Devoir de Philosophie

UNE THÉORIE CRITIQUE DE L'EXPÉRIENCE ET DE LA CONNAISSANCE

Publié le 25/03/2015

Extrait du document

 

Mais si toute notre connaissance débute avec l'ex­périence, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles, et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par des impressions sensibles) produit de lui-même, addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ce que notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l'en séparer. «

 

KANT

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée 1 :

« Que toute notre connaissance commence avec l'ex­périence, cela ne soulève aucun doute. En effet, par quoi notre pouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n'est par des objets qui frappent nos sens et qui, d'une part, produisent par eux-mêmes des représentations, et d'autre part, mettent en mouvement notre faculté intellectuelle, afin qu'elle compare, lie ou sépare ces représentations et travaille ainsi la matière brute des impressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle qu'on nomme l'expérience ? Ainsi, chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l'expé­rience et c'est avec elle que toutes commencent.

Ce devoir fait montre de deux qualités très marquées : l'utilisation des connaissances philosophiques, et la bonne construction.

Le devoir a bien le caractère d'une démarche d'ensemble.

D'abord, le candidat a soin de faire une véritable intro­duction, où il pose fermement le problème qu'il entend traiter. Et son problème unit l'idée centrale du texte et un fil conducteur pour organiser toute sa dissertation. Le pro­jet est net : traiter de la formation de la connaissance à travers une étude du texte.

 

Puisque c'est à travers le texte que le candidat veut exami­ner le problème, il est logique qu'il commence par une étude détaillée de ce texte (et il aurait même eu avantage à donner plus explicitement la raison de cette première partie explicative). Son explication suit le texte étape par étape; ce faisant, il fait bien ressortir la suite des idées de Kant, et comment chaque phase conduit à la suivante. Trop souvent les candidats, croyant donner le plan du texte, se bornent à le découper en morceaux juxtaposés, simplement successifs, sans en montrer la liaison. Ici, au contraire, le candidat montre le caractère organique du texte et le mouvement général des idées.

« Mais si toute notre connaissance débute avec l'ex- 15 périence, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nous recevons des impressions sensibles, et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement 20 excité par des impressions sensibles) produit de lui­ même, addition.

que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ce que notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l'en séparer.

~ KANT Ce texte de Kant pose le problème de la connais­ sance : accéder à une connaissance vraie a d'ailleurs été un des problèmes majeurs des philosophes : la connaissance vraie s'obtient-elle par l'intuition, par la raison ou bien par les deux réunies? Les anciens, avec Aristote, voyaient en l'observation (au sens commun du terme) l'accès au réel mais c'est à partir de la révolution copernicienne de Galilée qu'est apparu ce qui allait être continué d'une certaine façon par 10 Kant, c'est-à-dire l'autonomie du sujet.

Kar'it, pour sa part, s'appuya à critiquer et anéantir la position empi­ riste qui voyait en l'habitude l'accès au réel.

C'est donc à travers ce texte tout le problème de la connais­ sance qui nous est posé.

On pourrait ainsi formuler la I 5 question suivante : comment se forme la connaissance? Ce texte peut être divisé en deux parties : dans un premier mouvement (lignes 1 à 13), Kant nous montre l'importance de l'expérience qui détermine en fait la connaissance en ce sens qu'elle est une construction, zo puis, dans une deuxième partie (lignes 14 à 24), l'au­ teur insiste sur la matière complexe de l'expérience qui ne doit pas faire seulement intervenir l'intuition mais aussi une production de l'homme, c'est-à-dire le cadre, le concept.

Analysons tout d'abord la première z 5 phrase de ce texte.

« Que toute notre ...

doute » : Kant énonce ici ce qui va être développé dans ce premier mouvement : la connaissance s'élabore à partir de l'expérience.

C'est - 51 -. »

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