Un historien de la littérature française écrit : « La Bruyère, dans ses Caractères, imite bien les grands moralistes classiques, mais il innove par les raffinements et les nouveautés de son style, par le souci du détail concret, par les portraits et la peinture des moeurs contemporaines. » Illustrez et commentez, en donnant des exemples.
Publié le 27/03/2009
Extrait du document
« La Bruyère, remarque Taine, n'apporte aucune vue d'ensemble, ni en morale, ni en psychologie. « Si on le compare aux grands moralistes qui l'ont précédé, on voit que Montaigne, La Rochefoucauld, Pascal ont eu une manière originale de juger la vie; chacun d'eux voit les actions humaines dans une face qu'on n'avait pas encore aperçue. De plus, La Bruyère ne découvre que des vérités de détail. Il tente mille sentiers, il ne fraye pas de route... « Jugement auquel La Bruyère lui-même eût souscrit : « tout est dit et l'on vient trop tard, écrit-il au début de son livre ; sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l'on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes «. Mais, après tout, cette modestie est peut-être une habileté : pour donner beaucoup, il ne promet que peu. L'apport de La Bruyère est très riche, en tant qu'observateur de l'homme et de la société, même s'il est vrai que cette observation ne vaut que par le détail. Au point de vue de la forme il est très original, il a vraiment créé un style.
- Début. — La Bruyère n'apporte pas de vues nouvelles, mais son observation de détail est précieuse. Elle complète admirablement la peinture de l'homme que nous trouvons chez ses grands devanciers : Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld. Son style est très neuf.
- 1. Son idée de l'homme est celle de la philosophie traditionnelle à son époque. Il dénonce les mêmes vices et les mêmes travers que ses prédécesseurs, mais s'attache au détail.
- 2. Son innovation consiste dans les portraits. Ceux-ci sont très vivants : ils s'adressent à notre imagination. La Bruyère peint l'homme physique et suggère ainsi le moral.
- 3. Il s'intéresse à tous les aspects de la vie sociale, la cour, la ville et même la province, le peuple.
- 4. Son style est très neuf : richesse de son vocabulaire, variété des formes de style, des tours de phrases.
- Conclusion. — La Bruyère crée un genre nouveau, souvent imité depuis.
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