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Vérifier une théorie par l'expérience ou de la scientificité d'une théorie ?

Publié le 09/02/2004

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Le diamètre d'un atome est de quelque dix millionièmes de millimètres tandis que notre galaxie a un diamètre de cent mille années-lumière. Le monde scientifique, le monde objectif est ainsi un monde transposé et reconstruit à travers tout un réseau de manipulations techniques et d'opérations intellectuelles : « les faits sont faits » (Le Roy). Cette objectivité, conquise contre les illusions subjectives propres aux données sensorielles brutes, n'est atteinte que par une médiation, par un détour théorique et technique dont la complexité s'accroît sans cesse. Si le faits n'est pas « fait », n'est pas créé de toutes pièces, du moins est-il « refait », comme le dit Pradines. Le fait est toujours un résultat obtenu dans des conditions déterminées, précises, elles-mêmes instaurées à partir d'un capital de savoir et de technique. Qu'est-ce alors qu'une théorie scientifique ? Popper explique que l'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente. Les théories n'ont qu'une valeur provisoire. Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions. Tout succès scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

« monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue de quelque autremanière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notre monde del'expérience.

»La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté.Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilementtestés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » parl'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elleéchoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse.Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de nombreusesobservations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être falsifié parl'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne le sont pas : « Un systèmefaisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

»Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique,puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit, l'irréfutabilité n'est pas vertumais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories commele marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité des phénomènes qui seproduisent dans leur domaine d'attribution, qu'aucun fait ne pourra jamais contredire.Prenons l'exemple de la psychanalyse.

N'est-ce pas une théorie qui échappe à toute épreuve qui pourrait la réfuter ?Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, au fond, pour le psychanalyste,une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse, ne peut-ellepas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclut aucun fait deson domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de faussescience, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie.Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manièreconcluante.

Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience »,cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendrecomme critère de démarcation ».

Est vrai ce qui peut être falsifié. On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de lanature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découvertedes faits capables de l'infirmer.

L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établiedans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.

Les progrès se font par erreurs, par conjectures etréfutations.

On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux testsdestinés à l'invalider.

On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.

Ellepeut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation, lorsqu'un paramètre tend vers une valeurlimite.

Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton est englobée dans la théorie de la relativitégénéralisée de Einstein.

On peut même conjecturer que, sans être vraies, les théories nouvelles sont plus prochesdu vrai que celles qu'elles ont dépassées.

Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriqueset les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même.Toutefois ce n'est pas parce que certaines théories ne répondent pas à ce critère de falsifiabilité qu'il fautnécessairement les ravaler au rang de pseudo-sciences.

Il y a là une affirmation d'autant plus dogmatique quesavoir ce qu'est une science n'est pas décidable scientifiquement.

Il y a là aussi ce préjugé tenace que les sciencesphysiques sont le modèle de toute science, préjugés qui a freiné l'évolution des sciences humaines.

Voyons lacritique de la psychanalyse : elle est certes séduisante, mais elle oublie le statut particulier de cette théorie qui viseà formuler des « vérités » sur un objet qui est l'inconscient, objet qui ne fait pas sens dans le sens du discours quela conscience tient sur elle-même.

La théorie freudienne est liée à la découverte, par Freud, de son propreinconscient et de certaines dimensions qui se retrouvent dans l'inconscient de tout homme.

Comme le souligneLaplanche, « la psychanalyse personnelle est la voie royale pour accéder à quelque part de la véritépsychanalytique.

» CITATIONS: « L'accord avec l'expérience est, pour une théorie physique, l'unique criterium de vérité.

» Pierre Duhem, La Théorie physique, son objet, sa structure, 1906. « Toute l'initiative expérimentale est dans l'idée, car c'est elle qui provoque l'expérience.

» Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865.A l'origine de toute recherche scientifique, il y a une idée ou une hypothèse qui postule une relation de causalitéentre divers phénomènes naturels, relation dont la réalité pourra être vérifiée au moyen de l'expérience. « Pour être digne de ce nom, l'expérimentateur doit être à la fois théoricien et praticien.

[...] Une main habilesans la tête qui la dirige est un instrument aveugle; la tête sans la main qui réalise reste impuissante.

» Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865.. »

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