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Une théorie physique a-t-elle pour but d'expliquer les phénomènes ?

Publié le 05/03/2004

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physique

Quels sont le rôle et le statut d’une théorie physique ? Celle-ci doit-elle, là où la simplement expérience est un échec, mettre au jour les lois qui régissent les productions des phénomènes ? Comment donc, et pourquoi se construit les théories physiques ? Ne sont-elles pas, bien plus profondément que de simples explications, une véritable construction de la raison ?

I.                   Le rôle d’une théorie physique est de rendre compte des phénomènes de manière explicative

II.                Mais cette explication n’est jamais absolue et définitive : une bonne théorie physique est celle qui est capable de résister à la falsification

 

III.             La théorie physique est plutôt une construction qu’une explication des phénomènes

 

 

physique

« nature, c'est-à-dire de découvrir les lois qui les régissent, par-delà leur simple apparition phénoménale.Réduite à elle-même, la nature est, en quelque sorte, muette : seule une curiosité humaine « bavarde » à sonendroit peut la faire parler.

Kant rend ainsi hommage à ces « inventeurs » de la physique moderne, qui ontcompris « que la raison ne voit que e qu'elle produit elle-même », et qu'il faut « forcer » la nature à répondreaux questions qu'on lui pose (Bacon, Galilée, Torricelli et Stahl).Comprenons qu'un fait reste éternellement « brut » si l'on s'en tient à la simple constatation « objective ».

Cequ'il observe ne devient un fait scientifiquement intéressant pour le physicien que dans la mesure où ce qu'ilsait déjà lui permet au moins de supposer qu'il y a bien qqch à comprendre.

La terre tournait autour du soleilbien avant que Copernic ne l'affirme : ce ne sont pas les faits qui ont changé au XVIe, ce sont les conceptsscientifiques en voie d'élaboration pour rendre compte des mouvements respectifs des planètes et du soleil, quiont alors permis de donner un sens nouveau aux phénomènes observés.

« Une marche vers l'objet n'est pasinitialement objective » écrit Bachelard, Formation de l'esprit scientifique : en matière de connaissancescientifique, l'objectif n'est pas ce qui est donné, mais ce que l'on doit construire (en raisonnant, calculant, enélaborant des concepts, en utilisant des instruments, en procédant à des vérifications expérimentales).L' « objet » scientifique est ce dont on se rapproche par élimination progressive, non pas du sujet (dontl'activité est nécessaire à cette construction), mais de la subjectivité – opinions, idées toutes faites sur lanature des choses, que Bachelard nomme « obstacles épistémologiques » parce qu'elles entravent, en son seinmême, le progrès de la connaissance.

Ceci nous laisse à penser que le rôle explicatif de la théoriephysique n'est pas son rôle fondamental, et d'abord et avant tout par qu'une telle explication n'est jamaisachevée. II.

Mais cette explication n'est jamais absolue et définitive : une bonne théorie physique est celle qui est capable de résister à la falsification · On peut définir la théorie scientifique comme un ensemble de connaissances organisées en système et proposant une compréhension d'une classe de phénomènes plus ou moins large.

Unethéorie scientifique détermine ou fixe des principes d'interprétation des phénomènes et des relationsentre objets.

Prenons un exemple concret : lorsque Galilée émet la théorie de l'organisationhéliocentrique, on le sait, il s'oppose au dogme chrétien du système géocentrique.

En affirmant quela Terre n'est pas fixe mais qu'elle tourne sur elle-même et autour du Soleil, il s'oppose à l'Eglise.

Onconnaît la suite du procès, et de la rétractation de Galilée. · La question maintenant n'est pas seulement de savoir si Galilée devait se prémunir contre tout critique mais bien de savoir se sa théorie elle-même se devait de la faire.

Car, pour se prémunircontre la défiance, la seule solution qui s'offrait à Galilée était de ne pas publier sa théorie et de lagarder par-devers lui.

Ce que Descartes a su bien faire en ne publiant pas son Traité du Monde.Mais en ce cas, ce sont des individus qui se prémunissent contre toute critique et non des théories. · Qu'est-ce donc qu'une théorie qui empêche qu'on l'examine ? Est-ce encore une théorie scientifique ? Elle est du reste dangereuse car elle impose au monde une vision qui, du fait même detout refus de la critique, devient arbitraire.

Il faut que de droit, et pas systématiquement de fait, lathéorie accepte de s'exposer à la critique et d'être défier : c'est-à-dire encore d'être mise àl'épreuve.

Ce dont il faut ce méfier c'est moins les théories elles-mêmes que celles qui seprémunissent contre toute critique et qui refuse d'être discutée : elles deviennent par naturearbitraire et donc source de défiance tout à fait légitime. · Lors de l'élaboration d'une théorie, son auteur cherche effectivement à envisager toutes les critiques que l'on pourrait lui faire.

Il envisage un maximum d'objections possibles.

Et la réponse àces objections participe de l'élaboration de la théorie elle-même.

Elle la fortifie et l'affine.

Enprocédant ainsi, le scientifique prévient un certain nombre de critiques, c'est-à-dire envisage lacritique pour mieux élaborer sa théorie. · Mais la théorie elle-même doit être soumise à la critique : elle doit d'abord être soumise à la compréhension de ceux qui en prennent connaissance, car une théorie qui n'est pas en droitintelligible n'est pas, de fait, scientifique. · C'est en partant de l'idée qu'une théorie devrait se soumettre à la critique pour être dite scientifique (avant même d'être reconnue comme vraie) que Popper a établi un critère de démarcation entre théorie scientifique et théorie non scientifique.

Dans La Logique de la découvertescientifique, il nomme ce critère de démarcation « falsifiabilité ».

Une théorie scientifique esttoujours en effet d'une certaine manière en sursis.

Une théorie scientifique peut seulement êtrecontredite par l'expérience pendant un certain temps.

Elle n'est pas pour autant par là mêmevérifiée.

Une théorie qui « marche » n'est qu'une théorie dont la fausseté n'a pas encore étédémontrée, c'est-à-dire que l'on peut toujours envisager qu'une expérience future l'invalide.

Aussi,le propre d'une théorie scientifique est d'être falsifiée.

Une théorie, pour être déclarée scientifique,doit tout faire pour « prêter le flanc » à la critique.

Elle doit, pour poursuivre la métaphore,« avancer à découvert ».

Autrement dit, la démarche scientifique se situe à l'opposé d'unedémarche stratégique, belliqueuse ou bien défensive.

Et c'est là sa condition même de scientificité.L'impératif de défiance s'inscrit donc à l'intérieur même du concept de théorie, elle est donc là autitre de principe définitionnel. III. La théorie physique est plutôt une construction qu'une explication des phénomènes · « Galilée…nous a appris qu'il ne faut pas tjrs se fier aux conclusions intuitives basées sur. »

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