Une vraie démocratie doit-elle tolérer les inégalités ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
présent, un tout petit enfant sera l'égal de l'acheteur le plus avisé, si seulement plusieurs marchandsoffrent publiquement à plusieurs acheteurs la chose que le petit enfant désire.
Je n'en demande pas plus.Le droit règne là où le petit enfant qui tient son sou dans sa main et regarde avidement les objets étalés,se trouve l'égal de la plus rusée ménagère.
On voit bien ici comment l'état de droit s'opposera au libre jeu de la force.
Si nous laissons agir lespuissances, l'enfant sera certainement trompé ; même si on ne lui prend pas son sou par force brutale, onlui fera croire sans peine qu'il doit échanger un vieux sou contre un centime neuf.
C'est contre l'inégalitéque le droit a été inventé.
Et les lois justes sont celles qui s'ingénient à faire que les hommes, lesfemmes, les enfants, les malades, les ignorants soient tous égaux.
Ceux qui disent, contre le droit, quel'inégalité est dans la nature des choses, disent donc des pauvretés.
»
La démocratie est un type de système politique basé sur la participation de tous et le dialogue de tousavec tous, si bien qu'il est possible que tous décident, contre l'exercice de la force par quelques-uns, dessolutions les plus égalitaires à appliquer à tel ou tel problème.
L'exercice collectif du pouvoir endémocratie semble permettre un nivellement des inégalités - le droit démocratique prend en charge tousles citoyens de la même manière, par exemple, et ce droit exprime un souci d'égalité.
Tolérer desinégalités au sein d'un tel système, c'est laisser place à l'exercice de la force, qui déséquilibre le systèmeégalitaire au profit de certains, et aliène donc la démocratie.
* Les inégalités sont-elles suppressibles ?
Rawls, Théorie de la justice
« Je présenterai maintenant, sous une forme provisoire, les deux principes de la justice sur lesquels seferait un accord dans la position originelle.
[...] En premier lieu : chaque personne doit avoir un droit égalau système le plus étendu de libertés de base égales pour tous qui soit compatible avec le même systèmepour les autres.
En second lieu : les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façonà ce que, à la fois, l'on puisse raisonnablement s'attendre à ce qu'elles soient à l'avantage de chacun etqu'elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes à tous.
[...] Ces principess'appliquent, en premier lieu, [...], à la structure sociale de base ; ils commandent l'attribution des droitset des devoirs et déterminent la répartition des avantages économiques et sociaux.
Leur formulationprésuppose que, dans la perspective d'une théorie de la justice, on divise la structure sociale en deuxparties plus ou moins distinctes, le premier principe s'appliquant à l'une, le second à l'autre.
Ainsi, nousdistinguons entre les aspects du système social qui définissent et garantissent l'égalité des libertés debase pour chacun et les aspects qui spécifient et établissent des inégalités sociales et économiques.
Or,il est essentiel d'observer que l'on peut établir une liste de ces libertés de base.
Parmi elles, les plusimportantes sont les libertés politiques (droit de vote et d'occuper un poste public), la libertéd'expression, de réunion, la liberté de pensée et de conscience ; la liberté de la personne qui comporte laprotection à l'égard de l'oppression psychologique et de l'agression physique (intégrité de la personne) ; ledroit de propriété personnelle et la protection à l'égard de l'arrestation et de l'emprisonnement arbitraires,tels qu'ils sont définis par le concept de l'autorité de la loi.
Ces libertés doivent être égales pour tousd'après le premier principe.
Le second principe s'applique, dans la première approximation, à la répartitiondes revenus et de la richesse et aux grandes lignes des organisations qui utilisent des différencesd'autorité et de responsabilité.
Si la répartition de la richesse et des revenus n'a pas besoin d'être égale,elle doit être à l'avantage de chacun et, en même temps, les positions d'autorité et de responsabilitédoivent être accessibles à tous.
On applique le second principe en gardant les positions ouvertes, puis,tout en respectant cette contrainte, on organise les inégalités économiques et sociales de manière à ceque chacun en bénéficie.
»
Il faut s'intéresser maintenant non pas aux inégalités de droit, mais aux inégalités de fait : certains sontplus riches que d'autres, par exemple.
La démocratie doit-elle niveler ce type d'inégalités ? Cela présentele risque de nier l'existence individuelle pour promouvoir une existence collective.
Chaque homme n'estplus un individu, il devient uniquement un citoyen.
Le nivellement de certaines inégalités semble nierl'existence des individus : il semble donc qu'il faille que la démocratie tolère un certain type d'inégalités,que le texte de Rawls aidera à définir.
* La démocratie et les inégalités dans l'exercice du pouvoir : la question de la compétence.
»
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