Devoir de Philosophie

Une machine tombe en panne, une personne tombe malade, ces deux évènements sont-ils de même nature ?

Publié le 29/01/2005

Extrait du document

    Plan :   I/ La panne et la maladie, une analogie qui va jusqu'à l'identification :                " Tomber en panne " et " tomber malade " : deux expressions similaires qui montrent la facilité avec laquelle nous rapprochons le vivant et la machine. Cf. l'utilisation de termes identiques dans le domaine médical et mécanique : "virus" pour une maladie de l'organisme, et pour la panne de l'ordinateur. Et cf. le rapprochement entre le remplacement d'une pièce d'une machine et la greffe d'un organe. Quoi qu'il en soit, dans les deux cas - panne et maladie - intervient le désir de revenir à l'état précédent, dit "normal".             ● Dans la Lettre à *** de mars 1868 ou le Discours de la méthode V, Descartes rapproche le vivant de la machine, ne les distingue pas, et étend ainsi les principes de la physique mécaniste au domaine de la biologie. Descartes pense le vivant selon le modèle mécaniste, c'est-à-dire qu'il considère que l'organisme étant de la matière, il obéit aux simples lois de la matière. De ce fait, la connaissance des organismes relève de la physique et de la chimie.             ● La biologie proprement dite n'existe pas encore à l'époque classique, et le scientifique étudie tous les phénomènes naturels sans distinction, y compris le vivant.

            Le sujet porte sur le rapport entre le vivant et la machine ; il s'agit de comparer les deux situations (tomber en panne / malade) pour voir s'il est possible d'identifier l'une à l'autre, ou si finalement ce sont deux situations complètement différentes. Il faut aussi noter que le sujet cherche à établir s'il y a une différence de "nature", c'est-à-dire une différence qui touche à l'essence, et non pas une simple différence de degré. 

             Il s'agit donc de comparer les deux situations pour établir leurs caractéristiques et voir si elles sont identifiables ou fondamentalement différentes. 

« Le jugement téléologique a pour objet la finalité dans les êtres naturelsorganisés.Comment, sans faire référence à un auteur intelligent de la nature, ce quenous interdit la Critique de la raison pure, rendre compte de l'harmonie auto-organisatrice qui se manifeste chez les êtres vivants ? Inversement, alors quela position philosophique du mécanisme pense pouvoir rendre compte desêtres organisés comme s'ils étaient des êtres artificiels, comme une montre,par exemple, l'univers étant une vaste horlogerie, Kant souligne l'irréductibilitédu vivant à ce modèle.

Un être vivant semble, à la différence d'une montre,pouvoir se reproduire lui-même, se réparer lui- même, comme si le tout et lesparties étaient dans un lien d'implication causale réciproque et intentionnelle,et pas seulement le produit d'un jeu de causes aveugles.

Il faut donc aussiéviter la solution strictement mécaniste.

Il faut supposer l'idée d'une finnaturelle qui seule peut rendre compte des spécificités observables chez lesêtres organisés.

Cette idée de fin naturelle n'est cependant qu'une idéerégulatrice de la faculté de juger et non une idée constitutive del'entendement. Le jugement téléologique n'est qu'un guide dans la connaissance des êtresanimés.La dialectique du jugement téléologique met en scène l'antinomie opposantd'une part la thèse d'un mécanisme aveugle pour toutes les choses de la nature, et d'autre part l'idée selon laquelle seule une cause finale rend possible certains de ces êtres, justement lesêtres organisés.

La solution de l'antinomie tient en ce que la finalité n'est justement qu'un concept de la faculté dejuger et non de l'entendement : il ne peut servir que de fil conducteur subjectif pour assembler des mécanismespartiels et saisir le fonctionnement global d'un être organisé. Il faut distinguer cet usage cognitif de la finalité objective interne dans chaque être organisé avec la finalité externequi lie les différentes parties de la nature prise comme un tout.Les êtres organisés semblent avoir été faits comme s'ils étaient les uns pour les autres fin et moyen.

Seul l'hommeet son développement comme être de culture pourvu d'une valeur morale absolue peut apparaître comme la findernière de la nature, justifiant une téléologie de l'histoire humaine s'accomplissant dans le déploiement del'humanité de l'homme.

Si comme le montre Kant le vivant et la machine sont différents, alors la panne et la maladie le sont aussi.

III/ La différence entre la panne et la maladie est une différence de nature : Alors que la panne est simplement le contraire de l'état de marche, on ne peut pas en dire autant de lamaladie.

En effet, cette dernière n'est pas un autre état, complètement différent, elle se caractérise plutôt parl'écart par rapport à un certain nombre de normes.

Ainsi, la différence fondamentale entre la panne et la maladie tient à l'idée de norme.

Cf.

Canguilhem dansLe normal et le pathologique ou La connaissance de la vie.

La vie est une activité normative et polarisée, dont lesdeux pôles sont la maladie et la santé.

Si un organisme en bonne santé est celui qui est adapté à son milieu, et quipeut en suivre les modifications, la maladie implique que l'on s'écarte de la norme ou que l'on change de norme.

à La machine, elle, ne s'écarte pas des lois naturelles, elle ne connaît pas l'idée de norme.

La panne est l'inverse dufonctionnement, alors que la maladie n'est pas l'inverse de la vie, c'est une autre allure de la vie, un autre normal,une pathologie .

" Il n'y a pas de pathologie mécanique.

[...] il n'y a pas de distinction entre le normal et le pathologique en physique et en mécanique." Alors que la panne de la machine est un état stable, un désordre que le mécanisme ne cherche pas àrétablir de lui-même, la maladie est un phénomène qualitatif anormal qui se caractérise par un effort de la naturepour obtenir un nouvel équilibre.

C'est une nouvelle norme de vie, et non pas un désordre -" le malade est normaliséds des conditions d'existence définies." – même si cette autre allure de la vie est inférieure à la précédente parcequ'elle réduit la marge de tolérance des variations du milieu, et que toute modification du milieu peut être fatale.

Conclusion : La panne et la maladie sont donc de nature différente, puisque le vivant et la machine sont différents.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles