Une pensée vraie est un tableau fidèle de la vérité de L. WITTGENSTEIN
Publié le 08/01/2020
Extrait du document
« Adéquation de l'esprit et des choses » : cette définition traditionnelle de la vérité sera reprise par l'empirisme : dans le texte qui suit, le philosophe viennois L. Wittgenstein explique que la vérité, étant l'accord de la pensée avec les faits, ne peut s'établira priori, sans que nous comparions ce que l'on pense (ce que l'on dit) avec les données de l'expérience. ■
1. Le monde est tout ce qui arrive.
1.1. Le monde est l’ensemble des faits, non pas des choses (...).
1.2. Le monde se dissout en faits.
1.21. Une chose peut ou bien être ce qui arrive ou bien n’être pas ce qui arrive et tout le reste demeurer égal.
2. Ce qui arrive, le fait, est l’existence d’états de choses.
2.01. L’état de choses est une liaison d’objets (entités, choses) (...)
2.1. Nous nous faisons des tableaux des faits.
2.11. Le tableau représente le fait dans l’espace logique, l’existence et la non-existence des états de choses.
2.12. Le tableau est une transposition de la réalité.
2.13. Aux objets correspondent dans le tableau les éléments du tableau.
2.131. Les éléments du tableau tiennent lieu, dans le tableau, des objets.
2.14. Le tableau réside dans le fait que ses éléments ont des rapports déterminés les uns avec les autres.
2.141. Le tableau est un fait.
2.15. Le fait que les éléments du tableau ont des rapports déterminés les uns avec les autres tient à ce que les choses se comportent de la même manière les unes vis-à-vis des autres. Cette connexion des éléments du tableau, nous la nommerons sa structure, et la possibilité de sa structure, la forme de la représentation.
2.151. La forme de la représentation est la possibilité que les choses se comportent les unes vis-à-vis des autres comme les éléments du tableau.
«
2.1511.
Le tableau est ainsi lié à la réalité; il l'atteint( ...
)
2.21.
Le tableau s'accorde ou non avec la réalité; il est fidèle
ou infidèle, vrai ou faux.
2.22.
Le tableau représente ce qu'il représente indépendam
ment de sa vérité ou de sa fausseté ; au moyen de sa forme
de représentation.
2.221.
Ce que le tableau représente constitue son sens.
2.222.
Dans l'accord ou le désaccord du sens du tableau avec
la réalité consiste sa vérité ou sa fausseté.
2.223.
Pour reconnaître si le tableau est vrai, nous devons
le comparer à la réalité.
2.224.
Par lui-même, le tableau ne fait connaître rien de ce
qu'il y a de vrai ou de faux.
2.225.
Il n'y a point de tableau qui soit vrai a priori.
Ludwig WITIGENSTEIN, Tractatus logico-philosophicus (1921), trad.
P.
Klossowski, coll.
«Idées», Gallimard, 1961, pp.
43-55.
POU'R MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
Le monde est l'ensemble des « états de choses» ou faits
(«ce qui arrive»).
Nous nous faisons des tableaux des faits,
tableaux qui sont la transposition des faits.
Le tableau est
donc la pensée d'un fait telle qu'elle s'exprime dans une pro
position.
Par exemple, la proposition « Socrate est sage » est
la transposition du fait .
Pour que le« tableau» puisse représenter un« fait», il faut
qu'ils aient quelque chose en commun : la structure ou la
forme logique(« forme de la représentation »).
Cela signi
fie que les éléments du tableau (les signes) se comportent
entre eux de la même manière que les éléments du fait (les
objets).
Ce que le tableau représente constitue son sens, et non
sa vérité.
Le sens du tableau est sa possibilité d'être vrai
ou faux, puisqu'il représente un état de choses possible.
Pour
que le tableau soit vrai, il faut qu'il représente fidèlement
le fait, autrement dit que le sens du tableau corresponde à
la réalité.
Par exemple, « Socrate est sage » est une propo
sition qui a un sens parce qu'elle représente le fait.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Est-il possible qu'un homme ne se préoccupe aucunement de la question de la vérité ? En quel sens une telle attitude serait-elle justifiée ? Renier la vérité, n'est-ce pas encore affirmer une pensée que l'on croit vraie ?
- La pensée et le mouvant - Bergson: la vérité - « nous appelons vraie toute affirmation qui, en nous dirigeant à travers la réalité mouvante, nous donne prise sur elle et nous place dans de meilleures conditions pour agir. »
- Jean-Claude Tournand écrit : «Il a fallu que s'élaborent au moyen d'une longue expérience les règles de chaque genre, que les écrivains apprennent à en dominer les contraintes et à conquérir à travers elles l'art de communiquer leurs plus intimes pensées. L'idéal classique exige à la fois une idée suffisamment claire pour être totalement communicable, et un langage suffisamment précis pour communiquer cette idée et elle seule : l'idée ne doit pas échapper au langage, mais le langage do
- Histoire de la vraie croix, l' [Piero della Francesca] - étude du tableau.
- La cohérence de la pensée suffit-elle à définir la vérité?