, la vérité rationnelle est souvent recherchée à travers la logique, la raison, et la méthode scientifique.

Elle repose sur la recherche de preuves, d'arguments solides et de méthodes systématiques pour parvenir à des conclusions justes et objectives. Les philosophes et les scientifiques s'efforcent de découvrir des vérités qui sont indépendantes des interprétations personnelles, des croyances ou des intérêts particuliers.

Le contraire d’une affirmation rationnelle est une illusion ou opinion pour les premiers et une erreur ou ignorance pour les seconds.

Il n’y a pas de demimesure, de nuance ou de falsification, armes de prédilection de la politique. Le conflit entre vérité et politique a disparu sous cette forme parce qu'il a évolué vers un conflit entre vérité et opinion.

Une vérité du philosophe par opposition à l’opinion du citoyen et du politique. Pour un philosophe la vérité suppose un effort rigoureux de l’esprit qui n’est pas le propre du citoyen dont les opinions sont changeantes et versatiles on assiste donc dès la page 296 à une dégradation de l’opinion qui devient assimilée à l’illusion. Platon distinguait vérité des philosophes et opinion des citoyens.

Déconsidérée en raison de son caractère inconstant et illusoire, l’opinion fut donnée pour le contraire de la vérité. L'opinion est toujours partielle, relative et changeante.

Elle est propre à chacun ou à un groupe d'individus, elle peut donc être partagée, c’est d’ailleurs l’arme du démagogue, du politicien elle constitue la base de tout pouvoir avec comme appui, ceux qui sont du même avis.

Cependant, il ne suffit pas qu'une opinion soit partagée pour qu'elle soit vraie.

La vérité est le propre du philosophe. De son coté, Hobbes parle de deux facultés contraires que sont le raisonnement solide fondé sur la vérité et l’éloquence puissante basée sur les opinions et passions qui sont variables.

Page 297 Kant, Madison et Spinoza mettent en avant l’importance de la liberté de pensée et d’en faire un usage public d’où l’importance du nombre pour être diffusée. Le passage de la vérité rationnelle à l’opinion implique le passage à une vie au pluriel : celle du citoyen. Ceci montre bien la différence entre la vie du citoyen et celle du philosophe pour qui ces considérations sont à négliger. Aujourd’hui, la contingence entre la vérité du philosophe et l’opinion échangée a disparu.

Le philosophe, tout comme le religieux, ne prétend plus être dominant. Ce conflit a pris, par la suite, une nouvelle forme celle de la politique contre la vérité de fait Les politiques font la guerre à la vérité.

C'est une réalité connue.

En effet, la vérité les contraint, les limite, ils doivent s’incliner devant elle.

Leurs offensives contre les vérités de fait, qui, contrairement aux vérités rationnelles, peuvent être falsifiées, sont les plus obstinées, d'autant plus, si leur poids politique ou leur intérêt peuvent être compromis.

Page 300 Dans les régimes totalitaires, c’est le recours à la manipulation et au mensonge qui prime.

Il n’a potentiellement plus de limites quand les moyens dont on dispose sont à grande échelle.

La vérité de fait est, aussi, mise à mal dans les régimes démocratiques libres, mais d’une autre façon, par la transformation des vérités de fait gênantes en opinions.

Leur vérification est ainsi compromise par leur assimilation à une opinion.

Page 301 En réalité, les faits et les opinions ne s’opposent pas.

Les faits constituent la matière des opinions et les opinions sont formulées en fonction d’intérêts différents.

La liberté des opinions reste légitime dans la mesure où elle est conforme à la vérité de fait.

Page 303 Sauf que historiens et philosophes ont démontré qu’il est impossible de constater des faits sans interpréter.

Le choix qu’ils effectuent donne une Histoire racontée dans une perspective choisie par celui qui l’écrit.

Cette interprétation est souvent une affaire de pouvoir, de politique.

Page 304 On revient ici à notre affirmation de départ que la nature du domaine politique est d’être en guerre contre la vérité sous toutes ses formes et la soumission à la vérité de fait serait une attitude antipolitique. IIIQuand on la considère du point de vue de la politique la vérité à un caractère despotique, tyrannique.

En effet c’est une vérité vraie, on ne pas la discuter.

Elle s’impose.

Elle est établie grâce à l’instruction et l’enseignement et admise par persuasion. Cette vérité despotique concurrence d’un côté les tyrans par une force coercitive qu’il ne peuvent pas mobiliser et monopoliser mais s’attire d’un autre côté l’antipathie des gouvernements qui reposent sur le consentement et arborent la coercition Son caractère despotique se manifeste aussi par le fait qu’une vérité importune n’est pas sujette, à l’instar d’une opinion importune, à discussion ou à rejet on ne peut la déstabiliser que par le mensonge. Ce caractère despotique s’étend aussi à la vérité de fait qui exige au préalable d’être reconnue, elle rejette toute discussion qui est l’essence même de la politique. La pensée politique, en elle-même, repose sur la représentativité, elle prend en considération tous.... »

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