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Un savoir sur l'homme peut-il être séparé d'un pouvoir sur les hommes ?

Publié le 27/02/2008

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Le phénomène économique est exemplaire à cet égard, mais d'autres domaines de la recherche exercent de manière plus diffuse une influence. Ainsi, les techniques publicitaires bénéficient des apports de la psychologie et de la psychanalyse. Même des pratiques comme la torture tirent profit de découvertes médicales. On ne peut que renvoyer, pour des analyses plus détaillées, à des ouvrages qui illustrent l'apport des technologies nouvelles aux mécanismes de domination et d'assujettissement : Le système totalitaire de H. Arendt ou, dans le domaine romanesque, le célèbre 1984 de G. Orwell. La tyrannie contemporaine tire, des recherches scientifiques, les moyens d'une efficacité accrue, que ce soit pour la propagande, l'endoctrinement, ou les techniques de contrôle. c) Vers une conjonction des deux notions Il faut se demander alors si l'objectif désintéressé, affiché par les sciences humaines, n'est pas un leurre ou une méconnaissance. Il y a quelques années, un praticien de la géographie écrivait : « la géographie, ça sert d'abord à faire la guerre ». On pourrait étendre cette remarque à d'autres disciplines.

« ou, dans le domaine romanesque, le célèbre 1984 de G.

Orwell.

La tyrannie contemporaine tire, des recherchesscientifiques, les moyens d'une efficacité accrue, que ce soit pour la propagande, l'endoctrinement, ou lestechniques de contrôle. c) Vers une conjonction des deux notionsIl faut se demander alors si l'objectif désintéressé, affiché par les sciences humaines, n'est pas un leurre ou uneméconnaissance.

Il y a quelques années, un praticien de la géographie écrivait : « la géographie, ça sert d'abord àfaire la guerre ».

On pourrait étendre cette remarque à d'autres disciplines.

L'usage de pratiques sociologiques, aussianodines en apparence que le sondage, deviennent des outils politiques redoutables.

De là une question qui se pose: la distinction entre le savant et le politique a-t-elle un fondement, ou n'est-elle qu'un effet d'illusion ? 3 - Circularité du pouvoir et du savoir a) « L'archéologie » du savoirNous sommes redevables aux analyses de Michel Foucault de la première approche systématique du statut dessciences humaines dans le champ de nos connaissances.

En étudiant la genèse de ce type de disciplines, il a pufaire apparaître la réciproque implication de l'une et l'autre sphère : les mécanismes de pouvoir, et la possibilité denouveaux savoirs. b) Circularité des deux sphèresDans une étude sur la Naissance de la prison qui s'intitule Surveiller et punir, M.

Foucault montre que ledéveloppement au XIXe siècle, de ce qu'il appelle des « disciplines », c'est-à-dire des méthodes de dressage desindividus, a permis une surveillance plus étroite, maïs aussi la naissance de nouvelles formes de connaissances surles individus ainsi surveillés : « L'hôpital d'abord, puis l'école, plus tard encore l'atelier n'ont pas été simplement misen ordre par les disciplines ; ils sont devenus, grâce à elles, des appareils tels que tout mécanisme d'objectivationpeut y valoir comme instrument d'assujettissement, et toute croissance de pouvoir y donne lieu à desconnaissances possibles ; c'est à partir de ce lien, propre aux systèmes technologiques, qu'ont pu se former dansl'élément disciplinaire la médecine clinique, la psychiatrie, la psychologie de l'enfant, la psychopédagogie, larationalisation du travail ».Cette analyse de Foucault met en lumière le lien intime entre pouvoir et savoir, il fait apparaître le même soclecommun à l'un et à l'autre, et l'implication réciproque qui les unit. c) La dépendance du savoirAu terme de cette analyse très sommaire de l'évolution des sciences humaines, à laquelle il faudrait ajouter desréflexions d'auteurs comme Habermas, par exemple, sur les sociétés avancées, se pose le statut exact de laconnaissance dans les sciences humaines.

Le projet même des sociétés occidentales, fondé sur une maîtrise desforces naturelles par la technique contient en germe, également, la maîtrise des individus par les mêmes voies.Toute une partie de la pensée contemporaine considère cette confusion du savoir et du pouvoir comme difficilementévitable, et dénonce la prétendue neutralité de la science comme une illusion.

Il est de fait que le projet de maîtriserla nature rend aléatoire la sauvegarde d'un domaine particulier.

Les sciences humaines, en étendant la capacité desavoir à l'homme lui-même, l'englobent dans son projet de domination, et il semble difficile d'échapper à cettelogique.

Il faut relire, ici, les réflexions de Marcuse dans L'homme unidimensionnel. Conclusion L'implication du savoir et du pouvoir dans nos sociétés semble difficilement évitable.

Le discours critique, aujourd'hui,s'efforce de penser la dissociation, ressentie comme nécessaire, entre les deux domaines.

Mais il ne semble guèreque cette séparation puisse être envisagée hors d'une vision utopique des problèmes.. »

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