Umberto Eco l'oeuvre ouverte - explication de texte
Publié le 14/11/2020
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Philosophie
Umberto ECO, L’œuvre ouverte (1962)
Ce texte est extrait de l’œuvre ouverte d’Umberto Eco, philosophe et écrivain italien du XXème siècle. Le texte porte sur la notion d’art, plus particulièrement de l’œuvre d’art et des différentes possibilités d’interprétations qu’il existe, entre l’interférence du consommateur avec l’œuvre que crée l’artiste. La question à laquelle l’auteur cherche à répondre dans ce texte est de savoir si, c’est l’artiste qui donne le sens à l’œuvre d’art, ou bien le public. L’auteur défend la thèse selon laquelle même si une œuvre d’art est dite « achevée », cette même œuvre est en réalité « ouverte », en raison de multiples interprétations que peuvent apporter la sensibilité et l’intelligence de chaque consommateur, sans que la particularité et la singularité de cette même œuvre soit controversée et affectée. Pour soutenir cette thèse, l’auteur commence par indiquer que les artistes parlent de « l’achèvement » et de « l’ouverture » de l’œuvre d’art au moment de sa consommation (le rapport entre le public et l’œuvre d’art). Eco indique ensuite, en quoi une œuvre est d’un côté « achevée » dans le sens où l’artiste veut que son œuvre soit comprise telle que lui l’a souhaité et envisagé. Mais, il indique d’un autre côté que face à l’intelligence et les sensations différentes des consommateurs, chaque consommateur va comprendre et interpréter l’œuvre d’une façon personnelle, et que ce phénomène est manifestement le propre d’une œuvre d’art, qui réside dans le fait qu’elle se doit d’être comprise de différentes manières, sans jamais la modifier. Puis il termine en disant que dans cette perspective, chaque œuvre d’art, même si elle se veut « achevée », est en réalité « ouverte », sans qu’elle soit altérée, et que consommer une œuvre d’art est l’équivalent de l’interpréter d’une façon nouvelle et propre à chacun.
Tout d’abord nous pouvons définir la notion d’art, à savoir que cette notion est très vaste mais qu’ici nous allons logiquement emprunter le sens artistique et soutenir qu’une œuvre d’art est une œuvre produite par l’homme conformément à une visée esthétique (liée à la recherche de la beauté) et qui ne vise aucune utilité pratique.
Reformulation : Tout d’abord, le texte s’ouvre sur une affirmation « les esthéticiens parlent parfois de « l’achèvement » et de « l’ouverture » de l’œuvre d’art » au moment où cette même œuvre est livré au public, c’est-à-dire au moment de la « consommation » de l’œuvre. En d’autres termes, Eco entend par « achèvement » et « ouverture », respectivement deux rapports ambivalents à la consommation de l’œuvre, soit l’œuvre est « achevée » dans l’optique où l’artiste a fixé les possibilités d’interprétation ainsi que le sens, ou alors cette œuvre est « ouverte », et offre une pluralité de potentialités d’interprétations du public, du consommateur. Ces deux ambivalences permettent donc d’éclairer le processus de consommation de l’œuvre, c’est- à-dire le rapport que le public a avec l’objet esthétique et non pas son sens premier, qui amènerait à la « destruction » de l’œuvre, suite inévitable de sa consommation et de la destruction de sa valeur. Ici l’objet esthétique n’est pas transformé par la consommation en quelque chose qui n’est manifestement plus consommable mais au contraire une pluralité d’interprétations si elle est ouverte afin de mettre fin à la passivité de la « consommation » dans son sens premier mais pour mettre en relief l’effort du lecteur, son intelligence et sa sensibilité pour qu’il puisse apprécier l’objet esthétique.
Justification : Quelles sont les ambivalences concrètes, les ambiguïtés existantes dans la notion de consommation, soit le rapport entre l’homme et l’œuvre ?
Tout d’abord nous utiliserons le terme de « consommateur » pour désigner le public et non pas comme une connotation péjorative de ce dernier mais bien dans le sens de l’individu qui va rentrer en
«
en contact avec une œuvre d’art.
Pour illustrer l’ambivalence de la « consommation » d’une œuvre
d’art, face à la consommation d’un produit uniquement dédié à un autre type de « consommation »,
nous pouvons prendre appui sur une émission de divertissement.
Nous pouvons nous interroger tout
d’abord sur la notion de consommation, qui caractérise le rapport entre l’œuvre d’art et le public.
En
effet, ici, lorsque le public consomme l’émission, catégorisée de divertissement il la consomme dans
le sens où il la détruit, d’une façon que sa consommation, son utilisation détruit sa valeur, l’émission
est transformée et manifestement, n’est plus consommable de nouveau.
En d’autres termes cette
notion de consommation est intéressante dans la mesure où une œuvre d’art ne peut être
consommée que dans le cadre d’une interprétation personnelle qui n’est pas figée, et de plus, ne
détruit pas sa particularité et son authenticité.
C’est-à-dire que le consommateur peut à lui seul
l’interpréter de différentes manières, inlassablement, en faisant appel à son intelligence et à ses sens,
paradoxalement à l’émission de divertissement qui ne mobilise aucune faculté de l’homme, où celui-
ci se laisse abrutir et envahir d’informations inutiles qu’il n’analyse même pas.
D’après Pascal, la
notion de divertissement reste une activité à laquelle l’homme se livre pour oublier sa condition
humaine et donc ne fournir aucun effort humain, soit intellectuel avec une posture passive.
Une
consommation d’œuvre d’art est donc manifestement plus pertinente pour l’homme puisqu’elle lui
permet de rester humain, de mobiliser ses facultés et de débattre ensuite sur les différentes
interprétation de cette même œuvre.
Synthèse : Nous pouvons désigner une œuvre d’art comme « achevée » ou alors comme
« ouverte » lors de la consommation d’une œuvre d’art, soit le rapport entre l’œuvre d’art et le
public.
Reformulation : Dans une deuxième séquence, Eco introduit l’ambivalence de la consommation de
l’œuvre.
En effet, ici le philosophe s’appuie sur la théorie de « l’achèvement » de l’œuvre.
Comme
nous l’avons dit, ce choix d’achèvement revient à dire que l’artiste a fixé le sens et les possibilités
d’interprétations.
Initialement l’œuvre d’art apparait comme le miroir de la personnalité de l’artiste,
de son identité et de la retranscription de sa sensibilité.
Manifestement c’est à travers l’objet
esthétique que les consommateurs vont pouvoir retranscrire, découvrir et comprendre les choix de
l’artiste.
Eco appuie ceci en disant qu’en effet, face à cet achèvement de l’œuvre, le public peut
retrouver « la forme originelle », soit les choix de l’artiste, sa visée, sa volonté en consommant
l’œuvre.
De plus, le public arrive à comprendre la volonté de l’artiste, le sens qu’il a voulu donné à son
objet esthétique à travers « les effets qu’elle produit sur l’intelligence et la sensibilité du
consommateur », une œuvre achevée, se doit aussi de stimuler les facultés de l’homme, toutes ses
capacités qui font de lui un homme à mobiliser pour retrouver la volonté et le message de l’artiste.
L’œuvre d’art fait collaborer la sensibilité (sens et émotions) et l’esprit (possibilité d’interprétation).
Les effets que produisent donc cette œuvre sur les facultés de chaque consommateur excluent les
interprétations personnelles pour conduire à la volonté de l’artiste, à ce qu’il a voulu retranscrire et
faire comprendre.
Dans cette perspective Eco illustre que l’auteur, en choisissant de créer une œuvre
achevée, conduit le consommateur à la comprendre « telle que lui l’a voulue » excluant donc les
possibilités d’interprétations diverses de la part du public.
Justification : 1/ Dans quel contexte l’artiste déciderait-il de ne pas offrir la possibilité au
consommateur d’interpréter personnellement son œuvre d’art mais au contraire de lui imposer son
interprétation tel que lui l’a voulu? 2/Est-ce que certains types d’art nécessitent justement
l’interprétation personnelle de l’artiste afin d’éclairer d’abord le public quant à sa volonté, le sens de
son œuvre ?
1/Prenons le livre « Si c’est un homme » de Primo Levi, dans son œuvre Primo Levi, juif et italien,
est déporté en 1944 dans le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz.
La volonté de.
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