Un philosophe peut-il être un homme de son temps ?
Publié le 26/07/2009
Extrait du document
- I PARTIE – NON. LE PHILOSOPHE EST L'HOMME DE L'ÉTERNITÉ
- II PARTIE – NON. LE PHILOSOPHE REFUSE SON TEMPS
«
de l'époque à laquelle on appartient, c'est faire partie de la foule anonyme, se fondre dans ce « monde de l'on » quedécrit Heidegger, alors il est clair que le philosophe, lui, est par « métier » en retrait de son temps.
En effet, la philosophie est une entreprise critique.
Deux explications :
B – La philosophie est critique de l'opinion
- Elle est critique des « vérités » admises, des réponses que l'époque considère comme satisfaisantes.
L'exigence devérité, le questionnement perpétuel conduisent le philosophe à dépasser les opinions, les idées de son époque.Platon insiste sur cette critique de ta doxa.
C - La philosophie, critique des opinions communes
- Elle est aussi critique des valeurs établies.
L'exigence de sagesse pratique, ou l'exigence morale, conduit lephilosophe à juger le type d'existence de ses contemporains.
Le philosophe, qui pense ce qui doit être, est par làmême amené à refuser ce qui est ; donc son temps.
Ainsi, Rousseau s'élève violemment contre les moeurs de sa société et le geste symbolique de se défaire de samontre nous montre bien qu'en un sens le philosophe refuse le temps dans lequel il vit.
Transition
Le philosophe, critique de son temps, ne saurait donc appartenir totalement à son époque.
Est-ce à dire qu'il ne vitaucunement avec elle ?
III PARTIE – EN QUEL SENS LE PHILOSOPHE EST L'HOMME DE SON TEMPS
A – Mais le philosophe appartient t son époque
Pour Hegel, iI est clair qu'if faut répondre par la négative à cette question.
« Tout individu est fils de son temps ».Un philosophe, quel que soit son désir de s'affranchir de la pensée et de la morale collectives, reste tributaire de sonépoque et de son héritage.
C'est pourquoi on ne peut détacher une philosophie et un philosophe de leur époque.
Onne peut donc non plus, selon Hegel, séparer la philosophie de son histoire.
Tout système philosophique esthistorique, inscrit dans une époque dont il reflète, même si c'est pour la dépasser, la mentalité.
Ainsi Aristote,innove en philosophie, Il pense, contre son temps, autrement que la conscience commune et la traditionplatonicienne, Mais, inscrit dans son temps, il reste bien tributaire de ses catégories intellectuelles et sociales et neParvient, par exemple, pas à remettre en cause la nécessité de l'esclavage.
En effet, pour Marx, la suprastructure d'une société, c'est-à-dire l'ensemble des activités de la conscience, desphénomènes culturels, qui se déploient dans cette société, n'est que le reflet de son infrastructure, c'est-à-dire desa réalité matérielle : les processus économiques.
La conscience reflète le monde concret.
Le philosophe donc,pense ce qui est à son époque, avec les structures intellectuelles qui sont celles de son époque.
Il reste un enfantde son temps, non pas cependant, comme nous l'avons montré dans la première partie, un enfant docile et soumis,mais bien plutôt comme un adolescent en rébellion.
B – Le philosophe vit avec son temps dans la mesure où il le dépasse
En effet, par sa double exigence de vérité et de sens, le philosophe veut dépasser son temps.
Mais commentconcilier en lui ces deux aspects qui, à première vue, semblent contradictoires : son ancrage, en tant qu'individu, dans on époque.
et sa vocation, en tant que philosophe, à l'éternité ?
Les réflexions de Hegel sur le « grand homme » en histoire peuvent ici nous éclairer.
Le grand homme, le personnagedont on dit qu'il « fait l'histoire » est celui qui a une conscience claire des exigences de son peuple.
Il veutconsciemment ce que son époque exige sans le savoir.
II en est de même pour le philosophe.
Tout philosophe,désireux, selon l'étymologie, de vérité, donne forme à cette vérité qu'if recherche en fonction des besoins et des attentes de son temps.
Ainsi, dans la société de l'Ancien Régime, existait un malaise diffus.
Rousseau, homme deson temps, éprouve comme un autre ce malaise.
Mais, philosophe, iI remonte à sa source : « l'inégalité parmi leshommes ».
Ainsi, il développe l'idée d'une liberté et d'une égalité inaliénables des hommes.
Par là même, il s'émancipede son temps, il le dépasse et annonce la Révolution.
Le philosophe n'est donc pas totalement en dehors de son temps ni indifférent, et ne saurait l'être.
Certes, il prendses distances par rapport au monde dans lequel il vit.
Mais c'est dans l'espoir de faire changer les choses et leshommes.
Le philosophe veut, comme le grand homme à son insu, faire avancer son temps.
II vit donc dans sontemps, mais, à la différence de la masse, de manière active.
Il est même, plus qu'un autre, un homme de son temps.
C – Le philosophe participe à la vie de son terne
Telle est l'idée qui nous est donnée dans l'allégorie de la caverne.
Le philosophe, détaché de ses chaines, est sortide la caverne, il a accédé au monde éternel des Idées.
Mais, Platon nous le précise bien, il a le devoir de redescendre dans la caverne, car il a le devoir d'éclairer et de conduire ses anciens compagnons.
Ainsi, Platon, connaissant la Cité idéale, devient le conseiller de Denys l'Ancien.
Le projet d'éclairer le peuple est le même qui.
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