Un don de Dieu aux hommes ? de J. LOCKE
Publié le 09/01/2020
Extrait du document
En dotant l'homme de la capacité de penser, Dieu l'a créé à son image : telle est la croyance commune à la plupart des philosophes dont la pensée s'inscrit dans la tradition judéo-chrétienne. Mais ressembler à Dieu ne veut pas dire lui être identique. À chacune des espèces, le Créateur a donné de surcroît les moyens de sa survie.
Dieu ayant fait l’homme pour être une créature sociale, non seulement lui a inspiré le désir, et l’a mis dans la nécessité de vivre avec ceux de son espèce, mais de plus lui a donné la faculté de parler, pour que ce fût le grand instrument et le lien commun de cette société. C’est pourquoi l’homme a naturellement ses organes façonnés de telle manière qu’ils sont propres à former des sons articulés, que nous appelons des mots. Mais cela ne suffisait pas pour faire le langage : car on peut dresser les perroquets et plusieurs autres oiseaux à former des sons articulés et assez distincts ; cependant ces animaux ne sont nullement capables de langage.
Il est donc nécessaire qu’outre les sons articulés l’homme fût capable de se servir de ces sons comme signes de ses conceptions intérieures, et de les établir comme autant de marques des idées que nous avons dans l’esprit, afin que par là elles pussent être manifestées aux autres, et qu’ainsi les hommes pussent s’entrecommuniquer les pensées qu’ils ont dans l’esprit.
John Locke, Essai philosophique concernant rentendement humain (1690),
III, chap. 1, §§ 1 et 2, trad. M. Coste, «Librairie philosophique», Vrin, Paris, 1972.
«
conditions la connaissance est possible ...
), le philosophe
anglais John Locke rencontre inévitablement non seulement
l'existence, mais la nécessité du langage.
Il semble en effet
évident que les mots* sont le véhicule obligé de ces idées*
dont il cherche à identifier l'origine.
Mais l'intérêt majeur de
ce petit texte réside dans la façon dont le raisonnement pro
cède: l'évidence des liens entre langage et pensée y appa
raît non pas comme origine de la faculté de parler, mais
comme conséquence nécessaire de l'existence de cette
faculté.
Le philosophe anticipe à sa façon sur les réponses
scientifiques (cf.
textes 2 et 3) qui seront apportées beau
coup plus tard à la question de l'origine du langage: Dieu en
l'occurrence - mais l'explication vaudra même pour ceux
qui ne recourent pas à l'hypothèse d'un créateur - a «fait
l'homme pour être une créature sociale>>; c'est donc parce
qu'ils doivent communiquer* pour survivre que les hom
mes disposent du langage, et non l'inverse.
L'argument des liens entre aptitude à parler et aptitude à
penser est d'un autre ordre : il faut disposer d'un langage pour
pouvoir communiquer et s'organiser, et dans le cas des hom
mes, créatures douées de pensée, il faut en plus que les
signes* qui constituent ce langage soient susceptibles de
traduire non seulement des besoins, mais aussi des « con
ceptions intérieures».
Le même argument permet d'exclure
les autres animaux de l'ordre du langage (entendu comme
oral et articulé) ; les perroquets par exemple, qui disposent
d'organes rendant possible l'émission de« sons articulés et
assez distincts», n'émettent de tels sons que dans la mesure
où ils ont été correctement dressés, jamais par volonté ni
par nécessité (voir aussi texte 4)..
»
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