Un penseur contemporain a écrit : « Il n'y a pas deux ou plusieurs formes de raisonnement. Le raisonnement est déductif ou il n'est pas. » Que pensez-vous de cette affirmation ?

Introduction. — Il est assez courant de distinguer deux ou même trois formes de raisonnement : la déduction, l'induction auxquelles on ajoute parfois l'analogie qui n'est qu'une forme d'induction plus complexe. Au contraire, certains logiciens ne veulent retenir qu'une forme de raisonnement, la déduction ; pour eux, suivant la formule d'un penseur contemporain, « le raisonnement est déductif ou il n'est pas «. Que faut-il penser de cette opinion ? I. — LA NOTION DE RAISONNEMENT En réalité le mot de raisonnement est pris dans deux acceptions assez différentes. A. Au sens large, « raisonnement « est synonyme de « pensée discursive « et s'oppose à « intuition «. L'intuition atteint l'objet de connaissance directement, sans intermédiaire : par exemple, je vois que ma montre marque six heures ; le mathématicien constate l'égalité d'angles opposés par le sommet. Lorsque l'intuition est impossible on a recours à la pensée discursive ou « discours «, qui consiste à parvenir à la connaissance d'un objet dont on n'a pas l'intuition en passant par l'intermédiaire d'objets en rapport avec lui qui peuvent être connus intuitivement : ainsi, sans voir le cadran de l'horloge de la maison, je puis savoir, grâce à la sonnerie, qu'il marque six heures ; le géomètre, bien qu'il ne perçoive pas intuitivement l'égalité de deux angles, peut savoir qu'ils sont égaux s'il voit que chacun d'eux est égal à un même troisième. Ainsi compris, le raisonnement consiste à tirer d'une connaissance donnée immédiatement une connaissance nouvelle.