Un sociologue contemporain écrit que « la publicité est l'ultime violence du monde moderne, en ce qu'elle porte à désirer l'indésirable ». Commentez cette affirmation. ?
Publié le 13/04/2009
Extrait du document
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- Introduction
Toute consommation économique répond-elle à un besoin économique ? Répondre à cette question suppose que l'on ait préalablement évalué la nécessité d'un bien économique, ce qui ne peut se faire sans tenir compte de la diversité des contextes. On peut reformuler la question ainsi : toute consommation d'un bien économique ou d'un produit correspond-elle à une demande spontanée du consommateur? Or c'est cette spontanéité qui est rendue problématique par l'existence de la publicité : un sociologue écrit à ce propos que « la publicité est l'ultime violence du monde moderne en ce qu'elle porte à désirer l'indésirable «. Ceci nous conduit à la frontière de l'économique et du psychologique.
- Première partie : désirer l'indésirable
A. Tout bien de consommation peut être l'objet d'une demande : cette demande peut correspondre — à un besoin : répondre à une exigence biologique; par exemple le besoin de se nourrir; — à un désir : répondre à une exigence d'ordre culturel; par exemple le désir de prestige. En fait il est très difficile d'établir un clivage précis ou une hiérarchie entre l'une et l'autre de ces exigences. Souvent même, d'une manière paradoxale, les exigences culturelles prennent le pas sur les exigences biologiques.
«
cependant possible de nuancer ce point de vue un peu partial.
A.
Nuances
1.
Certains comportements suscités par la publicité correspondent à l'intérêt des consommateurs (par exemple, ledéveloppement de l'hygiène, l'installation de salles d'eau dans les milieux ruraux, ont sans doute été stimulés par lapublicité relative à ces domaines contenue dans les journaux féminins).
2.
Si la publicité utilise des procédés de plus en plus raffinés, le consommateur devient de son côte plus averti et dece fait moins malléable.
On peut ajouter que sa sensibilité aux incitations de la publicité s'émousse et qu'il devientde ce fait moins vulnérable.
3.
Les campagnes de propagande faites dans l'intérêt du consommateur ont bénéficié des techniques mises au pointpar les publicitaires.
4.
La publicité existe aussi dans les pays socialistes; après une période d'hostilité à la publicité (attitude quicorrespond à celle exprimée dans la formule que nous commentons) ces pays ont adopté un point de vue beaucoupplus modéré.
Il n'y a pas de meilleure preuve à cela que la comparaison de ces deux définitions données à trente ansd'intervalle.
En 1941 la Grande Encyclopédie soviétique définissait la publicité comme « le moyen d'escroquer lesgens en leur faisant acheter des biens fréquemment inutiles ou de valeur douteuse ».
Dans l'édition de 1972 de lamême encyclopédie, la publicité est définie comme « l'art de populariser des biens, de faire connaître leurs qualités,leurs caractéristiques, leur mode d'emploi et leurs points de vente aux consommateurs ».
B.
Remèdes
A.
Une action au niveau des lois
Lois qui obligeraient le producteur à informer exactement le consommateur sur la nature du produit (composition,origine, date de fabrication, quantité exacte).
B.
Une action au niveau des consommateurs
Existence d'associations de consommateurs indépendantes qui informent exactement le consommateur :— tests précis sur les produits— dénonciation des publicités abusives;— information sur les produits toxiques.Le rôle de ces associations est aussi de défendre le consommateur :— assistance pour une action auprès des tribunaux, et de procéder à des concertations avec les producteurs.
Exemples :Action de Ralph Nader aux U.S.A.; Union Fédérale desConsommateurs (revue Que choisir?) en France et nombreuses autres associations.Le rôle de ces associations est appelé à devenir de plus en plus important.
Les consommateurs prennent conscienceprogressivement du fait que devant des producteurs très organisés, il faut qu'ils soient eux aussi très organisés.
Conclusion
Intérêt de cette formule qui exprime avec vigueur les dangers de la publicité et en même temps traduit une prise deconscience propre à rendre moindres ces dangers eux-mêmes; prise de conscience qui amène les consommateursnon pas à condamner la publicité mais à exiger une publicité plus objective.
Vœux pour que la « publicité analytique» des associations de consommateurs devienne le moteur essentiel de l'orientation des marchés..
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