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Une oeuvre d'art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder?

Publié le 01/10/2012

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Une oeuvre d'art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder? Introduction Notre rapport aux oeuvres d'art s'effectue fréquemment dans des lieux ou des moments privilégiés (le musée, la salle de spectacle, la bibliothèque) qui paraissent préservés des tracas quotidiens. Cela signifie-t-il que, par sa nature même, l'oeuvre d'art constitue une invitation à nous évader du monde et de sa vérité pas toujours réjouissante? Ne convient-il pas, plus sérieusement, de concevoir tout autrement ses rapports avec le monde, par exemple sur le modèle de ce qui en constituerait une révélation, parce que cela nous permettrait de le regarder mieux, ou autrement? I. L'art évasion — L'oeuvre d'art reste souvent considérée comme un accessoire, un superflu dénué de sérieux et d'importance. Dès lors sa fréquentation est interprétée comme une compensation nous permettant de fuir les aspects les plus insupportables du réel: • la lecture permet d'échapper au souci (c'est l'avis de Montesquieu), elle fait rêver, elle entraîne ailleurs; • la musique émeut ou permet une dépense physique qui rompt la monotonie du quotidien; • l...

« -Dès ses débuts, c'est très sérieusement que la philosophie a condamné l'art comme activité non sérieuse (Platon: copie dégradée) entraînant à négliger l'essentiel (en l'occurrence la contemplation du Bien et des Idées).

L'art invite au divertissement (au sens pascalien), il constitue un piège pour la pensée, une occasion de fuite.

- D'un point de vue finalement assez proche, on peut juger que l'art ne respecte pas la vérité et nous éloigne donc du réel en substituant le paraître et ses charmes à l'être lui-même (cf la condamnation du théâtre par Rousseau).

II.

L'art épiphanie - Mais les œuvres consommables sur le mode de l'évasion sont-elles représenta­ tives de la plus haute ambition de l'œuvre d'art et de sa nature profonde? (Ne pas confondre Proust et le roman-photo.) Rien n'est moins sûr: il semble au contraire y avoir dans l'œuvre authentique un pouvoir de choc (sinon, au xx< siècle, de scandale) qui interdit de l'utiliser comme simple dérivatif - En insistant sur le fait que, dans l'œuvre, le contenu importe peu et que seule s'affirme une mise en forme (qui produit l'impression de finalité interne), Kant nous indique que l'œuvre d'art n'a que bien peu à voir avec ce qui se propose à une approche simplement sentimentale.

- Cela nous permet d'ailleurs de comprendre que l'œuvre d'art attire notre attention -nous rend perceptibles -des éléments du monde qui, dans le réel, peuvent nous repousser ou nous paraître indignes d'attention (les Mendiants de Murillo).

- Il faut aller plus loin et affirmer qu'en fait l'œuvre d'art nous apprend à découvrir des aspects du monde que nous négligions avant son intervention (cf Klee: elle ne rend pas le visible, elle rend visible): • exemples possibles: un coucher de soleil ne devient beau qu'après que la peinture nous l'a montré tel; plus généralement, notre sensibilité à la nature a été modifiée par Rousseau (La Nouvelle Héloïse) et l'art romantique.

Les ready made de Duchamp nous ont appris à voir autrement les objets les plus ordinaires; les affichistes ont attiré notre attention sur la sorte de peinture spontanée que constituent les affiches lacérées, etc.

- C'est d'ailleurs pour lutter contre un pseudo-art de simple évasion que certains artistes ont bouleversé des domaines artistiques: • exemple: Brecht et sa théorie de la distanciation, pour que le théâtre ne soit plus qu'un moyen d'oublier les problèmes du monde par la confusion entre la représentation et la réalité.

III.

Vers quoi l'art mène-t-il notre regard? - Si l'art n'invitait qu'à l'évasion, il n'aurait pas grand intérêt (pour le philosophe); Hegel rappelle au contraire qu'il possède un contenu spirituel qui le situe au moins sur la voie d'une approche conceptuelle des choses.

- Si l'œuvre n'est pas l'équivalent d'un concept, c'est qu'elle participe du sensible par son mode d'existence; elle est donc de plain-pied avec l'aspect immédiat du monde (en rivalité éventuelle).

- Simultanément, l'œuvre d'art est animée d'une ambition ontologique: elle. »

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