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Une oeuvre d'art nous invite-t-elle à nous évader du monde ou à mieux le regarder ?

Publié le 02/02/2004

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Hegel en déduit la mort future de la période romantique, moment de la réconciliation des contraires, le fini et l'infini.  L'homme a compris qu'en représentant son intériorité, il représentait l'Esprit, que l'infini est présent dans le fini, qu'il est sujet. Hegel en déduit la mort future de l'art. Le devenir sujet qui orientait l'histoire de l'art s'est accompli dans l'art. Celui-ci n'a donc plus rien à dire. Vient le moment de la relève, de la relève par la philosophie qui seule peut pleinement saisir le vrai, dépasser les limites de l'art prisonnier de la représentation sensible. L'art, forme de l'Esprit, n'en n'est pas la plus haute. L'homme aidera au Savoir Absolu lorsqu'il pensera l'Absolu par sa seule Raison. L'art a une fin (terme) parce qu'il a une fin (but) et des limites propres. Il est un degré inférieur de la connaissance qui une fois atteint prendra fin avec le progrès de la connaissance.

Analyse du sujet :

Une oeuvre d’art est un objet dont la fin n’est pas celle de l’utilité, mais de l’esthétique : la visée de l’art est de toucher les sens de celui qui en prend connaissance.

L’oeuvre d’art touche donc au domaine du sensible.

 

Problématique :

La question qui se pose est en lien avec la façon dont on voit le monde : illusion de réalité ou vérité réelle ? Autrement dit, si l’art touche aux sens, il n’en demeure pas moi un artifice, une construction de réalité. La réalité qui est donnée par l’art, réalité sensible s’il en est, mais artificielle, est-elle une réalité plus vraie que la réalité sensible du monde qui nous environne ? Ou est-elle l’illusion d’une réalité, puisqu’elle modifie notre perception en nous faisant croire à un monde artificiel ?

« Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ou formées aucontact de l'expérience (empirisme).

Elles existent indépendamment de notre pensée.

L'Etre est l'intelligible oumonde des Idées.

Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible, objet d'uneconnaissance, et de l'ordre du monde.

C'est parce que le monde est en lui-même intelligible que nous pouvons leconnaître. · La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.

Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui a façonnéla matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).

De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.

Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de les imiter. · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintre puisqu'ilimite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notre reflet dans lemiroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence, apparencetrompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et en accentue la puissancetrompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisant des apparences qui plaisent,excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions, les accroît en retour.

L'hommeraisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de la morale.

On trouve ici la premièrecondamnation morale de l'art et par suite la première justification théorique de la censure artistique dont relèveencore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.Apparence, il joue le jeu des apparences.

Tout d'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de lacomparaison, du faire-valoir, de l'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On vaau théâtre pour exhiber sa toilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir lespotins...

Ensuite parce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner surnous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nous avonspu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe en elle-même, elleest une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pas un cheval conforme àl'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour être pleinement un Cheval.

Uncheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à sa conformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beau ce qui est parfait.

Comme la perfection n'estpas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais la copie exacte et sans défaut du modèle maistoujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle, est celle des Idées.

Est beau ce qui existepleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

La beauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

Lalaideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent, lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beaucheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâle esquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Lepoète inspiré est sorti de la caverne, a contemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. Mais l'art est-il si éloigné de la pensée ? L'opposition entre l'apparence et la réalité est loin d'être toujours aussitranchée.

A quel type de réalité l'oeuvre d'art renvoie-t-elle ? B.

Si l'art n'était qu'un divertissement ou ne devait son existence qu'au souci de donner une image exacte deschoses, il n'aurait pas d'intérêt en effet.

Hegel considère au contraire que l'oeuvre d'art rend sensible une vérité,qu'elle recèle un sens spirituel, exprimé, non de manière discursive, rationnelle, mais de manière sensible.

Laproduction artistique fait partie des moyens que l'esprit met en oeuvre pour se connaître lui-même en se donnantdes formes extérieures.. »

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