Une société peut-elle se passer de religion ?
Publié le 24/01/2021
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Nous admettons assez facilement que la bonne société est laïque, c’est-à-dire que la religion y est une affaire privée, si ce n’est intime. Nous concevons donc la société comme possible sans religion. Or, notre sacralisation des droits de l’homme, nos cérémonies commémoratives, voire la conservation de rites funéraires laissent entendre que notre vie sociale s’appuie sur la religion. Une société peut-elle se passer de religion ? Comment un groupe d’hommes pourrait-il se constituer sans des valeurs communes, absolues et sacrées, conçues comme indépendantes de chacun d’entre ses membres ? Mais sans une adhésion sincère, la religion n’est que formalisme vide. Les dieux antiques sont certainement morts d’avoir été servis par un grand pontife athée comme l’épicurien Jules César. Un tel formalisme vide ne peut fonder la vie sociale. Pire ! La religion est non moins souvent apparue comme une source de division. Dès lors, on peut se demander si la religion est une condition nécessaire pour qu’il y ait société ou bien s’il est possible qu’une société trouve un équivalent qui lui permette de se passer de toute religion ou se fonde sur autre chose. On examinera d’abord si la religion est nécessaire pour qu’une société puisse se garantir contre l’immoralité. On verra ensuite en quoi une société a besoin d’une religion pour éviter la dislocation. Enfin on examinera dans quelle mesure une société bien fondée peut se passer de religion.
«
montre la diversité des obligations.
En effet, lorsqu’on
compare les sociétés humaines et les sociétés animales,
notamment les sociétés d’hyménoptères (fourmis,
abeilles, etc.), force est de constater que chez les
secondes ce que l’individu a à faire est déterminé par
son instinct, c’est-à-dire par un comportement inné,
uniforme et spécifique.
Ce qu’il a à faire pour être utile à
la société est non seulement déterminé, mais se produit
chez lui de façon nécessaire.
Enfin, le contenu ne
change jamais.
La reine des abeilles a toujours la même
fonction comme la butineuse.
Chez l’homme
apparaissent des institutions comme Durkheim l’indique
dans une courte note « Sur société » parue dans
le Bulletin de la Société française de philosophie , n°15
en 1917 (cf.
Émile Durkheim, Textes 1.
Éléments d’une
théorie sociale , Les éditions de minuit, 1975, p.71).
Elles
prescrivent à l’homme ce qu’il doit faire.
Elles lui sont
extérieures même si leur continuité est assurée par la
succession des générations.
Elles passent par le
langage qui est lui-même une institution.
Et on peut avec
Bergson dans les Deux sources de la morale et de la
religion (chapitre II) considérer que les obligations
contingentes de la société humaine appellent un
complément qui en rend la mise en œuvre nécessaire.
C’est que l’intelligence dont chaque homme est doué,
laissée à elle-même, implique que l’individu se tourne
seulement vers lui et qu’il néglige la société à laquelle il
appartient.
La religion, invention de l’imagination ou de
la fonction fabulatrice comme Bergson la nomme,
permet à l’homme de se contenir.
Elle lui représente ce
qu’il doit faire comme provenant d’êtres supérieurs.
Ceux-ci menaçant, le contiennent.
Dès lors, n’importe
quelle prescription qu’il abandonnerait volontiers comme.
»
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