Une théorie scientifique peut-elle être à la fois vraie et provisoire ?
Publié le 08/03/2004
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• Est-il légitime (« peut-on «) d'affirmer d'une théorie scientifique qu'elle est à la fois vraie et provisoire ? Une théorie scientifique désigne un énoncé universel synthétique, intégrant un très grand nombre de faits, une sorte de « filet « permettant de capter et de rassembler les phénomènes, de manière à les rendre rationnels et ce grâce à son caractère unitaire. Elle représente l'unification logique d'une pluralité de lois coordonnées en un tout. Cette théorie est vérifiable, c'est-à-dire que les phénomènes qu'elle intègre peuvent être expérimentalement contrôlés. De ce fait, ils sont reconnus conformes au réel, donc vrais. L'intitulé nous questionne sur le caractère définitif de la validité de ce vrai. Est-il légitime d'affirmer simultanément la conformité au réel et la caducité des grands ensembles scientifiques unitaires ? Une théorie scientifique peut-elle être à la fois vraie et provisoire ? • Le problème posé par le sujet est le suivant : la vérité recherchée par la science est-elle étrangère au devenir et à la temporalité, marquée du sceau de l'éternité, ou bien s'intègre-t-elle dans un mouvement dynamique et temporel ? Ce problème est central et crucial pour les hommes de sciences contemporains.
I) une théorie peut être vraie et malgré tout provisoire.
a) L'histoire des sciences montre que les théories scientifiques se succèdent. b) Science et approximation. c) Le principe épistémologique de la FALSIFICATION (Popper).
II) Une théorie scientifique ne peut pas être à la fois vraie et provisoire.
a) La science est la connaissance des idées éternelles. b) Une théorie scientifique explique la réalité une fois pour toutes. c) La grandes théories ne sont pas invalidées mais relativisées: l'exemple de Newton.
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«
celle de puissance.
Une théorie n'est plus vraie mais dite puissante lorsqu'elle permet d'expliquer un grandnombre de phénomènes ou lorsqu'elle donne l'espoir de résoudre certains problèmes.
Ainsi, les connaissancesscientifiques sont admises non pas parce qu'elles décrivent objectivement la réalité mais par leur capacité àdécrire momentanément des phénomènes observés.
Mais cette nouvelle approche des sciences pose problème : ont-elle un quelconque rapport avec la réalité(même subjective et phénoménale).
En effet, toute théorie, toute démonstration, de la plus élégante à la pluspuissante suppose des hypothèses ou des postulats.
Car ces connaissances scientifiques que l'on qualifie troprapidement de vraies ne peuvent pas être déduites d'elles-mêmes.
L'édifice scientifique ne repose que sur desaffirmations que l'on tient pour véridique.
Aussi peut-on dire que les sciences sont « vraies » parce qu'on ycroit...
Les sciences qui passent pour vraies aux yeux du sens commun ne sont que des scienceshypothético-déductives.
Le scientifique est un homme de foi, d'une foi non religieuse mais d'une foiépistémologique.
Les connaissances scientifiques ne décrivent le phénomène ou résolvent des énigmes que sil'on admet les axiomes de départ mais qui nous assurent de la véracité de leur fondement ? Une fois encorel'histoire des idées scientifiques nous poussent à suspecter le rapport science et phénomène: à la géométrieeuclidienne est apparue une géométrie non-euclidienne...
Les sciences ne seraient-elles pas qu'un rêve ?Cohérent certes mais un rêve quand même.
Une théorie scientifique n'est qu'une approximation toujours plus rigoureuseDans sa thèse principale de doctorat, Essai sur la connaissance approchée, Gaston Bachelard montre qu'il nepeut pas y avoir de connaissances scientifiques exactes et définitives.
Tout au plus s'approche-t-on demanière plus exacte des phénomènes.
Cette approche se fait au détriment des théories précédentes, moinsprécises.
Ainsi les concepts scientifiques se généralisent et se rectifient.
La vérification expérimentale est uneperpétuelle « crise de croissance de la pensée » (Bachelard).
Dans une dialectique sans fin, la réalité, laréalité propose « une masse d'objections » à la « raison constituée d'une époque », l'esprit « réplique » par denouvelles théories qui seront rectifiées à leur tour.
Il est de l'essence de la science de n'être jamais achevée,c'est ce qui fait sa faiblesse aux yeux des amoureux incorrigibles de l'absolu – qui sont parfois les amoureux durepos, des certitudes confortables et des erreurs paisibles.
C'est ce qui fait sa valeur éminente, aux yeux dequiconque préfère les risques et les aventures de la recherche à la possession définitive de certitudesillusoires.
Une théorie est vraie tant qu'elle n'est pas falsifiéeKarl Popper, dans La Logique de la découverte scientifique, considère qu'une théorie ne reste vraie que tantqu'elle supporte les tests auxquels elle est soumise.
Plus exactement, il dira que cette théorie estprovisoirement «corroborée».
Des tests ultérieurs peuvent très bien conduire à son invalidation, c'est-à-dire,pour employer le langage de Popper, à sa «falsification».
L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.
Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.
Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.
Toutsuccès scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.
Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme etaffirmer qu'il n'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de lamétaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des scienceshumaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.
Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.
En d'autrestermes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pour toutes, dans uneacception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, au moyen de testsempiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir êtreréfuté par l'expérience.
»
A l'époque de Popper , on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.
Autrement dit, en multipliant les observations et lesexpériences, le savant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait commenécessaires et universellement valides.
Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pasvérifiable est « métaphysique » et doit être éliminé de la science.
Or, comme le souligne Popper , l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories àpartir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tousles cygnes sont blancs. »
Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.
Endeuxième lieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysiquemais devra représenter un monde de l'expérience possible.
En troisième lieu, il devra constituer un systèmequi se distingue de quelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seulà représenter notre monde de l'expérience.
».
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