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Une vérité peut-elle etre inutile ?

Publié le 04/01/2006

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Peut-on par conséquent être dans le vrai sans forcément se conformer explicitement aux règles de la morale ? Enjeu : qu'est-ce qui est proprement utile ? La valeur d'une vérité ne dépend-elle pas davantage de ses conséquences pratiques plutôt que de sa justesse morale ?   2-      Une vérité peut être inutile : le réalisme politique   Pour Machiavel, la vérité d'une idée ne se juge pas aux conséquences morales qu'elle est susceptible d'engendrer : le prince a bien agi, s'est comporté avec justesse et rectitude, lorsque son action s'est avérée efficace. Autrement dit, un comportement moral, s'il est inefficace, n'a plus aucune valeur sur le plan politique. Pourquoi ? Selon l'auteur du Prince et des Discours, , il faut bien comprendre qu' « un esprit sage ne jugera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou fonder une république. Ce qui est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse ; si le résultat est bon, il est acquitté » (Discours, I, 9). Autrement dit, il faut séparer la politique de la morale et par là même, il convient de distinguer ce qui est vrai au sens de juste moralement et ce qui est vrai au sens de juste effectivement )→ = savoir ce qu'est la « vérité effective de la chose ». Exemple : César Borgia « fût plus clément que le peuple florentin qui, pour éviter le reproche de cruauté, laissa détruire la ville de Pistoia ».

Est utile ce qui sert un intérêt. Une vérité sera donc dite utile si son usage présente un avantage comme celui de satisfaire un besoin ou un désir. Au contraire, une vérité est donc inutile lorsqu’elle se montre dommageable, nuisible et qu’elle dessert quelqu’un. Mais de quel droit évaluer la vérité en des termes économiques ? Ce qui est vrai ne s’impose-t-il pas sans égard au plaisir ou au déplaisir qui pourrait en résulter ? Toutefois, la vérité n’est pas seulement ce qui est pensé et elle ne se limite pas à désigner la forme et la cohérence d’une connaissance qui est conforme à son objet : elle est aussi une valeur. Le vrai est aussi ce qui est juste, correct, au sens moral du terme (le contraire du vrai ici n’est pas l’erreur mais la faute). Mais comment une vérité, étant par définition ce qui est juste, peut-elle alors être inutile ? Comment la rectitude morale (l’honestum ou convenance des latins) pourrait-elle nous desservir, aller contre notre intérêt ? Cependant, l’équation vrai et bien ne va pas de soi. Ne peut-on pas être dans le vrai sans être vertueux « coûte que coûte « ?

« Pour Machiavel, la vérité d'une idée ne se juge pas aux conséquences morales qu'elle est susceptible d'engendrer : le prince a bien agi, s'est comporté avec justesse et rectitude, lorsque son action s'est avéréeefficace.

Autrement dit, un comportement moral, s'il est inefficace, n'a plus aucune valeur sur le plan politique .

Pourquoi ? Selon l'auteur du Prince et des Discours , , il faut bien comprendre qu' « un esprit sage ne jugera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen horsdes règles ordinaires pour régler une monarchie ou fonder une république.

Cequi est à désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse ; si lerésultat est bon, il est acquitté » ( Discours , I, 9).

Autrement dit, il faut séparer la politique de la morale et par là même, il convient de distinguer ce qui est vrai au sens de juste moralement et ce qui est vrai au sens de justeeffectivement ) = savoir ce qu'est la « vérité effective de la chose » . Exemple : César Borgia « fût plus clément que le peuple florentin qui, pouréviter le reproche de cruauté, laissa détruire la ville de Pistoia ».

Borgia adonc eu raison de faire « un petit nombre d'exemples de rigueur » plutôt quede laisser « par trop de pitié, s'élever des désordres d'où s'ensuivent desmeurtres et des rapines ».

Conséquence : « Il nécessaire à un prince, s'il veut se maintenir, d'apprendre à pouvoir n'être pas bon ».

Telle est la « véritéeffective » : il s'agit de s'adapter à la fortune, d'agir efficacement et c'est decette façon que la moralité peut être nuisible.

Transition : Une vérité non effective, (un principe abstrait) peut être inutile : la volonté de demeurer moral à n'importe quel prix peut être une faute.

La valeur d'une action se mesure non pas à la moralité des moyens employés mais à laconsistance du résultat obtenu.

L'intérêt d'une vérité tient donc à son efficacité pratique.

Une vérité peut donc être injuste si elle ne contribue pas à la préservation du pouvoir politique , c'est-à-dire si elle tend à dissoudre un peuple. Si la vérité est un bien, et est donc utile, vouloir de ce fait imposer une vérité « à tout prix », révèle alors une volonté effrayante, suspecte.

Pascal a écrit : « on se fait une idole de la vérité même ».

Jusqu'où cette idolâtrie est-elle tenable ? Ne faut-il pas lui assigner des limites ? Finalement tel est le problème qui sous-tend notre sujet : une vérité n'a d'utilité que dans certaineslimites ; lesquelles ? 3- LA VOLONTÉ DE VÉRITÉ PEUT ÊTRE NUISIBLE À LA VIE Pour Nietzsche, la vérité telle qu'elle est envisagée du point de vue de la morale, exprime une certaine attitude par rapport à la vie : « Il ne faut pas avoir déjà au préalable avoir répondu Oui à la question de savoir si la vérité est nécessaire, mais encore y avoir répondu Oui à un degré tel que s'y exprime la principe, la croyance, laconviction qu'“il n'y a rien de plus nécessaire que la vérité, et que par rapport à elle tout le reste n'a qu'une valeur de second ordre” » ( Le gai savoir , §344 ).

Ce que montre Nietzsche, c'est que vouloir le vrai débute par une soumission presque religieuse (le § a pour titre « en quoi nous sommes encore pieux »).

Il y a comme un « amour fou » de la vérité qui subordonne à son objet tout le reste. Or selon Nietzsche, cette volonté n'est pas utile à la vie : « il se pourrait qu'un tel projet […] soit un principe de destruction hostile à la vie… « volonté de vérité » — cela pourrait être une secrète volonté de mort ».

C'est parce que la vie se caractérise primitivement comme apparence, devenir, changement, illusion et incertitude, que lavolonté de vérité ne peut que s'y opposer. Finalement, demander si une vérité peut être inutile, revient à dégager ce que des principes abstraits, éloignés du réel ont de dangereux ; c'est donc souligner ce qu'il y a de préjugés à faire de la vérité une valeur absolue, au sens politique du terme, c'est-à-dire qui n'admet aucune limitation dans son exercice ou sesmanifestations.

[1] Cicéron, Traité des devoirs. »

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