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Un philosophe est-il un homme de son temps ?

Publié le 17/01/2022

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2. Le philosophe s'élève au-dessus de son temps
A. Le philosophe n'est pas l'esclave de l'instant.
Cette appartenance à son temps du philosophe n'est cependant pas celle de l'homme ordinaire. La philosophie introduit en effet un rapport au temps qui n'est plus celui de la simple immédiateté.
En quel sens un philosophe appartient-il à son temps? Cette question se pose si l'on compare une figure philosophique comme celle de Sartre, engagé dans les luttes et les combats de l'après-guerre, à celle de Spinoza, qui vécut en reclus, polissant des verres de lunettes afin de subvenir à ses besoins et consacrant son existence à l'élaboration de son oeuvre. La question de l'appartenance du philosophe à son temps n'est pas seulement celle de l'historicité de sa pensée : il s'agit en effet principalement de savoir si le philosophe peut et doit d'abord être compris comme un homme de son époque, ou si cette époque n'est pour lui qu'un sujet parmi d'autres qui alimenterait sa réflexion. La philosophie étant ainsi essentiellement réflexive, le philosophe dépasse par sa pensée son époque et ne peut être dans celle-ci comme un poisson dans l'eau. C'est en faisant de son temps un problème philosophique qu'il peut ainsi surmonter son époque et ne plus dépendre simplement d'elle. Si le philosophe est toujours de son temps en quelque façon, il s'élève au-dessus de celui-ci comme la connaissance de l'universel s'élève au-dessus du singulier: de la sorte, le philosophe ne peut être de son temps qu'en s'opposant à lui.  

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« temps, sans être simplement de son temps, le philosophe est pleinement à son temps. 2.

Le philosophe s'élève au-dessus de son temps A.

Le philosophe n'est pas l'esclave de l'instant. Cette appartenance à son temps du philosophe n'est cependant pas celle de l'homme ordinaire.

La philosophieintroduit en effet un rapport au temps qui n'est plus celui de la simple immédiateté.

Je ne suis plus soumis au tempsqui passe lorsque je me mets à philosopher.

L'homme qui passe sa vie sans faire retour à soi est englué dansl'instant.

Cette «actualité» n'est plus l'actualité de l'acte, de la puissance réalisée, mais le flux des événements quinous emporte.

Nous sommes alors embourbés dans cette actualité, pris en elle sans pouvoir lui échapper.

Aucontraire, le philosophe s'élève par sa pensée au-dessus du cours des événements s'il leur donne son assentiment,ce n'est pas parce qu'il y serait contraint, parce qu'il serait enchaîné à son temps.

La réflexion qui constitue lepropre de la philosophie m'arrache à l'immédiateté du temps: je m'élève par la science, par la connaissance au-dessus de l'opinion.

L'homme ordinaire est précisément celui dont on mesure l'opinion (par le sondage), et l'opinionn'est que le reflet de la mode, cette forme particulière d'existence dans l'instant, où l'on est esclave du moment. B.

L'éternel. La philosophie est en effet ce mouvement par lequel je m'élève de l'opinion àla connaissance.

Ce mouvement est celui-là même par quoi je dépasse lesingulier pour accéder à l'universel : le temps est en effet l'élément de lasingularité, tout événement est singulier.

Être de sontemps, «à la mode», c'est rester dans la particularité d'où nous fait sortir laphilosophie.

Le philosophe s'arrache aux contingences de son existence dansle temps pour découvrir l'universel.

L'universel n'est en effet d'aucun temps.Si philosopher, c'est, depuis Socrate, apprendre à mourir, la philosophie nouspermet de découvrir l'essence de notre âme: notre vie temporelle nousmasque notre destination, l'éternel. Le corps est letombeau del'âme (Cratyle) La théorie de la réminiscencestipule que c'est en s'incarnantdans le corps que l'âme oublie laconnaissance des idées acquisedans un autre monde.

C'est doncen se délivrant du corps que l'âmeretrouvera pleinement son pouvoirde connaissance.

Ce méprisclassique du corps sera interprétépar Nietzsche comme un mépris dela vie.Plus généralement, la philosophieest accès à l'intelligible et doncrefus du sensible.

Philosopher,c'est apprendreà mourir ausensible(Phédon) La connaissance n'est en cela d'aucun temps.

C'est ce qu'exprime Aristote dans sa formule célèbre de la fin del'Éthique à Nicomaque: « Il ne faut donc pas écouter ceux qui conseillent à l'homme, parce qu'il est homme, deborner sa pensée aux choses humaines, et, mortel, aux choses mortelles, mais l'homme doit, dans la mesure dupossible, s'immortaliser, et tout faire pour vivre selon la partie la plus noble qui est en lui.

» La contemplation, c'est-à-dire la philosophie, nous élève au-dessus du temps et nous fait accéder à l'immortalité, à l'éternité; l'exercice dela pensée nous libère de notre condition temporelle. C.

La philosophia perennis comme connaissance rationnelle. La distinction classique des connaissances historiques et des connaissances rationnelles se fonde sur celle desconnaissances fondées sur l'expérience (histoire, mais aussi physique ou biologie) et de celles fondées sur l'usage apriori de la raison.

La philosophie est ainsi, comme les mathématiques, une connaissance rationnelle.

Comme lesmathématiques, la philosophie est indépendante du temps.

En ce sens, la philosophie de Platon échappe àl'historicité : elle a été écrite au IVe siècle, mais elle vaut pour quelque époque que ce soit, comme philosophiaperennis, philosophie pérenne, destinée à se perpétuer.

Les conditions matérielles de son écriture (la biographie dePlaton, le contexte historique de la Grèce ancienne) sont contingentes, elle ne se fonde pas sur une expérience quipourrait l'infirmer.

On peut certes étudier historiquement Platon, mais on ne fera pas de la philosophie, seulement dela philologie, de l'histoire: on restera extérieur à la pensée de Platon.. »

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