Un philosophe a écrit : « Tout état psychologique, par cela seul qu’il appartient à une personne, reflète l’ensemble de la personnalité. » Expliquez et dites ce que vous en pensez.

« 74 PSYCHOLOGIE a) Il y a bien des variétés d'intelligence suivant que l'on est pure­ ment intellectuel ou lJien plus ou moins affectif ou plus ou moins volon­ Laire.

Le processus de la pensée diffère Eensihlement de l'iutuitif ou de l'imaginatif au déductif raisonnant sur des abstractions.

Dans les juge­ ments, comme dans le style d\s propositions qui les expriment, toul llwmme peut apparaître.

b) L'affeclidté prend des formes innombrables : elle sera tantôt sen­ suelle et tantôt sentimentale, tantôt consciente et raisonneuse el tantôt inconsciente et aveugle, tantôt passive ct rheuse et tantôt agissante.

Dans nos sentiments nous pouYons apercevoir comme un reflet de toute notre vie il)térieure.

c) La volouté enfin préscute des modalités bien diverses.

JI y a la -volonté brule du têtu qui va devant lui sans ,·ouloir rien entendre, parce que, en effet, sa faculté d'entendre est peu développée; au coulraire, celui qui comprend trop bien toutes choses aura, dans son activité, une allure sourie et parfois hésitante.

L "émotif fera des cc coups de tète J> et le passionné ne sera arrèl é par aucune difficulté.

L "intelligence el l'affectiYité sc reOètcnt dam; notre mode d ·agir.

B.

Les autres éléments de la personnalité, d'àutre part, se signalent dans noire vie psychique par un reflet qui leur est propre.

a) L'organisme commande les états affectifs : Descartes 1 'avait déjà montré duns son Traité des Passions ct la psychologie moderne a bien confirmé ses intuitions.

"'ous savons aussi combien l'activité volontaire est conditionn0c par J"état organique : la Jlarcssr• rle J"adolescent n'est souvent rJIIC le ré,;ultat d'une crise de croissance.

Enfin, l'allure de la pensée est profondément influencée par le physique : bien parlant, Amiel aurait été moins rê,·eur ct Pascal eût sans doute été plus dogmatique.

b) :'iolre personnalité sopiale déteint sur les acles les plus intimes de notre Yic psychologique : sur nos penoées, que la profession oriente, leur faisant subir une déformation; sur nos sentiments (qu'on se représente, durant lu guerre, un officier ayant sous ses ordres un de ses amis intimes), sur nos décisions volontaires, qui sont dans une t.I'ès grande mesure com­ mandées par les exigences de notre fonction sociale.

C.

~ormalement, les diverses personnalités que l'analyse disœrne net­ tement chez certains individus et plus ou moins en tout homme exercent leur action sur la plupart de nos· états psychiques.

a) Sans doute, il est (ou plutôt il fut) des cas d'a1ternance, dans le mème individu, de personnalités paraissant absolument étrangères 1 'une à l'autre : la triste Félida des états normaux ne se reflète pas dans la même Félida durant ses états seconds.

Mais la réalité de ces faits paraît aujourd'hui hien douteuse et on les considère comme des produits de la suggestion : depuis que les médecins se défient d 'eux-mèmes et de leurs malades, ils ne se reproduisent plus.

b) Il est \Tai aussi que la personnalité se modifie avec l'âge : elle change comme instantanément quand on passe d'une fonction sociale à l'autre (officier, père de famille, homme du monde ...

); une personnalité de rêve poursuit, en marge de la personnalité rtlelle, une existence chimé­ rique plus ou moins inconsciente (petite employée qui vit ses romans).. »