Un scepticisme modéré de D. HUME
Publié le 05/01/2020
Extrait du document
L'empirisme de Hume est lié à un scepticisme. Mais les résultats des mathématiques et la physique de Newton s'imposent. Et les hommes ne peuvent vivre qu'en agissant, en raisonnant, en croyant. La nature humaine est incompatible avec un scepticisme « outré » (radical).
Ceux qui ont de l’inclination pour la philosophie continueront encore leurs recherches, car ils réfléchissent qu’outre le plaisir immédiat qui accompagne une telle occupation, les décisions philosophiques ne sont que les réflexions de la vie courante rendues méthodiques et corrigées. Mais ils ne tente-‘ront jamais de dépasser la vie courante aussi longtemps qu’ils considéreront l’imperfection des facultés qu’ils emploient, leur portée réduite et l’imprécision de leurs opérations. Alors que nous ne pouvons donner de raison satisfaisante de ce que nous croyons, après mille expériences, qu’une pierre tombera ou que le feu brûlera, pouvons-nous jamais nous satisfaire d’une décision que nous pouvons former sur l’origine des mondes et sur l’état de la nature de toute éternité et pour toute l’éternité ?
Cette étroite limitation de nos recherches est certes, à tout égard, si raisonnable qu’il suffit d’examiner tant soit peu les pouvoirs naturels de l’esprit humain et de les comparer à leurs objets pour nous la recommander. Nous trouverons' alors quels sont les sujets propres de la science et de nos recherches.
Il me semble que les seuls objets de la science abstraite, de la démonstration, sont la quantité et le nombre, et que toutes les tentatives faites' pour étendre ce genre plus parfait de connaissance au-delà de ces frontières sont de purs sophismes et de pures illusions.
David Hume, Enquête sur l’entendement humain (1758), trad. A. Leroy, Garnier-Flammarion, 1983, p. 244-245.
«
POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
La leçon du scepticisme est la « suspension du juge
ment ».
Mais elle n'est pas tenable devant les exigences
de la vie courante : il faudra bien décider, et c'est alors,
mais alors seulement, que les « pouvoirs naturels » de
l'esprit humain pourront s'appliquer, mais sans dépasser
leur objet.
Le lien entre l'empirisme et le scepticisme est indiqué
dans ce texte par la critique célèbre de la relation causale, à
laquelle il est fait allusion.
Toutes les inférences tirées de
l'expérience(« une pierre tombera », « le feu brûlera ») ne
sont que des effets de l'accoutumance(« après mille expé
riences ») et non du raisonnement.
La cause n'est qu'un
objet suivi d'un autre, et dont l'apparition conduit habituel
lement la pensée à l'idée de cet autre objet.
Il ne reste plus de démonstration possible que sur la
quantité et le mouvement (mathématiques).
Encore Hume
pensait-il (d'ailleurs à tort) que les géomètres eux-mêmes
pouvaient tomber dans des contradictions quand, par
exemple, ils abordaient la notion d'infiniment petit.
Hume conclut à une définition très modeste de lq_,philo
sophie dont le pouvoir critique se trouve limité aux réfle
xions sur la vie courante.
Quelques pages plus loin, Hume
propose brutalement de jeter au feu les livres de théologie
et de métaphysique qui ne contiennent pas de raisonne
ments mathématiques ou expérimentaux..
»
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