Une religion sans dogme est-elle possible?
Publié le 22/03/2005
Extrait du document
Une religion se définit comme un ensemble de pratiques et de rites relatifs à une réalité sacrée, séparée du profane. Qu'est-ce qu'un dogme ? Une connaissance, un principe ou une règle sur lesquels il n'y a plus à revenir. Il y a des dogmes en religion, lesquels semblent constitutifs de cette dernière. La seule religion sans dogme qui soit possible est la "religion naturelle", celle qui ne recourt pas à une révélation divine et surnaturelle, mais aux données de la raison et de la conscience. Ne vous lancez pas dans dans des développements vagues et généraux. Recourez à des définitions très précises de la religion et du dogme, de manière à élaborer une stratégie cohérente de dissertation
Adhérer à une religion, c'est croire à ses dogmes. Pourtant, on peut pratiquer une religion par habitude, conformisme social. Il est même des religions où la participation aux rites communs est plus importante que la sincérité de la foi? Mais, s'agit-il encore de religion?
«
l'existence de Dieu la rendent encore plus improbable.
En effet, les miracles, les lois que le clergé impose… tout celaéloigne de Dieu, et au lieu de montrer sa suprématie ils ne font que souligner le désordre dans la nature, etl'anthropomorphisme de la religion.
Si Dieu est un être réellement supérieur, il est censé maintenir l'ordre partout, etavoir un pourvoir absolu sur la nature ; les miracles ne montrent donc pas la puissance de Dieu, mais son incapacitéà garder l'ordre du monde.
Il y a aussi anthropomorphisme, car le dogme est l'ensemble des vérités sur Dieu, desrègles et des lois imposées par un livre saint.
C'est après avoir exposé sa propre conception de Dieu que Spinoza s'attaque à la compréhension traditionnelle de Dieu comme roi ou seigneur , imposant ses volontés aux hommes.
« La volonté de Dieu , cet asile d'ignorance » écrit-il dans l'appendice au livre 1 de l' « Ethique », entendant montrer que la conception vulgaire de Dieu , non contente d'être anthropomorphique, dégénère en superstition et maintient les hommes dans une ignorance quiprofite au pouvoir religieux.
Pour Spinoza , Dieu n'est pas une personne, mais il se définit par la formule « Deus sive natura » : « Dieu ou la nature ».
Dieu est la force qui produit la totalité de la nature et des êtres : « il est la cause libre de toutes choses […] tout est en Dieu et dépend de lui ».
Après avoir justifié son concept de Dieu , Spinoza entreprend de réfuter les préjugés des hommes au sujet de la divinité.
« Tous ceux que j'entreprends de signaler ici [les fausses opinions] dépendent d'ailleurs d'un seul, consistant en ce que les hommes supposent communément que toutes les choses de lanature agissent comme eux en vue d'une fin, et vont jusqu'à tenir pour certain que Dieu lui-même dirige tout vers une certaine fin. »
Tous les préjugés des hommes reposent donc sur une conception anthropomorphique de la nature (« Les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d'une fin »), qui culmine dans l'idée que Dieu agit comme un être humain : il est pourvu d'une volonté et dirige tout selon ses buts et ses fins.
Dès lors tout phénomène naturel sera compris comme s'expliquant par la volonté de Dieu .
Il deviendra donc impossible d'expliquer la nature par elle-même : tout phénomène (une maladie par exemple) ne sera pas compris par ses causes naturelles, mais saisi comme manifestation, comme signe de la volonté divine (la colère de Dieu , qui pour punir les hommes leur envoie la maladie en question).
Il vaut la peine de suivre la démonstration de Spinoza .
Celui-ci pose en principe un fait indéniable, celui qui veut que : « Tous les hommes naissent sans aucune connaissance des causes des choses, et que tous ont un appétit de rechercher ce qui leur est utile, et qu'ils en ontconscience. » Nous avons conscience de nos désirs, mais non de leurs causes.
Par suite les hommes croient désirer librement, croient que leurs désirs naissent d'eux-mêmes (comme un ivrogne sous l'emprise de l'alcool croit désirer librement sa bouteille).
Or une autre caractéristique des êtres humains est qu'ils agissent toujours dans un but, en poursuivant une fin, une utilité.
Pour les hommes, comprendre la nature, c'est donc rechercher dans quel but telle ou telle chose existe, quelle est son utilité.
Quand nous regardons unobjet, notre première impulsion est de nous demander à quoi il sert, comme si son utilité rendait raison de son existence.
Autrement dit, leshommes ne cherchent pas à comprendre la cause des phénomènes, ce qui les produit, mais leur fin supposée.
C'est la combinaison de ces deux principes, de ces deux attitudes : l'ignorance des causes et la recherche de l'utile, qui va être à l'origine d'une conception fausse et aliénante de la nature et de la divinité.
Or, « Comme en outre ils trouvent en eux-mêmes et hors d'eux un grand nombre de moyens contribuant grandement à l'atteinte de l'utile […] ils en viennent à considérer toutes les choses existant dans la nature comme des moyens à leur usage. »
L'homme considère donc la totalité de la nature comme un ensemble de moyens à son usage.
Puisque les hommesexpliquent toutes choses selon leur propre façon d'agir, ils jugent que ces moyens ont dû leur être fournis par un ouplusieurs directeurs de la nature, cad par Dieu .
Continuant dans la même logique, les hommes en viennent à penser que les Dieu x leur ont fourni ces moyens en échange d'une contrepartie; cultes, sacrifices, bonheur, amour.
« Par là, il advint que tous […] inventèrent divers moyens de rendre un culte à Dieu afin d'être aimés par lui par-dessus les autres et d'obtenir qu'il dirigeât la nature entière au profit de leur désir aveugle et de leur insatiable avidité.
»
La boucle est bouclée : Dieu ou les Dieu x sont conçus comme des personnes, agissant dans un but, favorisant les hommes en échange d'un culte.
C'est une conception anthropomorphique du divin, puisque Dieu est conçu sur le modèle de l'humanité.
Le monde est expliqué en dépit du bon sens.
« Mais, tandis qu'ils cherchaient à montrer que la nature ne fait rien en vain (cad rien qui ne soit pour l'usage des hommes), ils semblaient montrer rien d'autre sinon que la nature et les Dieu x sont atteints du même délire que les hommes. »
En effet, le type d'explication fourni par les hommes, grâce à l'utilité, est proprement délirant.
On ne trouve la caricature chez Bernadin de Saint Pierre , qui, plus tard, dira que « le melon a été divisé en tranches par la nature afin d'être mangé en famille, la citrouille, étant plus grosse, peut être mangée avec les voisins.
»
Mais l'exposé de Spinoza rend aussi bien compte des préjugés qui font de Dieu ou des Dieu x des Dieu x nationaux, protégeant.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- dogme - religion.
- Un critique contemporain définit l'esprit du XVIIIe siècle en ces termes: "Il fallait édifier une politique sans droit divin, une religion sans mystère, une morale sans dogme." Dans quelle mesure et avec quelles nuances ce jugement se trouve-t-il vérifié par les oeuvres du XVIIIe siècle que vous connaissez ?
- Une religion sans dogme, à supposer que cela soit possible, est-ce pour autant une religion sans croyances?
- Vous étudierez cet exposé sur le symbolisme en vous demandant s'il éclaire tous les aspects de la poésie de Valéry : Ce qui fut baptisé : le Symbolisme, se résume très simplement dans l'intention commune à plusieurs familles de poètes (d'ailleurs ennemies entre elles) de « reprendre à la Musique leur bien ». Le secret de ce mouvement n'est pas autre. L'obscurité, les étrangetés qui lui furent tant reprochées ; l'apparence de relations trop intimes avec les littératures anglaise, slave
- Un critique contemporain définit l'esprit du XVIIIe siècle en ces termes : «Il fallait édifier une politique sans droit divin, une religion sans mystère, une morale sans dogme.» Dans quelle mesure et avec quelles nuances ce jugement se trouve-t-il vérifié par les oeuvres du XVIIIe siècle que vous connaissez ?