Une société sans interdit est-elle souhaitable ?

« Puis il faut analyser les étapes de l'argumentation de l'idée principale sur la légitimité du pouvoir que nous pouvonsremettre en cause dans la partie sur l'intérêt philosophique. A - Le souvenir du fruit défendu C'est le souvenir le plus ancien dans la mémoire collective.

En effet, il suppose le commandement, donc l'interdit,source de toute relation sociale. Si nous ne nous en souvenons pas, c'est que notre cerveau n'a pas jugé bon de le trier, d'autres souvenirs serévélant plus utiles au moment présent. B - L'autorité et l'obéissance Notre enfance semble néanmoins semée de fruits défendus.

Nous avons très vite pris l'habitude d'obéir auxcommandements de nos parents et maîtres, non qu'ils aient un caractère autoritaire mais parce que leur rôle socialles met dans la position de celui qui commande.

Le rôle de l'enfant étant socialement celui de l'obéissant, du soumis. C - La société Mais qui a défini ces rôles et les comportements sociaux qui leur sont liés ? "Quelque chose d'énorme qui pèse surnous de toute sa masse : la société". Les différents foyers de pouvoir n'ont qu'une autorité déléguée par un pouvoir central, fondateur et gérant detoutes les relations sociales, assignant à chaque membre de la société un rôle de commandant ou de commandé. Chaque citoyen prenant conscience de son appartenance à la société se conforme à son rôle. - Si l'interdit fonde une société, il lui permet aussi de fonctionner.

En effet, comme le remarque Rousseau « on faitsouvent ce qui déplaît à autrui ».

L'homme semble être à la base un animal asocial et égoïste qui cherche son plaisiraux dépens de celui des autres.

Kant n'hésite pas à dire que l'homme "abuse à coup sûr de sa liberté à l'égard deses semblables"( Philosophie de l'histoire ).

Or, si tout le monde suivait son bon plaisir, une société ne pourrait fonctionner.

Les relations entre les membres de celle-ci seraient conflictuelles, les rapports se désorganiseraient etplus aucun échanges ne seraient possibles.

Ce qui reviendrait à détruire les fondements même de la société.- En fixant des interdits, une société indique les règles qu'il faut suivre pour permettre à chacun de sentir bien et des'épanouir dans une vie commune.

De plus, l'interdit permet à l'homme de savoir que tout n'est pas autorisé, qu'il nepeut pas tout faire.

L'interdiction est le plus souvent d'ordre moral.

Apprendre à respecter un interdit, c'estapprendre à reconnaître que je ne suis pas seul, que mes désirs ne sont pas les seules choses qui comptent.

S'ilm'est interdit de fumer dans les lieux publics, c'est que ma fumée peut déranger voire nuire sérieusement à autrui.

L'interdit est souvent une tyrannie - Pourtant, il ne faut pas croire que tous les interdits soient viables et nécessaires à la bonne tenue d'une société.On connaît le célèbre slogan de mai 68 : « il est interdit d'interdire.

» Même s'il découle d'une phrase légèreprononcée par Jean Yanne, il a été repris comme véritable mot d'ordre de la contestation étudiante de l'époque etmet en lumière ainsi les difficultés et les frustrations ressenties à l'époque.

S'il est vrai que l'interdit fonde la société,trop d'interdits mènent à la disparition de la société et à la chute du côté du totalitarisme.

Ainsi, à l'époque, leslogan s'érigeait contre les nombreux tabous et actions défendues qui entravaient l'épanouissement de la nouvellegénération.

Que l'on pense à la non-mixité des universités, à l'interdiction de l'avortement, à l'étouffement des droitsde la femme,… Freud a montré dans sa deuxième topique que le sur-moi était une intériorisation des interditsparentaux et sociaux.

Ce sur-moi venait empêcher et donc frustrer le ça (principe pulsionnel de plaisir) de réaliserses désirs et donnait donc lieu à d'inévitables conflits, malaises au niveau de l'instance consciente du Moi.. »