Devoir de Philosophie

Vaut-il mieux etre perdu dans sa passion ou avoir perdu sa passion ?

Publié le 04/01/2006

Extrait du document

PASSION (lat. passio; de pati, supporter, souffrir)

Gén. La passion se définit en s'opposant d'abord à l'action (tel est son sens premier), puis à la raison (sens plus tardif). L'acception courante du terme désignant un attachement dominant (comme dans l'expression « la passion du jeu ») évoque encore l'idée d'une dépendance dont on pâtit davantage qu'on ne la choisit et qui peut être déraisonnable. Phi. En grec pathos, opposé à action. Chez Aristote, une des dix catégories, qui désigne l'accident consistant à subir une action. De même, au xvii' siècle, les passions comprennent tous les phénomènes passifs de l'âme. Ainsi, pour Descartes, les passions de l'âme sont les mouvements qui se produisent en elle quand, « touchée du plaisir ou de la douleur ressentie dans un objet », elle le poursuit ou s'en éloigne. La passion s'oppose plus précisément à la raison dès lors qu'à partir du xviiie siècle on la définit comme une tendance assez puissante pour dominer la vie de l'esprit. Ainsi, pour Kant, les passions relèvent de la faculté de désirer et sont des « tendances qui rendent difficile ou impossible toute détermination de la volonté par des principes ».

Le mot « passion « vient du latin pati qui signifie « souffrir «. L’origine de terme est donc péjorative, mauvaise. Elle renvoie en effet en premier lieu à tous les phénomènes passifs de l’âme. La passion semble donc être subie plutôt qu’agie ou réfléchie. Les premiers philosophes ont par suite tous, mis en garde contre les dangers de la passion qui enlève toute puissance à la raison. Le sujet nous demande s’il est préférable, pratiquement mais aussi moralement, de vivre sa passion au point de ne plus être ouvert à autre chose ou de ne plus avoir de passion. Le terme « perdu « renvoie à une absence totale de la raison et semble s’accorder avec la critique de la passion qui ne permet plus au sujet d’être raisonnable et de réfléchir. La passion altère donc la partie la plus noble de l’homme. Pourtant, l’homme ne se définit-il pas aussi par les passions ? N’est-ce pas elles qui lui permettent d’agir, de concentrer ses forces et son énergie sur un objectif ? Ne peut-on pas trouver un juste milieu et vivre sa passion sans sombrer dans la folie et l’irraisonnable ?

« - Il est peut-être faux alors de dire que les passions ne sont que passivités.Les passions sont ce qui permet à l'homme d'agir, de se fixer un but.

Hegel acritiqué par suite cette conception des passions.

Ces dernières deviennentalors pour lui des énergies spirituelles.

L'énergie du vouloir rassemble toutel'activité de l'homme vers un but et c'est à cette seule condition que l'hommepeut persévérer dans son action.

« L'homme qui produit quelque chose devalable y met toute son énergie.

[…] La passion est un penchant presqueanimal qui pousse l'homme à concentrer son énergie sur un seul objet.

» ( La raison de l'histoire ) Les passions sont alors la marque des grands hommes et sont les vrais moteurs de l'histoire, des exploits et des inventions.

Elle permetd'accomplir des grandes choses et « rien de grand ne s'est accompli dans lemonde sans passion.

» ( Leçons sur la philosophie de l'histoire ) "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion..." HEGEL La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moinsmauvaise.

Le romantisme allemand et, en particulier, Hegel restituent à lapassion toute sa grandeur.

Dans une Introduction fameuse (« La Raison dansl'histoire ») à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » - publiées après samort à partir de manuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -,on peut lire (trad.

Kostas Papaioannou, coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.

Cet intérêt nous l'appelonspassion lorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur unobjectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous sesbesoins.

En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion.

» L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure : « Quia contemplé les ruines de Carthage, de Palmyre, Persépolis, Rome, sans réfléchir sur la caducité desempires et des hommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Ce n'est pas commedevant la tombe des êtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à lacaducité des fins particulières: c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée.

»L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations «les plusgrandes et les plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », «l'autel sur lequel ont étésacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus ».

Elle nous montre leshommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes,davantage mus par leurs intérêts personnels que par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant untel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voir l'œuvre du destin ? Non, car derrière l'apparencebariolée des événements se dévoile au philosophe une finalité rationnelle : l'histoire ne va pas au hasard,elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

La Raison divine, l'Absolu doit s'aliénerdans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « la tragédie que l'absolu joueéternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre sous cette figure quiest la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté».Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, hérosou grands hommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts,figurent la réalité de l'Esprit et constituent la vie même de l'absolu .« L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.Mais son travail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avaittrouvé sa jouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Cequ'était son œuvre devient ainsi matériau que son travail doit transformer en une œuvre nouvelle.

» Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dressechaque fois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée,pour s'élever à une forme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps,soumis au jugement, mourant dans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel,mais vivant et présent dans le monde », de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pourse réaliser dans sa vérité et dans sa certitude. Dès lors, ce n'est pas en vain que les individus et les peuples sont sacrifiés.

On comprend aussi que lespassions sont, sans le savoir, au service de ce qui les dépasse, de la fin dernière de l'histoire: laréalisation de l'Esprit ou de Dieu.

Chaque homme, dans la vie, cherche à atteindre ses propres buts,cache sous des grands mots des actions égoïstes et tâche de tirer son épingle du jeu.

Et la passion, cen'est jamais que l'activité humaine commandée par des intérêts égoïstes et dans laquelle l'homme mettoute l'énergie de son vouloir et de son caractère, en sacrifiant à ses fins particulières et actuelles toutesles autres fins qu'il pourrait se donner: « Pour moi, l'activité humaine en général dérive d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut,d'intentions égoïstes, en ce sens que l'homme met toute l'énergie de sa volonté et de son caractère auservice de ses buts en leur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifiant. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles