Valéry et l histoire
Publié le 13/09/2015
Extrait du document
«L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. »
«Nous avons progressivement découvert que l’objectivité de la connaissance historique est mythique, que toute histoire est écrite par un homme, et que lorsque cet homme est un bon historien, il y met beaucoup de lui-même... Je pense que l’historien ne doit pas se méprendre. Ce qu’il énonce, lorsqu’il écrit l’histoire, c’est son propre rêve; il y a bien sûr entre l’histoire et le roman cette très grande différence qui tient au fait que la fiction historique doit s’accrocher à quelque chose qui a vraiment été vécu; mais la démarche n’est au fond pas tellement différente. L’historien raconte une histoire, une histoire qu’il forge à l’aide d’un certain nombre d’informations concrètes. »
«
Histoire 1 119
Que de livres furent écrits qui se nommaient: «La
Leçon de ceci, les Enseignements de cela ,.
...
! Rien de
plus ridicule
à lire après les événements qui ont suivi les
événements que ces livres interprétaient dans
le sens de
l'avenir.,.
Valéry poursuit en démontrant que les transformations
du monde moderne rendent encore plus vaine l'activité
historique.
La réalité, aujourd'hui, en effet, est une: le
monde n'est plus divisé en pays ou civilisations étan
ches les unes aux autres, séparées par des espaces in
franchissables.
Si bien que tout événement aujourd'hui
est mondial, et toute réalité internationale.
Comment
dans ces conditions prétendre encore trouver un sens à
une Histoire devenue
si complexe? Une Histoire où
chaque élément agit sur l'ensemble, sans qu'aucune
prévision reste encore possible, sans qu'aucun calcul
soit même envisageable.
Présentée avec particulièrement de force dans ce texte
de
1928, la dénonciation de l'Histoire est un des leitmo
tive de l'œuvre d'ensemble de
Paul Valéry.
Il s'agit là
d'un point sur lequel
il n'a jamais varié.
On pourra s'en
assurer en
se reportant par exemple au «Discours de
l'Histoire», un discours de 1932 repris dans les «Essais
quasi politiques» (Variété).
En une formule célèbre,
Valéry y affirme que
«l'Histoire est la science des cho
ses
qui ne se répètent pas».
Mais ce texte est surtout
intéressant par la critique des présupposés et des mé
thodes de la discipline historique qu'il contient.
Criti
que qui n'empêche d'ailleurs pas Valéry de rendre un
hommage, ambigu
il est vrai, au discours de l'historien:
«Toutes ces conventions sont inévitables.
Je ne critique
que
la négligence qui ne les rend pas explicites,
conscientes, sensibles
à l'esprit.
Je regrette que l'on
n'ait pas fait pour l'histoire ce que les sciences exactes
ont fait
sur elles-mêmes, quand elles ont révisé leurs.
»
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